12. Esquisse

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Sameo.

Je n'ai pas luté lorsque le prétendu Lyes m'a entrainé hors du bureau de Julius. 

Julius. C'est comme ça qu'il s'appelle. 

Mais j'ai surtout été témoin de la proximité de lui et de Lyes. Ils semblent être ensemble, aussi, je ne comprends pas ce que je viens faire dans toute cette histoire. Une fois dehors, il s'éloigne, s'adresse au garde qui m'a emmené ici, ainsi qu'à Wail qui lorgne dans ma direction. Ils parlent de moi, c'est une certitude, mais loin de vraiment m'en préoccuper j'esquisse quelques pas dans le couloir pour me rapprocher d'un portrait qui semble assez ancien. Pourtant, le visage m'est familier sans l'être totalement. On dirait Julius, mais les traits sont plus carrés, le regard est d'une autre couleur, aussi. Je lève une main, attiré par ce visage qui me trouble, prêt à toucher la peinture, lorsque j'entends la voix de Wail s'élever fortement.

- On ne touche pas.

Ca m'est destiné. Il me fixe de là où il se trouve, et je soupire. Moui. D'accord. J'enfonce mes mains dans les poches de mon pantalon bien trop long pour moi. Je réfléchis à ce qu'il vient de se passer, à la proximité troublante de Julius, à ses paroles. Si je réussis... à quoi exactement ? il me laissera rester à son service et profiter de la sécurité et des libertés liées à cette position. Mais je ne sais pas ce qu'il attend exactement de moi. Ah si, rien. C'est vrai qu'il me l'a dit. Mais c'est ce qu'on attend de lui qui rejaillit sur moi. J'attends Lyes, qui doit me montrer le bâtiment, même si j'appréhende de me retrouver seul avec lui. Mais il tarde et je m'ennuie à nouveau. J'avance de quelques pas. J'étouffe. J'ai besoin d'air. Les loups ne sont pas fait pour vivre entre quatre murs, c'est bien connu. 

Je sens une main qui capture mes cheveux... et je songe avec aigreur que c'est une vraie plaie de les avoir longs, alors que Lyes me ramène à sa hauteur, les utilisant comme une laisse qui me fait grimacer sous la douleur. 

- Où est-ce que tu comptes aller comme ça.

Ce n'est même pas une question. Je relève les yeux sur lui. Il me jauge comme on évaluerait un animal contrariant. 

- J'en avais marre d'attendre que sa majesté des mouches daigne bouger son cul pour me montrer la bâtisse, alors je comptais me débrouiller par moi-même. que je réplique avec ironie.

Il relâche son emprise sur mes cheveux comme si cela l'avait brûlé, et je vois sa mâchoire tressauter de contrariété. J'ai l'impression d'avoir une sorte d'immunité grâce à Julius. Même si, j'ai bien conscience qu'il ne faut pas que j'en abuse sous peine de le regretter. Lyes, d'un signe de tête, me montre le garde à qui j'avais transmis ma demande de voir Julius.

- Nizar sera ton garde officiel dorénavant. Lorsqu'il n'est pas là, ce sera celui qu'il aura désigné pour prendre sa place. Mais tu n'iras nulle part sans lui, ou son remplaçant. 

- Et si je le fais quand même, il se passera quoi ? que j'ose avec audace.

- Maître Julius en sera informé. répond le prénommé Nizar, pour couper court à la contrariété évidente de Lyes. Et tu perdras très certainement en liberté. Alors essaie donc, petit loup.

Cela a le don de faire retrouver le sourire à l'amant du maître, car de mon côté, je me suis renfrogné à cette perspective. Je n'ouvre plus les lèvres, et emboîte le pas de Lyes sans discuter. Il commence à me présenter les différentes portes, m'en interdit certaines, ce qui éveille ma curiosité, et m'en décrit d'autres qu'il prend parfois même la peine d'ouvrir pour m'en dévoiler visuellement le contenu. Je ne sais pas exactement combien de temps cela prend, mais cela dure au point que j'en viens à croire que cette bâtisse n'en finira jamais. Mais vu les personnes que nous croisons à l'occasion, je présume que c'est la demeure d'une meute toute entière. Enfin, je ne sais pas comment les vampires s'appellent, mais c'est l'idée. 

Ne m'entrave pas - T.1 J&S  (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant