Ne m'entrave pas - T.1 J&S (bxb)

21. Déraison

Julius.

Après ce que Lyes m'avait dit, j'étais allé à la pêche aux informations auprès de ma jumelle, qui m'avait confirmé l'information. Les loups s'en étaient pris à l'un des clans d'une lignée proche du lieu où elle avait enlevé Sameo. A priori, ils avaient décidé d'oser l'offensive pour une raison qui lui échappait, puisque jamais ils n'avaient osé attaquer directement de cette façon. Peut-être que l'oméga était différent ? Peut-être qu'ils s'étaient sentis pousser des ailes sous leur nombre grandissant ? J'avais écouté ses hypothèses silencieusement, avant de lui dire que j'allais chercher les informations à la source. J'avais lu de l'inquiétude dans son regard, pas pour moi, mais pour lui. Ou pour ce qu'il représentait.

Qu'importe au fond, j'avais pris ma décision. J'avais donc marché jusqu'à nos chambres, mais Nizar n'était pas dehors, alors j'étais entré. Son absence était criante, et je refusais d'aller le chercher partout, sans réel succès à la clé. L'attendre était la meilleure solution, mais rester bercé par son odeur était une torture. Je le revoyais sur ce lit m'attraper le poignet pour la première fois, me demander de rester. Et je finis par faire les cents pas en l'attendant.

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Je m'immobilise lorsque j'entends ses pas dans le couloirs. Les siens mais aussi ceux de son garde, qui lui s'arrête, car il m'a sûrement flairé. Lorsque Sameo entre, je ne lui laisse pas une seconde et le plaque contre la porte que son corps referme dans un même temps. Personne ne s'interposera, et sûrement pas Nizar. Je l'interroge, je l'accuse, je lui reproche mon obsession pour lui, pour son sang, pour son parfum, pour... 

Et puis je le menace de le tuer. A cette seconde, je sais que c'est la solution parfaite, celle qui me libérera de mon obsession, et je commence à serrer sa gorge. Il lutte et me lance des paroles que je ne comprends pas immédiatement. Je veux sa mort, mais les mots "âmes sœurs" font leur effet. Immédiatement, je le relâche et je recule. Parce que si c'est vrai, les seuls vampires à l'avoir subit sont devenus fous lorsqu'ils ont perdu cette partie d'eux-mêmes. Mais c'est impossible. Ce ne sont que des légendes. Je n'ai même jamais croisé quelqu'un ayant ce lien en trois siècles d'existence. Alors, je siffle ces premiers mots, cette question qui indique clairement que je veux qu'il mente.

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- C'est... c'est ce que ça provoque avant... de se lier vraiment.

L'obsession ? Le désir ? NON ! 

- Tu crois vraiment que je vais te croire ?

- Ben baise-moi au lieu d'aller voir Lyes à chaque fois, et tu verras bien si on partagera pas la même marque après ! Je te mens pas ! Je sais rien faire ! Mon père m'a juste élevé pour me vendre aux plus offrants après mes premières chaleurs ! J'ai jamais compté pour eux, mais j'ai besoin... de toi !

J'accuse ses premières paroles, sa mise au défit de vérifier si vraiment ce qu'il dit est faux. Et je recule d'un pas en l'entendant m'avouer avoir besoin de moi, alors que les siens, ne lui ont, de toute évidence, jamais accordé d'importance. Mais ça n'a pas de sens, alors pourquoi les loups le rechercheraient-ils ? Parce qu'ils ont perdu de l'argent ? Je pourrais le leur acheter si ce n'est que ça. Mais à quoi je pense ? Le leur acheter pour le garder ? Parce qu'il m'obsède, ou parce que... 

- C'est impossible. Ca n'existe pas. que je gronde. 

Des paroles soufflées à voix haute. Incrédulité d'un lien si puissant, mais également qui symboliserait tellement. Et pas forcément dans le bon sens. La tension dans tout mon être est palpable, alors qu'il s'approche, doucement, lentement, sous le regard que je lui destine et qui, je le sais, doit ressembler à celui d'une bête sauvage qui se méfierait de l'homme qui prend le risque de comble la distance qui les sépare. La possibilité de l'existence de ce lien est la seule raison pour laquelle je ne l'ai pas encore tué, sinon je l'aurais déjà fait, et j'en serais libéré. Il a plutôt bien joué, si c'est un mensonge. Et cela pourrait l'être.