20. Inquisition

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Sameo.

Je n'avais même pas eu le coeur de me faire du bien. La douleur ressentie derrière cette porte m'avait dévoré tant et si bien que je m'étais laissé guidé jusqu'à ma chambre, voisine de celle qui s'avérait être mon âme-sœur. Nizar était ressorti sans un mot. Qu'aurait-il pu dire de plus ? Qu'il m'avait prévenu ? C'était bel et bien le cas. J'étais resté là, assis sur mon lit, sans bouger, sans réagir, à fixer un point nébuleux sur la porte. L'espoir niais qu'il change d'avis, qu'il le rejette, qu'il me revienne. Mais rien ne s'était produit.

J'avais fini par aller nettoyer ma plaie dans la salle de bain, car j'avais pris la décision de sortir de ces quatre murs, d'aller ailleurs, d'arrêter de penser à Julius.

J'en suis là à cette seconde, ma chemise échangée pour un tee-shirt, et une veste glissée, quand je passe la porte et tombe nez à nez avec Nizar qui reste silencieux. Je préfère, et peut-être qu'il le sait. Ou peut-être qu'il s'en fiche ? Non, je l'aime bien ce moustique, je pourrais presque le considérer comme une espèce à part entière, peut-être un "cousin". Vous savez ces gros moustiques qui ressemblent à des araignées faucheuses mais avec des ailes. Des bestioles effrayantes mais inoffensives. J'avance dans le couloir, côté droit, inutile de retourner me faire battre trop vite. Sans réelle destination. Je me dis que le mieux pour parvenir à me retrouver dans cette bâtisse, c'est de faire confiance à mes sens de loup, et d'explorer par moi-même. 

J'ai besoin de me changer les idées, de voir autre chose que des endroits qui me le rappelleraient. Je jette un œil aux différentes salles, j'empreinte des escaliers, j'avance encore et encore, je passe devant de larges portes. La sortie ? Je lance un regard à Nizar qui ne fait que hausser un sourcil. Oui, sans aucun doute. Mais je ne veux plus fuir. Enfin, à cette seconde, oui, mais c'est parce que je suis blessé, parce que j'ai l'impression d'avoir le coeur en miettes. Pour autant, partir n'est plus une option. J'ai besoin de Julius, que je le veuille ou non, même si cela me détruit à petit feu. Le perdre serait pire. 

Je repère une petite porte sur le côté, je m'avance, l'entrouvre, mais ne peut pas faire plus. La main de Nizar s'est posé sur mon poignet pour me retenir. Il secoue la tête en signe de négation. A vrai dire, Lyes ne m'avait pas emmené jusqu'ici.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Le quartier des humains.

- Et pourquoi je ne peux pas y aller ?

- Parce que ça leur est réservé. Il s'agit de leur espace.

A ce moment précis, une femme se râcle la gorge derrière nous, et me regarde avec impatience. Elle voudrait de toute évidence passer, alors je lâche la poignée et me décale. Humaine, à son odeur, elle ne semble pas craindre Nizar lorsqu'elle passe à côté de lui, mais me jette un regard condescendant qui me fait bizarre, comme si j'étais encore moins bien considéré que les humains dans cet endroit. Je me tourne vers le vampire, les sourcils froncés.

- Ils travaillent volontairement pour vous ? 

- Plus ou moins. Disons que la communauté humaine qui vit ici est liée à la lignée depuis plusieurs générations. 

Et à son air, je sais que je n'en saurai pas plus, et qu'il ne me permettra pas d'entrer dans ce couloir pour le découvrir par moi-même. Je continue donc à divaguer par-ci par-là, et puis je finis par être fatigué. J'ignore l'heure qu'il est, je crois que j'ai perdu le fil de toute manière, au moment où j'ai eu mes chaleurs. Peut-être que c'est parce que je suis épuisé émotionnellement que je m'en moque, et que tout ce qui m'importe, c'est de retourner dans ma chambre pour aller m'enfouir sous mes draps, et dormir pendant plusieurs heures.

Ne m'entrave pas - T.1 J&S  (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant