Ne m'entrave pas - T.1 J&S (bxb)

07. Insupportable

Julius.

Lyes était venu me trouver dans mon lit, et ses mots m'avaient blessé. Ou agacé ? Ou énervé ? Je ne suis pas certain de ce que j'avais pu ressentir à ce moment-là en l'entendant me dire d'aller baiser mon nouvel esclave s'il m'intéressait. Par tous les saints, comme si le petit loup pourrait m'intéresser ? Il m'avait diverti, mais qu'en serait-il d'aujourd'hui ? De demain ? D'après-demain ? Et puis encore faudrait-il que je l'intéresse en retour si cela se produisait. Trop de conditions à remplir pour que cela se produise. Dans tous les cas, j'avais décidé, perdu entre les bras de Lyes, sous ses lèvres que j'avais emprisonnées des miennes pour qu'il cesse de déblatérer d'autres absurdités, que je ne le garderai pas. 

Pourquoi ? Peut-être parce que je ne parviens pas à oublier son regard si bleu, que je juge dangereux, alors même que je déambule dans les couloirs de ma demeure, en direction de cette chambre. J'approche, mais mes pas se font feutrés tandis que je capte la conversation qui se déroule dans l'autre pièce. Wail ne m'a pas senti, tout comme le petit loup, trop accaparé qu'ils sont l'un par l'autre. Les menaces de mon majordome sont perceptibles sans effort. Il me le demandera à la seconde où je le chasserai... et je n'aurai aucune raison de le lui refuser. 

N'est-ce pas ?

Pourtant, lorsque je perçois son geste en réponse à l'audace captivante de l'oméga, mon timbre prononce son prénom, implacable, gelant jusqu'à l'épiderme du strigoï qui s'immobilise aussi vivement que le revers de sa main avait manqué de percuter le visage si parfait de mon cadeau. 

- Pardon, maître, d'avoir perdu mon sang froid. s'excuse Wail en s'inclinant pour me montrer toute sa déférence.

Il se relève l'instant d'après, et après avoir croisé mon regard, il sort de la pièce, me laissant seul avec ma possession -pour l'instant- mais que je viens de protéger. Mes prunelles tombent froidement sur sa silhouette échouée sur le lit, puis capte l'ambiance de la pièce, le plateau au sol, l'écuelle brisée, alors que je l'ignore ostensiblement. 

- Je...

Il parle. Enfin, il a ébauché une phrase qui s'est soldé par un mot. L'un de mes sourcils se relève alors que je reviens fixer mon attention sur lui. J'attends, mais rien ne vient. Il reste muet, respire rapidement. J'entends son coeur battre trop vite dans sa poitrine et mes iris caressent son emplacement du regard l'espace d'un instant, avant de revenir se poser sur ses traits. Sa bouche naturellement rosée, sa peau qui semble douce, son regard que je n'avais pas oublié mais qui évite le mien. Je soupire. Il m'agace.

- Eh bien, qu'as-tu à dire ? Tu es subitement devenu muet ? Il me semblait pourtant avoir capté l'audace de la provocation envers Wail, il n'y pas une minute.

- Wail ? C'est comme ça qu'il s'appelle ?

Est-ce que je dois réellement répondre à une question aussi stupide ? Il n'est pas si différent des autres, je ne vois pas vraiment ce que j'ai pu lui trouver d'intéressant hier. Julia serait déçue, mais ma décision matinale semble d'autant plus entérinée à cette seconde, face à son apparente stupidité.

- Vous... voulez me baiser ?

Je... quoi ? Cette nuit encore, il m'affirmait qu'il ne soumettrait jamais, qu'il se transformerait, et à présent il me demande si je veux... A quoi est-ce qu'il joue, ce petit loup stupide ? Faisait-il semblant, hier ? Ou bien fait-il semblant maintenant ? Ou bien encore craint-il... Oui, bien sûr, c'est cela. Il craint d'atterrir entre les mains de Wail, j'en mettrais ma main à couper à le regarder trembler comme une vierge offerte en sacrifice à un dieu mystique. Il n'a pas bougé, sa chevelure aux perturbants reflets ondule autour de ses traits si purs et délicats.