La musique me vrille le crâne alors que les cris s'intensifient. Je tente d'entendre tout ce qu'ils me demandent, mais je n'y parviens qu'à moitié. Heureusement, le métier m'a appris à lire sur les lèvres.
Trois bières, deux cocas et une bouteille d'eau.
J'ai compris.
Alors, je hoche la tête et commence à préparer la commande pour la poser sur le bar.
Après avoir payé, un autre client arrive. Durant de longues minutes, je dois être partout et n'ai pas le temps de respirer.
Heureusement, au bout d'une heure, ma collègue Georgina arrive et me permet de prendre une pause bien méritée. Pour en profiter pleinement, je me dirige vers les portes arrière, celle que personne ne peut franchir en dehors des membres du club... et vais m'enfermer dans une chambre privée.
Un endroit chaud et intime, insonorisé et loin des clients : un bout de paradis.
Je ne me risque pas à m'asseoir sur le lit, consciente de ce qu'il s'y passe, mais me laisse tomber dans un canapé. Même si je sais qu'il est fortement probable que ce canapé ait été un lieu de débauche... Je m'abandonne dans le moelleux et le calme de la pièce.
Ça fait un bien fou.
Je pousse un long soupir en fermant les yeux et m'étire de tout mon long jusqu'à sentir mes muscles se délier.
La sensation est libératrice et je reste ainsi de longues minutes.
Jusqu'à ce que la porte s'ouvre, alors que j'ai le souvenir de l'avoir fermé à clef, et je n'ai pas le temps d'intervenir que plusieurs personnes entrent et envahissent mon havre de paix.
Il ne faut que quelques secondes pour réaliser ce qu'il se passe. Je suis bientôt confrontée à une véritable partouze devant moi, entre un homme et quatre femmes.
Un seul homme pour autant de femmes ?
À quoi ça sert ?
Je suis tellement surprise que je ne dis rien et les fixe simplement entrer dans la chambre jusqu'à ce que deux filles basculent sur le lit et retirent leur tee-shirt.
Les deux autres sont pendues autour du cou de l'homme et je ne peux m'empêcher de regarder. C'est assez inédit pour moi. Je ne m'attendais pas à ça.
— Tu as invité une nouvelle ?
Il me faut quelques secondes pour comprendre que l'une des filles m'a vu et parle de moi. Aussitôt, je me ressaisis et rougis en détournant le regard. Je sens l'attention qu'ils me portent tous et tente de me cacher dans le fond du canapé.
— Mais c'est la barmaid, non ? intervient une autre.
Je perds le peu de couleur qu'il me restait alors que mon identité est ainsi mise à nu. Autant que les seins des deux filles sur le lit.
— Tu veux nous rejoindre ?
Je secoue la tête en me levant du canapé pour me diriger vers la porte sans oser croiser leur regard.
— Ma pause est finie. Euh... Amusez-vous... bien ?
Je mords ma langue et agrippe la poignée alors que la voix de l'homme se démarque au cœur de toutes ces voix féminines.
— Si tu veux nous rejoindre à la fin du service, je peux te réserver une place.
L'audace et le culot dont il fait preuve me font froncer les sourcils, et je ne fais que le fusiller du regard en ouvrant la porte.
— Non, merci. Je passe mon tour.
— Ça marche. N'hésite pas si tu veux pour la prochaine fois ! Je peux te laisser un ticket.
Je ne réponds rien alors que je croise son regard en sortant.
Deux grands yeux vert brillant et emplis d'effronterie et d'amusement. Un grand sourire. Des longs cheveux attachés en un chignon brouillon. Espiègle et fier...
Heureusement, je ne me laisse pas avoir et claque la porte. Mais j'ai le temps de voir son clin d'œil avant qu'il ne disparaisse de mon champ de vision.
Il semble être tout ce qu'il faut éviter.
Mais surtout... Tout ce que je sais adorer.
ig : juciebg_
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Black Bikers, Tome 7 : La lynx obstinée
RomanceÀ Whitesboro, les Black Bikers seront pour toujours la loi. Louisa Hartman est une femme indépendante et forte. Elle a tout fait pour avoir sa propre vie du haut de ses trente-quatre ans, elle n'a plus rien à envier à qui que ce soit : propriétaire...