19. Obsession

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Julius.

Lyes est venu à moi. Je ne l'ai pas cherché, bien qu'espéré. Il a toqué je crois, mais sans réponse de ma part, il est entré, me trouvant assis dans son fauteuil, le coude posé sur l'accoudoir, le visage dissimulé contre paume, les pans de ma chemise ouvert, le désordre immaculé dans la pièce, et l'odeur du loup, de son sang. Je l'ai senti dès la porte ouverte, n'attendant que quelques instants pour pivoter mes traits et croiser son regard. Il est figé à l'entrée, la contrariété marquant son visage, la colère narguant ses prunelles particulières. 

- Il te plaît.

Seule phrase qu'il arrive à formuler malgré sa mâchoire serrée. Ils l'espéraient tous, que cela finisse par se produire, que je désire l'un des omégas que l'on me mettrait entre les pattes. Mais Lyes n'est pas heureux que je puisse être attiré par un être que je ne connais presque pas, alors qu'il nous avait fallu de longues discussions avant de nous perdre l'un dans l'autre. Je sais que je lui fais du mal, mais je ne suis pas réellement responsable de cette attraction qui ressemble bien plus à une obsession. Car même en cette seconde, il est là, quelque part dans ma tête, à roder comme une idée fixe qui me tend toujours. 

Je le vois hésiter, cela se joue sur son visage sans qu'il ne puisse rien me cacher. Puis il pivote, prêt à partir, et je ne le veux pas. C'est égoïste, mais je ne peux m'en empêcher, ça s'échappe, ça se heurte à l'air qui nous entoure.

- Reste.

- Pourquoi ? m'assène-t-il en pivotant pour pouvoir me voir. Il t'a planté alors tu as besoin de moi ? 

- Je l'ai chassé.

- Ca change quelque chose ?

Je soupire, puis me lève. Il voit mon désir, celui pour un autre, qui persiste entre mes cuisses, et qui provoque en lui un sourire ironique. Il repense à cette autre nuit où je l'avais rejoint, et il comprend, je le sais, je le sens, je n'ai même pas l'ombre d'un doute alors que sa compréhension s'installe sur son visage à la façon d'une trahison. 

- Demande-le lui cette fois-ci. qu'il me crache presque à la figure.

- Arrête. dis-je en retenant son bras, et refermant la porte derrière lui de l'autre.

- Arrêter quoi, Julius ? Si c'est lui que tu veux, pourquoi c'est moi que tu viens trouver, hein ? 

- Ce n'est pas lui que je veux voir rester. 

Un souffle. Un pas. Il recule contre le battant, et je viens près de lui. Mes mains se posent sur le bois de chaque côté de sa tête. Il peut encore s'esquiver s'il le souhaite, je ne l'obligerai jamais à rien. Je n'agis pas ainsi.

- Tu es cruel.

- Tu me veux toujours.

- Pas toi.

- C'est faux.

Il ricane, mais ne cherche plus à m'échapper. Sa main se lève et effleure ma peau dévoilée par le petit loup l'instant d'avant. Je m'oblige à garder mes yeux dans les siens, pour ne pas me perdre dans un fantasme qui donnerait terriblement raison à l'homme que j'ai sous les yeux. Je suis déjà cruel, je ne le nie pas. C'est un autre que je veux en cet instant, mais c'est lui que je réclame à la place. Mes lèvres rencontrent les siennes, doucement, tendrement, avant de glisser sur sa gorge. Il glisse sa main dans mes cheveux, et les tire brutalement en arrière pour obtenir mon entière attention. Est-ce qu'il a senti mon envie de le mordre ? Pas vraiment lui. Mais l'autre. L'autre qui m'obsède. L'autre dont le regard me hante.

- Je te prends, pas l'inverse, Julius. Hors de question que tu t'imagines baiser ta catin à ma place.

Cela s'est déjà produit, parfois, plus rarement que l'inverse. Mais cela est déjà arrivé. Et puis je comprends ce qu'il ressent. Même si je sais qu'il ne me refusera pas si je refuse. Il m'aime. Il donnerait n'importe quoi pour ne pas me perdre. Et je tiens à lui. Toujours. L'oméga trépassera un jour quand lui sera toujours à mes côtés. Le choix est vite fait, d'autant plus que je lui fais déjà assez de mal. Alors il a le droit de réclamer d'être dans la position qui me fera le moins penser à Sameo. 

- D'accord. que je lui concède. 

La réponse qu'il attendait pour se détendre, pour savoir que je tiens toujours à lui, alors il m'embrasse, passionnément, et fait tomber ma chemise au sol. De mon côté, je m'attaque à son haut, sans faire attention, juste en faire mon jumeau de l'instant. Lèvres contre lèvres, il me fait reculer et je le laisse faire, mes mains courant sur sa peau, entrouvrant déjà la fermeture de son bas quand mes fesses rencontrent mon bureau. 

- Tourne-toi. m'ordonne-t-il tendrement d'un sourire.

J'obéis, place mes mains sur le bois, chassant quelques dossiers en passant pour pouvoir être aussi bien installé que possible. Ses mains glissent sur ma peau et je ferme les yeux, perdu. Egaré entre deux hommes. Lyes, dont je sens la présence, les caresses, les mains expertes qui savent comment agir pour me dévêtir. Sameo, dont le parfum m'oppresse, dont le contact me manque, qui touchait ce même bois un peu plus tôt.

- Tu m'appartiens. me souffle Lyes comme pour que je n'oublie pas avec qui je me trouve.

Qui me possède à cette seconde, me poussant à gémir à son premier assaut. Il est jaloux, je le sens dans sa façon de me prendre sur ce bureau, il cherche à s'ancrer dans ma peau, à ce que je ne puisse que le désirer, lui, éternellement. Il est fascinant, Lyes, il l'a toujours été. Magnifique dans son éternité. Sa main se pose sur ma nuque, m'oblige à me pencher pour m'allonger contre le bois, tandis que je gémis pour son plaisir, sous celui que je ressens. Mais je glisse une main vers mon bas-ventre et commence à en jouer, troublant va et vient qui me ramène près de Sameo, comme si les deux hommes étaient présents. 

Lyes s'en rend compte et capture mes bras, pour les caller dans mon dos, s'en servir pour me posséder plus durement. Quelques instants, puis il se retire et me fait pivoter sur le dos. Quelques secondes avant de revenir se glisser en moi d'un coup de rein puissant, nos râles s'entremêlant. 

- Regarde-moi. Juste moi, Julius. Maintenant. qu'il m'ordonne encore sous un besoin primitif, et je lui obéis, lui arrachant un sourire, tandis qu'il continue.

Ma main revient entre nous, et il me laisse faire cette fois-ci. Un parfum me revient, comme un oubli qui refuse de se faire. Sameo. J'en soupire plus fort, alors que je m'agrippe à la nuque de mon amant et en profite pour fermer les yeux. Sameo. Ma main accélère son geste... Je crois l'entendre soupirer mon prénom, croiser son regard... L'orgasme me submerge, incitant mon amant à m'y suivre également. Mais ce n'est pas à lui que je pense, pas contre son corps que mon esprit me laisse croire que je suis. Il a raison... je suis cruel. Réalité qui prend vie quand je redescends doucement de mon nuage, contre sa peau.

- Promet-moi de ne le baiser qu'à ses chaleurs. qu'il finit par me demander.

Je reste silencieux. Je ne peux pas lui promettre une telle chose, parce que je suis déjà incapable de ne pas le mordre. Il attend pourtant, mais finit par grogner de déception, de frustration, ou que sais-je encore. Il s'écarte, m'abandonne et me lance un regard rancunier tout en se rhabillant. Nous ne prononçons aucun mot. Parce qu'il veut une promesse que je ne peux pas lui faire, et qu'il n'a pas envie d'abandonner ma réponse. Pourtant, quand il va pour s'en aller, la porte déjà presque refermée, il s'arrête.

- J'étais venu te prévenir que les loups ont bougé. Visiblement, il cherche ta catin. 

Et la porte se ferme.

Ne m'entrave pas - T.1 J&S  (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant