Chapitre 42

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Point de vue Louisa

Ses mains me maintiennent alors que je pose mes pieds sur le sol et grimace en sentant mon abdomen me tirer. Comme s'il sentait ma douleur, il grimace aussi en s'immobilisant.

— Ça va ?

Je hoche la tête en prenant une longue inspiration, puis, avance mon pied.

La douleur me fait plus peur que mal, au fond, alors il suffit que je me contrôle et j'arrive à marcher.

— Tu peux me lâcher.

Il secoue la tête, comme s'il ne pouvait pas, et je ris en appuyant sur ses mains.

— Je vais bien. Vraiment. Tu peux me lâcher.

Alors, il finit par retirer ses mains et j'avance seule à travers ma petite chambre d'hôpital. La rééducation est plus longue que je le pensais pour une simple blessure à l'abdomen, mais j'y arrive doucement, mais sûrement.

Je retrouve confiance dans mon propre corps.

La balle a traversé deux de mes côtes. Je prends donc un temps fou à pouvoir marcher sans ressentir de douleur. Heureusement, les os n'ont pas causé trop de dommage lorsqu'ils ont tout simplement explosé. Non, en réalité, heureusement que c'était la docteure Gray qui s'est occupée de l'opération. Elle est tellement incroyable qu'elle a réussi à tout rétablir.

Avec autant de bouts d'os éparpillés partout, l'opération a été rallongée, mais aujourd'hui, je me sens mieux. Ça remonte déjà à deux semaines et je réussis enfin à me lever sans aide de personne, même si Yann me suit partout et s'assure de chacun de mes mouvements.

Ça me fait du bien qu'il soit là et me soutienne.

— Comment tu te sens ?

Je souris en me retournant vers lui et lève doucement mes mains en l'air pour voir jusqu'où je peux tirer maintenant. J'arrive à les lever un peu au-dessus des épaules... Je progresse.

— Je vais bien, souris-je. Arrête de t'inquiéter, tu vas perdre tes cheveux.

Il fronce du nez alors que je reviens vers le lit et refais un nouveau trajet jusqu'au mur.

— On peut sortir ? Il faut que je voie l'extérieur, je vais devenir folle.

— Tu es sûre que ça va aller ?

Je hoche la tête et jette un petit regard vers mon déambulateur. Contre ma propre volonté, je grogne et fais signe à Yann de le prendre. Au cas où je sois fatiguée.

Puis, enfin, on sort de la chambre et on traverse le couloir. Je suis plutôt lente, plus par peur que par douleur, mais au bout de quelques mètres, je retrouve une certaine confiance qui me permet d'accélérer.

On accède rapidement à la terrasse du troisième et je m'approche du bord pour m'appuyer contre les rambardes et prendre une longue inspiration de l'air frais.

— Ça fait du bien ?

Je hoche la tête, les yeux fermés, le visage levé vers le soleil.

— Je vais devenir folle, Yann. Quand est-ce que je sors d'ici ?

— Il faut encore quelques jours pour surveiller tes points et ta rééducation et après on rentre à la maison.

Je soupire.

Quelques jours...

Mais j'oublie tout ça pour me concentrer sur le vent sur mon visage et en profite pour souffler.

L'angoisse et la peur me quittent doucement, alors que la vraie vie me rattrape. Je suis encore en vie et je vais bien. C'est encore étrange pour moi.

Après mon agression dans la ruelle, j'avais la sensation d'être morte. Après ma blessure par balle, j'ai l'impression d'avoir survécu.

Black Bikers, Tome 7 : La lynx obstinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant