Ne m'entrave pas - T.1 J&S (bxb)

15. Distance

Julius.

Mes doigts courent sur les fines tranches des livres de la bibliothèque de notre lignée. Elle s'est enrichie au fil du temps, des écrits des mortels, mais également de ceux des nôtres. Plusieurs rangées s'étalent ainsi aux yeux de ceux qui ont l'occasion d'y pénétrer et cela a toujours été l'un de mes lieux préférés de notre demeure, celui où j'aime aller me perdre à l'occasion pour le plaisir. Mais pas aujourd'hui, ma venue est motivée pour une autre raison. 

Cela fait plusieurs jours que je n'ai pas approché de ma chambre, ou de celle de Sameo. Pas depuis cette fois où je l'ai mordu, goûté à son sang... Sensation que je n'arrive pas à me retirer de l'esprit. Je me suis nourri depuis, mais tout a perdu en saveur, plus encore que cela pouvait être le cas avant. Je ne parviens pas à comprendre ce qui a pu se produire et cela m'agace religieusement. Tout comme le fait que le parfum du loup, à peine perceptible, semble vouloir inciter mon corps à rejoindre le sien. Lyes en est heureux, sans en connaître la véritable raison, puisque je ne l'ai pas repoussé une seule fois, depuis, sous la nécessité d'anéantir la moindre de mes pensées vis-à-vis de l'oméga. Le désir que j'éprouve pour cette créature est inquiétant, et ne peut simplement s'expliquer par ses chaleurs. Je n'ai jamais vu Altaïr perdre toute résistance face à ces senteurs, contrairement à ce qu'il s'est produit cette autre fois. 

J'ai fui ma chambre et mes appartements, pour éviter d'y être confronté. Laissant le loup affronter ses douloureuses chaleurs, seul. Julia me l'a reproché, me recommandant de tenter de voir si les phéromones produits par la petite silhouette ne pourraient pas faire office de déclencheur automatique de réactions physiques qui me permettrait de passer outre mon absence de désir. Mais c'est précisément le problème qui me taraude, c'est plus qu'une réaction charnelle, c'est une sorte d'obsession qui s'est incrustée dans mon esprit, puisque cette petite chose me ronge en arrière plan de chaque pensée qui me traverse. 

Cela en devient plus agaçant que jamais. Raison pour laquelle je me trouve ici, ce jour, en compagnie de Syra, une strigoï semblant avoir une petite trentaine d'année, un visage délicat, des cheveux sombres qui retombent en un carré soyeux contre ses joues, et des yeux d'un noisette classique mais qui lui convient parfaitement. Elle ne manque ni de charme, ni d'un caractère plus qu'agréable. Compagnie appréciée, tant par moi que par d'autres. Je suis venu la trouver pour tenter de trouver une raison, mais également une solution à mon problème, alors qu'elle s'approche déjà, un grand sourire joyeux grimé sur ses lèvres délicates. 

- Julius, quelle joie de te voir ! 

- Plaisir partagé, Syra.

Elle semble percevoir la réflexion que je m'impose pour savoir précisément comment aborder la chose sans avouer ma situation délicate. Son visage s'incline sur le côté, la couleur de ses billes noisettes se fait plus intense.

- Tu as besoin de mon aide pour quelque chose ?

- En effet. J'aimerais en apprendre plus sur les loups-garous. Tout ce que tu peux avoir dans ta boîte de Pandore pour mieux comprendre cette race, ainsi que ses omégas.

Un large sourire revient se peindre sur ses lèvres, heureuse de mon intérêt, de toute évidence, même si elle semble en même temps... embarrassée ?

- Ohhh, tu t'intéresses à ton cadeau, c'est une excellente nouvelle pour notre lignée ! Mais je n'ai, malheureusement, pas beaucoup d'ouvrages sur le sujet, et je crains que tu les trouves... assez frugal pour ta lecture. 

Elle soupire, avant de bouger la souris de son ordinateur. Modernité qui n'est pas restée à la porte de notre demeure, même si je n'en apprécie que trop peu l'utilité, bien que sa praticité ne soit plus à démontrer. Preuve en est, qu'elle y a recensé l'intégralité de nos ouvrages, et qu'elle espère convaincre, ou plutôt que je puisse le faire, les autres lignées vampiriques, de sorte à centraliser nos ressources. Elle disparaît dans les rayons, tandis que je l'attends, avant de la voire revenir avec trois ouvrages d'un maximum d'une centaine de pages, qu'elle me tend.