Chapitre 41

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Point de vue Yann

Lorsque je descends de ma moto, j'intercepte les mouvements des gars. Nonchalamment, je glisse les mains dans mes poches et m'avance vers eux alors que Nixon est le premier à me rejoindre.

— Salut. Qu'est-ce qui t'amène si tôt ?

Je fronce du nez et le jauge du regard alors qu'il pousse un soupir.

— Vice-pré... marmonne-t-il.

Depuis que je sous-traite leur garage, les gars ont plutôt intérêt à ne pas oublier qui je suis. Même s'ils sont les amis de Louisa, ça ne change rien au résultat.

Ils doivent me traiter avec le respect de mon titre. Même s'ils ne font pas partie du club, ils ne doivent justement pas oublier qui est au-dessus d'eux.

— Je suis passé voir comment marche les affaires.

Depuis l'incident de Lou, je passe tout mon temps à l'hôpital avec elle et néglige mes devoirs de vice-président. Alex n'arrête pas de me répéter qu'il s'occupe de tout, mais je garde une loyauté toute particulière envers mon garage.

Le club peut survivre sans moi. Mon garage non.

De plus, bien que Louisa me vante les mérites de ses trois amis, je n'arrive pas à oublier tout ce qui est arrivé. Je n'arrive pas à leur faire confiance.

— Tout va bien. On s'est occupés de huit voitures depuis le début de la semaine qui venaient de chez toi, mais le reste est de chez nous. Sinon, rien de particulier.

Je hoche distraitement la tête et regarde autour de moi.

Je peux effectivement voir qu'ils semblent bien occupés, alors qu'il n'est que huit heures du matin. Juan est déjà sous une voiture alors que Kobe a la tête dans un capot. Quant à Nixon, ses bras sont couverts de suie.

Tout semble très bien tourner.

Je devrais être soulagé et heureux, mais une légère curiosité gonfle dans mon estomac.

Je finis donc par m'approcher de la Chevrolet pour donner un coup dessus et attirer l'attention de Kobe. Il se redresse en sursautant et fronce les sourcils, avant de me reconnaître.

Je vois tout de suite les cernes sous ses yeux ainsi que son teint pâle.

Spencer, qui est mes yeux et mes oreilles, m'a fait savoir que sa mère était en centre de désintox et qu'elle avait pour l'instant de bons retours par les docteurs, mais rien de plus.

— Tout va bien, Kobe ?

— Oh, salut, Yann.

Il se racle la gorge et s'essuie les mains sur un torchon avant de m'en tendre une que je serre.

Même si je vois toujours une colère briller dans le fond de ses yeux, il n'a pas l'air de vouloir se venger. Je le comprends.

Il doit en vouloir au club, mais aussi à lui-même, pour tout ce qui est arrivé : la mort de son oncle et de son cousin, la dépendance de sa mère, la douleur, la déception, la blessure de Louisa...

Il sait déjà que nous nous sommes occupés de son oncle et son cousin, même si la demande venait de lui, pourtant... La colère peut remonter de plus loin.

À cause de notre réseau de drogue, son oncle a commencé à en vendre aussi, tout comme sa mère en est devenue accro... Il pourrait nous en vouloir, et au fond, il aurait raison de nous en tenir pour responsable.

Mais il ne cherche pas à se venger bêtement. Il sait contre qui il doit se battre et surtout, contre qui il ne pourra jamais gagner.

Pourtant, il doit encore travailler sur lui-même, parce qu'on voit bien la colère qui anime son regard froid et fatigué.

Black Bikers, Tome 7 : La lynx obstinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant