Chapitre 40

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Point de vue Louisa

Yann est parti pour faire un petit tour au club aujourd'hui, comme je le lui ai demandé. Depuis mon opération, il est collé à moi et ignore tout le reste. Je sais ce qu'il ressent et je le comprends, mais je n'aime pas le fait qu'il oublie son propre club à mon profit. Ce n'est pas lui.

J'aime Yann et son amour inconditionnel pour le club.

Je ne voudrais jamais le détourner de ce qu'il aime et de ce qu'il est.

Alors, après trois jours de négociation, il a enfin fini par foutre le camp de ma chambre pour une journée entière. Nous avons établi qu'il ne devait pas revenir avant ce soir, et il peut m'appeler seulement trois fois. Au début, j'avais dit une seule fois et lui cinq fois... Nous avons dû couper la poire en deux.

Je n'ai pas été seule depuis plus d'une semaine et ça me fait du bien. Je peux enfin me reposer calmement et réfléchir.

Je pense vaguement à Colt, mais le rejette au fond de mon esprit. Je ne me sens pas encore prête à y réfléchir. Il y a trop d'émotions qui m'étreignent aussitôt. La peur, la douleur, la terreur, la tristesse, l'inquiétude...

Après ma première agression, j'ai pris du temps avant de me détacher complètement de la peur paralysante. Avoir pris ces cours d'autodéfense m'a énormément aidé, influençant ce travail que j'effectue sur moi-même et avec la présence de Yann et de mes amis. J'ai pris le temps avant de complètement pardonner cette part de moi. Cette part sombre et faible qui m'a tant dégoûté.

En revanche, je n'ai jamais pardonné mes agresseurs, mais ils sont morts... Qu'est-ce que je peux faire de plus ?

Me pardonner moi-même a été plus compliqué que je le pensais. Je m'en voulais d'avoir été faible, d'avoir attendu de Yann qu'il répare tout alors que c'était aussi et surtout à moi de faire en sorte de régler ça.

Je n'ai plus envie ou besoin que Yann ou les Black Bikers s'occupent de mes problèmes. J'ai envie de me relever moi-même, de prendre les choses en main et de m'en sortir. Mes défauts et mes faiblesses me rendent plus forte, parce qu'ils me permettent de m'améliorer.

Je veux pouvoir dire à Yann que je vais bien sans mentir. Je veux pouvoir le laisser me chouchouter parce que je suis fatiguée de me battre contre mes démons et plus parce que je veux le laisser me faire oublier. Je ne veux plus oublier tout ça.

Au contraire, je souhaite me relever et me battre à ses côtés.

Pour autant, repenser à Colt est encore trop frais dans mon esprit. Pas parce qu'il m'a blessée physiquement et a tenté de me tuer, mais parce qu'il a failli blesser Trevor.

Je ne me fiche pas qu'il ait tenté de me tuer. Ce serait mentir et carrément hypocrite de dire ça. Pour autant, je n'en éprouve pas autant de douleur que je le pensais.

J'ai beaucoup de choses en tête, mais le fait d'avoir réussi à sauver Trevor, d'avoir pris moi-même la décision de sauter et de prendre cette balle... Me retire beaucoup de souffrance.

Si j'étais morte, ça aurait été pour sauver Trevor.

Cette simple pensée me rassure et apaise mon esprit.

Alors, quand je me regarde dans la glace, contrairement à ma première agression, je ne me sens pas faible. Je me sens puissante et forte, prête à me relever et à me battre pour moi-même, mais surtout pour les gens que j'aime.

Ça change tout pour moi.

Mais la douleur dans mon corps ne me permet pas encore de passer au-dessus. Chacun de mes mouvements me rappelle la terreur de ce souvenir, la douleur de la balle qui traverse mon corps...

Black Bikers, Tome 7 : La lynx obstinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant