31. Destinés

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Sameo.

Il semble furieux, et je sais que j'ai l'air de le craindre, parce que j'ai effectivement peur de sa réaction, qu'il s'emporte, qu'il m'en veuille de plus ressembler à rien. Qu'il regrette, de m'avoir sauvé, même si... Il affirme qu'il ne l'est pas, mais... je reste persuadé du contraire. Il s'approche, comble la distance, et ses mains viennent avec douceur encadrer mes traits, malgré un subtil mouvement de recul involontaire.

- Non, Sameo, ce n'est pas contre toi je suis furieux. 

Il gronde, je sens sa colère qui contredit la douceur de ses paumes contre mes joues. Et cela m'énerve qu'il pense ne pas pouvoir être honnête avec moi. Mais il reprend, poursuit, précise : 

- C'est contre ces fichus loups ! Ce maudit Conseil qui croit qu'il peut nous dicter quand et où nous scellerons ce que nous sommes l'un pour l'autre ! Pas... tu n'as rien fait de mal. Tu n'as rien dit, même alors que cela aurait pu te sauver la vie.

La fin de sa phrase est douce comme du miel à mes oreilles, chargée d'une inquiétude qui fait écho aux paroles que Pio m'a glissées un peu plus tôt, à mon réveil. Au fait que Julius m'avait marqué. Il l'a fait ? Vraiment ? Je soupire, indécis, lui offrant un début de sourire. Je me laisse retomber contre lui, front contre front, sous le besoin d'oublier ce à quoi je ressemble. J'aime la façon dont son regard se pose sur moi, il n'y a pas l'ombre de la pitié que j'aurais pu craindre. Alors j'incline mon visage, vient cueillir ses lèvres des miennes, m'abreuvant de son souffle, me laissant bercer par ce contact qui m'avait tant manqué durant ma captivité. Je le veux, lui, tout entier. L'hésitation n'est plus là, et ce n'est pas parce que les autres veulent une preuve, que je me love contre lui, à la recherche de son étreinte. Je l'ai voulu dès que j'ai compris ce que nous sommes l'un pour l'autre. Mais alors que je laisse mes doigts glisser sur son haut, il retient ma main, laissant une pointe d'hésitation perler dans mon regard.

- Nous ne sommes pas obligés... me souffle-t-il, une ombre inquiète dans le regard.

- J'en ai envie. que je souffle, menant mes lèvres contre les siennes, mes doigts se glissant à la taille de son pantalon. Sauf si... toi... tu ne... ?

- Tu es ma plus grande déraison, Sameo, et celui que je désire depuis comme une gourmandise à laquelle je ne pourrais jamais renoncer. 

- Alors tu...

- Oui, moi aussi, j'en ai envie.

Etait-ce réellement le sens de ma question, ou est-ce que je voulais savoir si c'était ce qui l'avait poussé à me marquer. Pourtant, en l'entendant m'avouer que lui aussi en a envie, je laisse toutes mes questions de côté et revient cueillir ses lèvres des miennes. Il est le seul dont le contact m'apaise, le seul que je veux jamais sentir contre moi. L'idée même qu'un autre aurait pu me voler ce que je veux lui offrir depuis que j'ai conscience de ce qu'il est pour moi, me révulse. J'ai l'étrange sensation qu'auprès de lui, à présent, je ne risque plus rien. Il se dérobe brusquement à mes lèvres, et je grogne de frustration.

- Je suis sale. qu'il grommèle, comme si ça pouvait avoir de l'importance.

- Alors tu aurais du nous emmener dans ta chambre pour prendre une douche.

Un sourire espiègle étire mes lèvres sous cette remarque, alors que je me recule, prends sa main de la mienne, et l'entraine derrière moi. J'ai décidé que je ne me laisserai plus dicter mon existence. J'avais déjà commencé quand j'avais pris la décision de me battre pour Julius, mais à présent, je sais, qu'ici, à ses côtés, je n'ai pas à être ce que l'on a tenté de faire de moi, qu'il est venu à moi malgré mon mauvais caractère, et... Il me suit à cette seconde, dans ce couloir où je le guide pour l'entrainer vers ses appartements, sa chambre, et surtout cette fameuse salle de bain. Les quelques êtres que nous croisons ne se permettent pas de nous interrompre, mais nous suivent des yeux. Ou moi ? Mais je veux oublier que je ne ressemble plus à rien, parce que je veux que notre lien prenne vie, enfin, et pouvoir le sentir, lui, moi, que nous ne formions plus qu'un nous. Il est mon destiné.  

Chemin étrangement gravé dans ma mémoire, alors que nous arrivons enfin à cette porte que je pousse, puis une autre, et enfin une dernière. Est-ce qu'il ferme derrière nous ? Je n'y fais pas vraiment attention, à la place, une fois dans la salle d'eau, je me retourne et l'embrasse à nouveau, de cette passion qui me fait vibrer, de ce désir que je ressens pour lui. Mes doigts cherchent à défaire ses vêtements souillés, et je le déshabille sans scrupule. Au contraire, c'est avec hâte que je le dépouille de tout ce qui pourrait artificiellement le recouvrir, avant de le repousser dans la douche, actionnant  l'eau qui tombe sur nous. Lui, nu, moi, habillé. Je sais qu'il voulait m'aider à lui ressembler, mais j'ai chassé ses doigts. Je veux choisir, j'ai besoin d'être celui qui prend soin de lui, qui le prépare à nos instants. 

Rapidement, je prends du savon pour frictionner son corps, d'abord comme je le ferais avec le mien, puis plus doucement, plus lascivement. Il m'aide par ses gestes, à me permettre de le laver. Et peu à peu, son derme redevient doux et agréable, ses cheveux retrouvent leur blondeur délicieuse qui colle à ses traits. Il est magnifique, mon âme sœur. 

Je frissonne... puis vacille doucement sur mes pieds. Je sens sa main qui s'enroule autour de mon bras. Est-ce que j'ai présumé de mes forces ? Je relève un regard heureux, bien que fatigué, sur lui. Je perçois de l'inquiétude dans ses prunelles fluctuantes, et je secoue tendrement la tête de gauche à droite.

- Tout va bien.

Il ne semble pas y croire, car la seconde d'après, il me soulève dans ses bras comme si j'étais une princesse, et je glousse d'un plaisir méconnu tout en enroulant mes bras autour de sa nuque. Parce qu'il est là, avec moi, qu'il me garde contre lui. Il me dépose tendrement sur le lit, dont les draps semblent étrangement propres. Ils font quoi les vampires ici ? Ils attendent l'instant où on quittera la pièce pour veiller à ce que tout soit toujours parfait pour le maître des lieux ? Il fait mine de se redresser, ses mots que faisant que me conforter dans ce que je ne souhaite pas.

- Je vais leur dire que tu es trop fatigué, ...

Mais je me hisse grâce à mes bras jusqu'à ses lèvres que j'embrasse avec fougue. Peut-être que je manque de force, mais je n'ai pas changé d'idée. Je le veux tout entier, que notre lien devienne si puissant que personne, jamais ne pourra le remettre en question. Alors je laisse l'une mes mains glisser jusqu'à son entrejambe pour m'emparer de son désir tendu. Il hoquète contre mes lèvres, et l'un de ses genoux s'échoue sur le matelas alors que j'entame le mouvement des vagues sur son derme à fleur de peau. Première reddition. 

- Sameo. qu'il gronde doucement, son souffle s'entremêlant au mien.

- Julius. Ne t'imagine même pas t'enfuir encore une fois.

Ne m'entrave pas - T.1 J&S  (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant