11. Mise au point

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Julius.

J'avais chassé Lyes lorsque j'avais appris que cet idiot de loup m'avait menacé de mettre fin à ses jours si je ne faisais pas en sorte de lui parler. D'où cet oméga se permet-il ce genre de choses ? Il n'est rien ici. Juste un moyen éventuel de donner un héritier à notre lignée. Un moyen remplaçable s'il ne me satisfait pas. Si j'ai chassé Lyes, c'est parce que je ne veux pas qu'il soit là lorsque je recevrai le loup, parce que... Il aurait pu rester, sans doute. Je sais que je l'ai blessé en agissant ainsi, mais c'était de son corps dont j'avais envie, pas de ses remarques sur ma manière de gérer le loup. Je regrette déjà d'avoir concédé de le garder plus longtemps que deux semaines pour satisfaire ma mère, et je sais qu'un garde pour le surveiller ne sera pas de trop vu son maudit caractère. 

On toque à la porte. Elle s'ouvre à ma demande, tandis que le loup y est presque projeté. Lorsque je me lève et m'approche, il recule comme un oisillon pris au piège. Il éveille mon instinct de chasseur, aiguise mon appétit. Et il se plaint, encore et encore, change de ton en cours de route comme pour se donner le courage de m'affronter. Je modifie légèrement mon attitude et cela fonctionne, il se tait, il obéit. Chacun assis sur un siège à se regarder, je garde encore un peu le silence, car je vois bien que cela l'indispose, qu'il lutte contre son envie de reprendre la parole. Mais c'est de la méfiance que je peux lire dans son regard azur. 

- Tu as sûrement remarqué que ta chaîne s'est relâchée. J'ai pris la décision de t'accorder plus de libertés, histoire de rendre ton séjour plus agréable, et peut-être te donner plus de motivations à vouloir les conserver.

Un sourire s'étire à mes lèvres, il est perfide, je le sais, le reflet de pensées plus sournoises que ma lassitude pour tout ceci. Je pose mes coudes sur le bureau, noue mes doigts entre eux, et viens les poser mes lèvres alors que je me décolle du dossier.

- Un garde te sera donné, il veillera à ce que tu respectes les règles. Mais n'imagine pas que tu pourras quitter la demeure si tu le sèmes, ta chaîne existe toujours, elle n'est simplement plus visible, et s'avère plus longue. Pour les vêtements, je te demanderai de ne plus te servir dans les miens, on t'en fournira.

Je reste silencieux, j'attends sa réaction. Il semble réfléchir sans me lâcher du regard.

- Et qu'est-ce que tu attends de moi ?

- Rien.

Vérité qui s'échappe de mes lèvres sans que j'y songe. Mais une vérité tout de même, je n'attends rien de lui, ma famille, ma lignée, par contre, eux, attendent qu'il m'intéresse assez pour que je le désire, que je le possède, et que nous parvenions à produire un héritier aux miens. Il semble décontenancé, fronce les sourcils, ouvre les lèvres une fois, les referme, recommence encore deux fois la même mécanique, puis c'est la bonne.

- Mais... pourquoi je dois t'intéresser alors ? Pourquoi tu me laisses deux semaines ?

- C'est ce qu'on attend de moi.

Une réponse sincère qui le décontenance d'autant plus, je le vois bien. Mais cela m'est égal, je n'ai pas l'intention de m'épancher sur les problèmes de notre nature, ni sur le fait que s'il parvient à réaliser sa "mission", il portera mon enfant. Pourquoi le ferais-je ? Il n'est rien à mes yeux qu'un cadeau plus cultivé que les autres. Certes, il a déjà su éveiller mon intérêt, mais rien d'aussi saisissant que le strigoï dont je perçois le parfum juste derrière la porte, et qui ne doit manquer aucun des mots que nous échangeons. 

- Mais...

- Lyes ! claque mon timbre agacé, le coupant dans son énième tentative de comprendre la situation. 

Ne m'entrave pas - T.1 J&S  (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant