Résumé des chapitres 26 et 27.
Sameo est emprisonné dans la salle des tortures avec le garde vampire qui a été capturé en même temps que lui. Garde déjà torturé, et qui a subi des expériences pour voir la résistance des strigoï, il a déjà perdu trop de sang et agonise. Sameo, de son côté, a également été torturé, et en porte les séquelles, dont sa chevelure, rasée. Il refuse de donner la moindre information sur les vampires. Lorsqu'un loup désire le rabaisser à son rôle d'oméga pour lui rappeler sa place et sa soumission, les vampires arrivent, s'étant infiltrés par la "sortie de secours" de la grotte des loups. Un affrontement a lieu, Pio, l'oméga, libère et fait sortir Sameo, pendant que les autres combattent. Ils s'en sortent en mettant le feu à l'endroit, et fuient, un loup prisonnier sous le bras de Lyes. Dans la forêt, Sameo, en sentant la fumée, cherche à revenir stupidement vers Julius, qui l'arrête dans sa course en le réceptionnant dans ses bras. Ils partent à vitesse vampirique. Sameo perd rapidement connaissance.
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Julius.
Sous les conseils de Pio, nous avons fait quelques détours de sorte à noyer notre odeur, et à ne pas les mener jusqu'à notre lignée. La route fut donc plus longue qu'à l'allée, plus éreintante, et nous avons pris le temps de nourrir le strigoï agonisant d'un peu de mon sang, en espérant qu'il tienne. Les bois, la rivière, tout un monde qui retarde un retour qui est pourtant attendu.
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Lorsque nous pénétrons dans le hall, l'effervescence a saisi le nid, tandis que j'avance, le corps abîmé et nu de ma potentielle âme sœur dans les bras, suivi de Lyes chargé de son prisonnier, de Levi qui laisse retomber Pio, et d'autres strigoï, dont un qui soutient le garde torturé. Je sais que je devrais me préoccuper de tous ces détails, mais mon attention est presque entièrement happée par la silhouette que j'étreins dans mes bras. Nulle fatigue ne m'étouffe tandis que j'avance d'un pas déterminé, traversant le couloir sans m'arrêter. Le regard de Julia croise le mien, mais ne s'attarde pas. Elle comprend, et prend en charge le reste, pour me permettre de faire ce qui a le plus d'importance à mes yeux en cet instant.
Lorsque j'arrive enfin à ma destination, Pio, qui m'a suivi, se charge d'ouvrir la porte de mes appartements pour moi, ainsi que de ma chambre, et reste en retrait, tandis que j'installe la silhouette martyrisée sur les draps soyeux qui se tâchent immédiatement. Il respire, son coeur bat, et c'est bien la seule marque de vie du corps que je prends le temps de détailler à présent. Sa nature de loup devrait guérir ses plaies, mais je devine que ces enfoirés ont fait ce qu'il fallait pour retarder ce fait, voir pour l'empêcher. La peau de son ventre, par exemple, arrachée en fines lanières, semble refuser de se reformer. Les lacérations sur son front sont noyées de sang séché, sa lourde chevelure n'est plus qu'un lointain souvenir, rasée maladroitement, à des hauteurs différentes, et ayant par endroit entaillé le cuir chevelu. Ses chevilles, ses poignets, sa gorge, tous portent des marques qui me donnent l'envie d'égorger tous ces canidés grotesques.
- Son sang sent l'aconit... et les plaies, l'argent. marmonne Pio dans mon dos, légèrement en retrait. Il a besoin de ton sang. Cela m'a déjà soigné.
Mon sang. Il n'est question que de le soigner, mais c'est une autre possibilité qui s'offre à mon esprit. Un lien plus profond, plus puissant : le marquage. Mes semblables y ont rarement recours, ou lorsqu'ils sont certains de le vouloir. Car cela signifie se lier pour notre éternité, mais également, que notre fin entraînera celle de l'autre, obligatoirement. Mais nous sommes déjà étroitement prédestinés, n'est-ce pas, Sameo ? Et je veux pouvoir le retrouver quoiqu'il se passe, quoiqu'il lui arrive. Ne plus jamais rester dans cette brouillasse dévorante, qui sans l'aide de Pio, m'aurait dévoré de l'intérieur.
- Il gardera des cicatrices ?
Question que je pense légitime, tandis que mon regard s'attarde sur les marques de son front. Sur ce mot tracé maladroitement sur sa peau et que le sang cherche à dissimuler en partie. Est-ce que Pio sait pourquoi je l'interroge, alors qu'il se tient toujours en retrait. Il semble retenir sa respiration, comme s'il craignait ma réaction à sa réponse que je suppose positive. Un claquement de langue contre mon palais, et me voilà en train de griffer volontairement le front de mon destiné du bout de mes ongles acérés, effaçant par ce geste le mot "pute" que je pouvais y lire l'instant d'avant. Pio hoquète derrière moi, mais ne se permet aucun commentaire.
- Va m'attendre dans la pièce d'à côté.
- Bien, messire.
Il est intelligent, puisqu'il fait ce que je lui ordonne sans faire la moindre remarque, ou tenir à rester ici, avec nous. A la place, lorsque la porte claque, même si je sais qu'il percevra sans doute chaque mot que je pourrai prononcer, je m'assois près de Sameo. Mes doigts sont plein de sangs. Du sien. De ceux que j'ai tué cette nuit, peut-être également. Cela n'a aucune importance. J'amène mon poignet à mes lèvres, et l'entaille d'un coup de dents sans l'ombre d'une hésitation. L'instant d'après, j'entrouvre ces lippes d'une main, quand de l'autre je fais couler de mon sang dans sa gorge. Il déglutit sans doute pas réflexe, mais il le fait, tout en cherchant à s'éviter la corvée, mais ma poigne est ferme et je l'y contrains. Il doit boire pour se remettre. Je n'ai pas réellement conscience du temps qui s'écoule, s'il s'agit de minutes, de secondes, ou d'une éternité. Néanmoins, j'arrête l'épreuve au jugé, lorsqu'il se met à tousser. Avant qu'un réflexe de déglutition ne l'incite à vomir ce que je viens de l'obliger à boire. Par habitude, je mène mon poignet une nouvelle fois à mes lèvres, mais pour laper la plaie, de sorte à ce qu'elle se résorbe grâce à ma salive. Sous mes yeux, je peux déjà voir ses blessures commencer à se refermer, en quelque sorte, et un soupir s'échappe, comme si j'avais retenu ma respiration jusque là.
Instinctivement, je m'incline vers lui, hume sa gorge et grogne aux multiples senteurs qui m'agressent sous cette action. Sûrement est-ce l'impulsion qui me manquait jusqu'à présent, car brusquement mes crocs s'enfoncent dans sa gorge, et je laisse mon venin s'y écouler. A moi. Il est à moi. Uniquement à moi. Et plus personne ne pourra me le dérober sans que je le sache. J'avale quelques gorgées de ce sang si délicieux, mais je m'arrête rapidement. Il n'est pas en état, mais j'ai été jusqu'au bout du rituel de marquage, et à présent... il est mien.
- Tu m'appartiens, désormais, Sameo.
Un souffle. Il ne m'en voudra pas... n'est-ce pas ? Habituellement, tout ceci est consenti par l'autre, mais je refuse de revivre les dernières heures. Je me redresse tout en lapant la dernière larme de sang au coin de mes lèvres. Je le vois qui se crispe sur les draps, mais c'est normal, entre sa guérison et la marque, son corps est en lutte contre lui-même, et les éléments externes de son organisme. Je m'efforce de ne pas rester auprès de lui comme me le hurle mon instinct, et pivote jusqu'à ouvrir la porte derrière laquelle se trouve un Pio qui me lance un regard appuyé.
- Reste avec lui durant toute sa guérison, et préviens moi s'il se passe quoi que ce soit d'étrange. Soit là à son réveil et veille sur lui. Il est mon marqué à présent, tu sais ce que cela signifie, n'est-ce pas ?
C'est à mon tour de darder dans sa direction un regard appuyé, alors qu'il hoche positivement la tête avec une expression de surprise qu'il ne parvient pas à cacher. Cela me convient, Pio est loin d'être un ignare, il a conscience qu'en tant qu'âme sœur et marqué, Sameo vient de monter en grade, et se trouve officiellement sous ma protection.
- Le servir, c'est vous servir, messire.
Sans commentaire supplémentaire, je quitte mes appartements. Ce n'est pas l'envie d'y rester qui manque, mais j'ai pris trop de temps pour m'occuper de son sort, et c'est toute ma lignée qui est à présent menacée par les loups. Je sais que le Conseil voudra un retour, que notre prisonnier doit être géré. J'ai confiance en Julia et Lyes, mais je ne peux tout leur laisser gérer. Mon rôle est ailleurs que dans cette chambre... et je sais qu'il ira bien à présent.
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Ne m'entrave pas - T.1 J&S (bxb)
RomanceSameo est un loup-garou. Julius est un vampire. Leurs races respectives se livrent une guerre ancestrale, mais pas pour ce que vous croyez. Les vampires royaux, ces sangs bleus douloureusement puissants, ont besoin d'omega pour se reproduire... ces...