Prologue

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N.B : Le prologue est écrit à la 3eme personne. L'histoire sera rédigée à la première personne.

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La vie n'est qu'un enchevêtrement d'incertitudes. 

C'était là sa phrase préférée depuis qu'il était né au sein de sa meute. Ces paroles, c'étaient celles que sa mère prononçait régulièrement. Prononçait, car oui, elle était morte de la grossesse de trop. Le monde dans lequel Sameo était né, était loin d'être idéal. Surtout pour l'omega qu'il était.

A la vérité, cette phrase n'avait rien de réaliste. Son destin était tracé depuis que sa nature d'oméga avait été humée par ce géniteur s'étant décidé à le reconnaître malgré tout. La plupart du temps, on laissait la mère s'en occuper, condamnant l'enfant à n'être qu'un bâtard de plus. Un être qui n'aurait d'importance que pour celle, ou celui, l'ayant mis au monde, et se révélant au final bien trop faible pour le protéger de la convoitise ou de la violence des autres loups. Après tout, Moïra l'était... bien trop faible, et elle-même victime de cette protection sommaire que lui prodiguait la meute. Il fallait pourtant reconnaître que la meute Hohbuhn n'était pas la pire... sans être la mieux, malgré tout. Car sans permettre de se défouler par la violence sur les omegas, ceux-ci devaient se soumettre à tout désir permettant de procréer. La soumission à ce point était rabâchée aux oreilles de ceux n'ayant que le droit d'écarter sagement les cuisses, et ce, bien avant qu'ils soient en capacité de donner la vie. Il fallait, en tant qu'omega, dès ses premières chaleurs, s'offrir sans retenue à qui voudrait au sein de la meute. C'était répondre à un besoin naturel, et satisfaire à la volonté du dieu des loups, Schleithal.

Pourquoi utiliser les omegas pour se reproduire me direz-vous ? Pour la simple et bonne raison que les femelles beta mouraient 95% du temps en couche. Plus personne ne tentait l'aventure à ce jour, surtout que si l'enfant d'un omega était un beta, il était élevé par le père et son/sa compagnon/e, la génitrice perdant tout droit sur sa progéniture. Alors pourquoi prendre un risque si grand ? Les enfants nés omegas, eux, ne revêtaient pas l'ombre d'une importance, et étaient laissés avec ceux les ayant portés jusqu'à terme. Pour qu'ils apprennent à se soumettre à leur tour, ainsi étaient les règles de la meute.

Pourquoi Sameo avait été reconnu par son père, dans ce cas ? La question était légitime. Son père, l'alpha de la meute, avait décidé d'élever son fils comme on élève un animal : pour le vendre selon son pédigré après qu'il ait eu ses premières chaleurs. Après tout, sa mère avait produit un nombre conséquent de loup beta, pour à peine deux omégas, ce qui était un fait rare, et son père était un alpha, autre fait rare. De plus, l'alliance de la génétique promettait des merveilles... et ce fut le cas. Une chevelure brune et soyeuse aux reflets rougeâtres, lisse et longue, donnant l'envie de s'y noyer. Un corps finement sculpté, pouvant tromper sur le sexe d'appartenance, si ce n'était sous l'absence de poitrine, et le "p" à la place du "v" au niveau de son entrejambe. Bien que cela, au fond, n'ait que peu d'importance, puisqu'il pouvait, par la fécondation de sa rosace, porter le fruit d'un mâle. En bonne santé pour un oméga, il possédait un regard bleu glacier saisissant. En un mot, il était beau, un trophée magnifique pour qui voudrait l'exhiber. Alors non, l'alpha n'avait pas voulu abandonner le nourrisson prometteur aux besoins de sa meute... et il avait eu raison.

L'alpha avait donc gardé Moïra pour l'élever, tout en la laissant se faire baiser pour procréer par les autres, et permettant ainsi à Sameo de trouver ces pratiques normales. Bien que fils de l'alpha, il n'en retirait aucun privilège, à l'exception de savoir que l'être à qui il serait cédé devrait verser un prix conséquent pour l'obtenir. Jalousé des autres omegas pour son statut particuliers, raillés par les betas pour ce qu'il était... c'est seul qu'il grandit. Et seul, il le fut plus encore lorsque sa mère mourut lors de l'année de ses 14 ans. Déjà trop vieux pour que la présence maternelle manque à son éducation, son père ne lui concéda qu'une œillade glacée et menaçante, lui rappelant sa place de soumis et l'importance de son apprentissage. Il devait continuer à apprendre : alors il fallait qu'il observe d'autres omegas se faire prendre. Terrifiante réalité pour l'humanité bien pensante, quotidien normal et naturel pour Sameo, bien qu'il n'était pas pressé d'avoir ses premières chaleurs. La première fois semblait douloureuse, et pas que. Les betas se moquaient des états d'âme des omegas, c'était l'évidence même. De plus, s'il savait qu'il quitterait tout ceci... mais serait-ce pour quelque chose de mieux... ou de pire ?

Et puis, un mois avant ses 18 ans, ses premières chaleurs se déclenchèrent, au plus grand plaisir d'un géniteur, qui après avoir vanté la qualité de son produit -toujours charnellement innocent- pendant des années, ouvrit les enchères pour les potentiels futurs acquéreurs. La meute Hohbuhn allait grandement s'enrichir de cette transaction, il n'y avait qu'à voir l'intérêt grandissant sur le site en ligne créé spécialement pour cela.

Ne m'entrave pas - T.1 J&S  (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant