04. Nuance d'intérêt

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Sameo. 

J'avais tenté plusieurs choses depuis que je m'étais réveillé dans cette pièce, trop conscient de ce destin, quel qu'il puisse être, mais que je refuse avec détermination. Je ne serai ni une souris entre les griffes d'un chat, ni son repas, ni son souffre douleur, ni... Rien. J'avais fouillé les meubles, ouvert les tiroirs accessibles, pour n'y trouver rien d'intéressant dans ma situation. Et puis, je m'étais brusquement souvenu que j'étais un loup et que ma patte serait forcément plus fine que ma cheville. Je n'avais pas prévu que l'anneau rétrécisse proportionnellement autour de ma patte et m'empêche de m'en débarrasser. 

Je m'acharnais donc depuis un moment sur l'anneau, tout en songeant que la vampire n'avait pas craint le soleil, tout à l'heure. Ne sont-ils pas sensés prendre feu au contact de ses rayons ? C'était quelque chose d'étrange que cette scène, avant qu'elle m'abandonne à ma solitude. J'avais vu le ciel se colorer à l'horizon, et le soleil décliner invariablement, à mesure que le temps se dissipait en faveur de la nuit. Et moi, j'avais continué à ronger frénétiquement l'anneau doré qui semblait immuable, par acquis de conscience. 

Le mouvement de la porte, le parfum qui envahit brusquement la pièce, me pousse à relever les yeux en direction de l'être qui me regarde sans un mot. Hum. Je reste figé comme le dernier des idiots, tandis que je me perds dans le vert changeant de son regard, trop semblable à celui de la fille, sans pour autant me donner la même sensation. Il est... magnifique. Sa chevelure d'un blond saisissant semble auréoler ses traits, caresser distraitement la peau de ce visage dont j'aurais voulu vérifier moi-même la douceur. Je... débloque ou quoi ? Ce monstre va m'arracher la gorge, et je reste là, à m'imaginer découvrir la sensation de son derme sous mes doigts ? Heureusement, la chimère magnifique ouvre les lèvres...

- A moins de te ronger la patte, cela ne fonctionnera pas.

Son sourire et ses paroles font renaître au fond de moi cette colère contre ce destin que je refuse. Je grogne... et sans effort, reprends ma forme humaine avec facilité. Je suis peut-être un omega, mais je n'ai jamais eu de difficulté à manipuler ma nature, et à passer d'une forme à l'autre. Après tout, cela n'a jamais rien eu de compliqué, c'est comme de bouger les doigts pour nous, il suffit juste d'y penser. Et lui... il ose se moquer de moi, alors que c'est de sa faute si je suis attaché, emprisonné, séquestré... et surtout que j'ai été enlevé. Aussi nu qu'un ver, mais j'en avais l'habitude, je m'avance dans sa direction, pointant un doigt accusateur, la fureur brûlant les perles bleues que je braque sur ce champ d'herbe fraiche qui me fixe et me déstabilise, le temps d'un soupir. 

- Alors détache-moi au lieu de te marrer comme le dernier des crétins, espèce de moustique décérébré ! Je n'ai rien à faire ici !

Il éclate de rire, m'énervant encore plus alors qu'il se moque ostensiblement de ce que je viens de lui dire, mais je ne peux m'empêcher de le trouver encore plus séduisant. Mais ça aussi, cela m'agace ! Qu'est-ce que j'en ai à faire qu'il soit mignon ? C'est un psychopathe qui fait enlever les gens pour se les faire livrer dans sa chambre, et s'ils ne lui plaisent pas, et bien, il les refourgue à d'autres. Je ne serai ni sa possession, ni transmis à quelqu'un d'autre, c'était décidé. Qu'il me libère s'il ne veut pas de moi ! Et même s'il veut de moi, en fait. Mon raisonnement est des plus illogiques, j'en conviens. Je serre les poings, les lèvres, en le fixant d'une œillade que j'espère mauvaise, mais cela ne semble que l'amuser plus encore. Ce qu'il m'agace ! Je soupire en croisant les bras comme pour faire gonfler mes muscles trop secs pour réellement paraître sous un tissu, mais qui sous ma nudité, se dessinent avec précision. Sauf que le regard du moustique se porte plus bas, et je rougis, subitement noyé sous une pudeur que je ne veux pas ressentir. 

- Hey oh ! Abruti de moustique ! Mon regard est plus haut !

- Vraiment ? me souffle-t-il, moqueur, en braquant brusquement ses iris en direction des miennes, ce qui me coupe la respiration et fait s'accélérer les battements de mon cœur.

Ne m'entrave pas - T.1 J&S  (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant