Chapitre 31

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Point de vue Yann

Ma tête est encore lourde, mon corps est fatigué, mais je sens l'odeur particulière des pains perdus et je sais avec certitude qui est la cheffe des pains perdus.

Louisa est forcément dans ma cuisine.

Elle en fait dès qu'elle prend le temps de petit-déjeuner, comme si c'était la seule chose qu'elle aimait cuisiner. Perdre une heure sur un beau plat de lasagne ? Non. Passer une heure à tremper du pain rassis dans du lait ? Avec plaisir.

Alors, malgré mon corps courbaturé et ma tête resserrée dans un étau, j'arrive à sortir de mon lit pour me traîner jusqu'au salon où je découvre, comme dans mes plus beaux rêves, Lou seulement vêtue de son tee-shirt et d'une culotte, en train de faire des pains perdus.

Et là, je peux mourir en paix.

Mon corps est tellement faible que je me laisse tomber contre un mur, attirant aussitôt son attention. Dès qu'elle m'aperçoit, elle fronce les sourcils et me pointe une spatule dessus.

— Qu'est-ce que tu fais debout ?

Je hausse les épaules, sans répondre.

Elle ne me laisse pas le temps de m'effondrer de fatigue qu'elle me rejoint et me ramène dans la chambre, mais je grogne en secouant la tête.

— Je veux pas être seul !

Ma voix sort chevrotante et faible, ce qui lui fait froncer encore davantage les sourcils. Elle pose sa main sur mon front, constate ma nouvelle poussée de fièvre et grogne.

— Tu es brûlant. Va au lit !

Je secoue la tête en me laissant tomber contre elle.

— Je veux rester avec toi.

— Non, tu veux te reposer pour être en forme.

Je grommelle en laissant tout mon poids peser sur elle, ce qui lui fait pousser un petit cri.

— Hé ! Restes en vie jusqu'au lit.

— Je veux pas aller au lit.

— Tu vas y aller quand même.

Je secoue la tête en m'accrochant à la porte et elle finit par pousser un grognement en me pinçant la hanche.

— D'accord...

Elle fait demi-tour et me guide jusqu'au canapé dans lequel elle m'allonge. Elle m'enroule dans la couverture, pose sa main sur mon front pour vérifier à nouveau et fronce du nez.

— Je vais appeler la docteure Gray pour qu'elle vienne t'ausculter, quand même. Ta fièvre ne baisse pas, ça m'inquiète.

Je secoue la tête en attrapant son poignet et tire doucement dessus. Doucement, elle s'assoit à côté de moi et me caresse le visage.

— D'accord, mais reste à côté de moi.

Je me rallonge confortablement dans le canapé, remonte la couverture jusqu'à mon menton tout en gardant ma main dehors pour caresser le poignet de Lou, et ferme les yeux.

Je me sens épuisé et le fait qu'elle soit là m'apaise assez pour que je me sente me rendormir.

Alors, lorsque j'émerge, il me faut plusieurs secondes pour comprendre que je ne tiens plus Louisa et que la docteure Gray est devant moi, une moue sur le visage.

— Salut, marmonné-je.

Elle arque un sourcil et jette un regard sur le côté.

Je me sens moins vaseux que tout à l'heure, alors j'arrive à tourner la tête et découvre Louisa en train de se ronger les ongles. Je tends la main vers elle pour l'appeler et elle ne se gêne pas pour l'attraper.

Black Bikers, Tome 7 : La lynx obstinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant