23. Réveil coupable

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Julius.

Lorsque je reprends mes esprits, m'éveille d'une nuit sans rêve qui m'a pourtant fait un bien fou, il est là, contre moi, aussi nu que lorsqu'il revient d'une transformation lupine. Sa lourde chevelure étalée derrière lui, une mèche retombant sur sa joue. Il est magnifique, saisissant dans cette position de fragilité qui réveille en moi l'obsession de le posséder enfin. Je me souviens de ses lèvres, de sa peau, de mon abandon, de cette énième morsure. Il ne fait rien en cet instant, puisqu'il dort du sommeil du juste, et j'ai conscience de le vouloir plus que jamais. Pio avait raison, il n'a rien d'un sorcier, il n'est qu'un oméga ayant besoin de celui que je suis. Mais je ne peux me montrer égoïste, le baiser ici et maintenant pour me l'approprier. Ce serait une erreur, si je n'allais pas consulter Lyes et Julia pour savoir ce qu'il serait le mieux de faire. 

Devrais-je le rendre aux siens ? Mais un grondement se déverse dans ma gorge à cette seule éventualité que je ne valide même pas. Non. Je m'y refuse. Je veux qu'il soit mien. Ca me brûle de l'intérieur tant c'est puissant. Je préférerais encore le voir mort que dans les bras d'un autre, et ça me coûte de l'avouer. Ma main s'élève, effleure sa joue, chasse la mèche étourdie qui s'y attarde. Ca ravive son parfum qui me rend fou, qui réveille ma faim, encore. C'est une addiction dangereuse que je ressens pour lui, mais Julia a finalement choisi le meilleur oméga pour moi, parce que le rejeter m'est inconcevable. 

- Je te ferai mien, petit loup idiot. que je souffle pour moi-même, comme une promesse d'accepter ce lien contre lequel je n'ai pas la force de lutter.

Mais pas maintenant. Pas alors que les loups rôdent, belliqueux. Je me dois de veiller sur ma lignée avant de me montrer égoïste. Je me sens déjà suffisamment coupable de ne pas avoir résisté lorsqu'il m'a rejoint. Car s'il n'avait pas pris les devants avec ses lèvres, je l'aurais possédé, je le sais. Je le voulais si fort que je me suis contraint à l'immobilité sous ses bienfaits. Je me redresse, me lave rapidement dans la salle de bain, pour m'habiller vivement. Juste histoire de pas trop puer le sexe lorsque je quitterai cette pièce. Mais je ne veux pas qu'il s'éveille avant que je parte, sinon je crains fort de céder avant l'heure. Ce n'est pas le moment. Il n'est pas seulement question de moi, je dois faire le nécessaire pour les miens. 

Lorsque je quitte mes appartements, un autre garde que Nizar se trouve devant la porte, et je sais qu'il sent l'odeur du loup sur ma peau. Elle s'y est incrustée. Mais il ne fait aucune réflexion à ce sujet. Je suis de sang bleu, et il n'a aucune réflexion à me faire sur ce que je décide de faire avec mon esclave. Il en est peut-être même satisfait, qui sait, même s'il ignore si nous l'avons fait ou non. Sans un mot, je m'en vais, l'abandonne et lutte contre mon besoin d'y retourner, de terminer ce que nous avons initié cette nuit. J'avance jusqu'à notre salle de réunion, alpaguant un strigoï en chemin pour lui dire de convoquer mon conseil. Il est temps d'en parler. De décider de ce que nous allons faire avec ces chiens galeux inutiles. Au pire, je convoquerai les autres chefs de lignées pour que nous décidions ensemble des mesures à prendre. Car s'ils nous attaquent, c'est qu'il est temps d'agir. Qu'importe l'existence de Sameo, je suis persuadé qu'il n'est qu'un prétexte. 

Je m'assoie en bout de table et je les attends, mes doigts tapotant la table d'impatience. Julia est la première à arriver, et elle me lance un regard appuyé et curieux, auquel je réponds d'un signe de tête négatif. Car non, je ne l'ai pas possédé cette nuit. Elle esquisse une moue déçue. 

- Pourquoi pas ? 

- Parce qu'il est la raison de l'attaque des lycans, Julia. Je ne peux pas décider seul.

- Mais il te plaît, tu portes son odeur partout sur toi. C'est que vous avez passé la nuit à...

La porte s'ouvre sur un Lyes de toute évidence de mauvaise humeur. Il m'adresse un regard de reproche alors qu'il retrousse le nez en humain ce que Julia affirmait l'instant d'avant. Il est blessé, mais je n'y peux rien. Je ne dis rien. N'esquisse pas même un geste dans sa direction. Ma mère se fait attendre, tout comme Wail. Et je décide qu'il est temps de commencer à discuter de la situation. Il est inutile d'attendre sur les retardataires plus longtemps. 

Ne m'entrave pas - T.1 J&S  (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant