Black Bikers, Tome 7 : La lynx obstinée

Chapitre 8

Point de vue Louisa

Je n'étais pas encore venue au garage des garçons depuis qu'ils l'ont aménagé. Il est bien plus petit que celui de Yann, avec la place pour deux voitures à l'intérieur. Les garçons nous guident donc sur quelques mètres jusqu'à ouvrir une porte qui débouche sur une petite salle de déjeuner.

— On n'a pas encore de bureau. On pensait à faire construire en extérieur, mais on ne sait pas trop si ça va être possible... Alors pour l'instant, on se contente de la salle de pause.

— C'est parfait.

La gêne sur le visage de Nixon me rend fébrile. Il semble honteux de présenter son affaire comme ça devant Yann et je m'en veux d'avoir provoqué cette réunion.

Yann est un homme important dans la ville, il est connu et impressionnant pour beaucoup... J'ai tellement l'habitude de le côtoyer dans l'intimité que j'en oublie son rôle à l'extérieur.

— C'est un beau bâtiment, finit par marmonner Yann.

Je lui lance un regard de remerciement auquel il répond par un froncement de sourcil agacé. Il a senti la tension et je me sens soulagée et heureuse qu'il fasse l'effort de les rassurer.

— Vous voulez un café ? propose Juan.

— J'en veux bien un, m'enquis-je.

— Moi aussi.

Juan hoche la tête et va allumer la cafetière dans le fond de la pièce alors que Kobe et Nixon s'installent autour de la table et nous font signe de les imiter. Aussitôt, je me retrouve à côté de Yann alors que les garçons s'installent devant nous.

— Lou, du sucre ?

— Non.

Le fait que ce soit Yann qui réponde à ma place me force à tourner la tête vers lui, alors qu'il a toujours son regard planté sur Nixon et Kobe. Il ne semble pas avoir remarqué qu'il venait de répondre.

— Lou ? répète Juan.

— Euh, non, merci.

Une certaine tension continue de gonfler dans la pièce et je me trémousse sur ma chaise tout en jouant avec mes doigts.

— Alors... commence Nixon. Pourquoi tu es venue, Lou ?

Je me racle la gorge et redresse mes épaules pour récupérer un peu de courage. Il m'en faudra pour tenir cette conversation.

— J'en ai longuement parlé avec Yann et je voulais en parler avec vous maintenant. Juste pour vous dire que vous étiez hors de danger, que les Black Bikers ne vont pas venir vous blesser... Ce genre de chose.

— « Hors de danger » n'est pas le terme, corrige Yann.

Je tourne la tête vers lui, les sourcils froncés, alors qu'il hausse les épaules.

— Ne recommence pas.

Il me jette un simple regard avant de revenir sur les gars. Au même moment, Juan dépose le café devant moi et retourne s'occuper de celui de Yann.

— Vous êtes des amis de Lou et pour ça, je prends le temps de venir vous parler afin de régler les choses calmement et sans violence.

Un soulagement m'envahit alors que ses mots s'échappent de ses lèvres.

— Cependant, ça ne veut pas dire que vous êtes hors de danger. En fonction de notre conversation, tout peut changer.

Le soulagement était de courte durée. Je fronce les sourcils et me retourne vers lui pour le confronter.