𝐓𝐇𝐄 𝐌𝐔𝐑𝐏𝐇𝐘𝐒

04 . course à pied

CHARLIE CAMPBELL

JE SUIS à l'initiative de ce second date — ou premier du point de vue de Leighton. J'ai tant aimé le premier que je ne me voyais pas ne pas la revoir. Le courant passe si bien entre nous.

Nous nous sommes retrouvés au pub pour la première il y a une semaine. Et depuis, je pense à elle tout le temps et je lui parle dès que je peux. Elle est si rapidement devenue la première personne à laquelle je pense le matin et la dernière à laquelle je pense le soir. Elle a déjà pris une grande place dans ma vie.

Nous nous sommes rejoints sur des falaises. De là, la vue est magnifique. Il n'y a pas plus bel endroit pour courir. Je suis sûre que Leighton voudra venir recourir avec moi ici.

Je l'attends dans ma voiture. Quelques gouttes de pluie commencent à faire leur apparition et ça me plaît moyen. Courir sous ce temps, ce n'est pas très agréable. Le sol risque d'être glissant. J'ai bien peur que nous devions remettre cette sortie et faire quelque chose d'autre à la place.

Je vois enfin sa voiture se garer. Je sors de la mienne et la ferme à clé. Elle sort à son tour de la sienne. Elle est à manche courte, portant un maillot de boxe. Je ne savais pas qu'elle suivait la boxe. Ou peut-être qu'elle ne suit pas et que ça appartient à quelqu'un d'autre.

Quand elle me voit, un grand sourire s'installe sur son visage. Elle est radieuse. Quelques gouttes commencent à humidifier ses cheveux.

Nous faisons la bise en guise de salutations.

— On va courir ? suggère-t-elle.

— Ça ne te dérange pas de courir sous la pluie ? je demande.

— Pourquoi, ça te dérange toi ?

Je secoue négativement la tête.

— J'ai déjà couru tout un tas de fois sous des pluies beaucoup plus fortes.

— Alors, allons-y.

Elle verrouille sa voiture. Puis, nous commençons à trottiner.

— Tu ne m'avais pas dit que tu suivais la boxe.

— Peut-être parce que je ne suis pas la boxe. Enfin, je suis obligée de suivre de loin. Mes deux frères font de la boxe.

— Comment ils s'appellent ?

— Wolfgang et Winston. Ils sont jumeaux.

— Oh, j'ai déjà entendu parler de Winston Murphy. Il fait parti des boxeurs les plus talentueux d'Irlande.

Il passe régulièrement sur les chaînes sportives que je suis. Il joue contre des joueurs du monde entier. Winston ressemble à sa sœur, et c'est fou que je n'aie jamais fait le rapprochement. En même temps, je n'imaginais pas que son frère soit une figure Irlandaise de la boxe.

— Je ne vois que d'un regard interne alors je ne sais pas trop leur niveau de popularité, déclare-t-elle sur un ton amusé. Tu ne connais pas Wolfgang ?

— J'ai dû en entendre parler une ou deux fois.

Wolfgang a dû apparaître dans quelques interviews avec Winston, si mes souvenirs sont bons. Cette fois, c'est ma petite sœur qui laissait les interviews à la télé. Carol trouve qu'ils sont très beaux.

Nous continuons notre course pendant dix bonnes minutes, trottinant en discutant et en regardant le paysage. J'aime la fluidité de notre rencontre.

— C'est joli, déclare-t-elle en regardant la mer au pied des falaises.

La pluie et le léger vent agitent la mer. De ce fait, l'eau salée vient s'écraser sur les pierres. C'est magnifique.

— C'est vrai. C'est pourquoi j'aime venir courir ici. Le panorama est à couper le souffle.

— Et tu sais ce qui me coupe le souffle aussi ? elle réplique.

Je la regarde, interrogé.

— La course, elle réplique en s'arrêtant, à bout de souffle.

Je pose mes deux mains sur mes genoux et me baisse en reprenant mon souffle.

— Je pensais qu'on courrait plus longtemps, j'affirme. Peut-être que je pourrais boire mon chocolat chaud plus tôt que prévu.

La pluie, qui avait cessé pendant quelques minutes de tomber, recommence à faire son apparition.

— Purée, c'est impossible d'avoir un peu de soleil ici ? s'exclame-t-elle en prenant une voix faussement irritée.

Je pouffe de rire devant sa réaction.

— Tu ne sais pas à quel point mes cheveux détestent la pluie, rétorque-t-elle en les pointant du doigt. J'avais fait exprès de les lisser et voilà que maintenant, ils vont onduler. Mais ce ne seront pas de jolies ondulations. Non. Quel désastre.

Je touche son épaule, naturellement. Et durant les quelques millisecondes qui suivent, je me demande ce qu'il m'a pris. Pourquoi suis-je si tactile d'un coup ? Peut-être qu'elle se sentira mal à l'aise maintenant.

Elle m'adresse un sourire. Puis je retire ma main. Leighton me déboussole complètement. Et j'adore ça.

— On continue ou bien on va au chaud dans un café ? je suggère.

Je vois la chaire de poule sur ses bras. Il faisait si beau tout à l'heure. La météo a le don de changer du tout au tout.

Elle est moi, nous représentons sincèrement le match parfait à mes yeux. Elle est le genre de fille dont j'ai toujours rêvé. J'ai l'impression d'avoir la fille de mes rêves en face de moi.

Je dois avouer qu'avoir appris que ses deux frères font de la boxe m'a un peu déstabilisé. Maintenant, j'ai peur qu'il me chope par le col si je fais pleurer leur petite sœur. Ça m'a mis un coup de pression.

— Course, répond-t-elle. Je dois perdre les calories que j'aurais gagné si nous étions allés au café.

Je pouffe de rire et recommence à courir en même temps qu'elle. Avec elle, mon sourire n'est pas forcé. Il est naturel. Elle aussi affiche un sourire.

— Comment fais-tu pour garder la pêche après avoir tant couru ? me demande-t-elle.

— La pratique, j'assure. Avec mon sport, je dois beaucoup courir alors j'ai de l'endurance.

— Je vois.

— Tu y arriveras avec le temps.

Nous trottinons, dans le silence. Il ne s'agit pas d'un silence parce que nous n'avons plus rien à nous dire. Loin de là. C'est un silence qui nous transporte dans notre bulle. Nous profitons du calme et du doux bruits de l'eau éclatant sur les roches de la falaise.

Et tout cela, ça me rend heureux.

Je la regarde courir, l'air concentré. Chacun de ses mouvements est parfait.

  — Qu'est-ce que tu détestes, et que tout le monde aime ? me demande-t-elle.

  Je prends quelques secondes pour réfléchir.

  — La télé-réalité. Je sais que tout le monde n'aime pas ça mais, en tout cas, ce n'est pas mon fort. Et toi ?

  — Recevoir des chocolats. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais je n'aime pas ça.

  — Je note ça dans un coin de ma tête, ça pourrait m'être utile.

Le match parfait est un site fabuleux. Je n'aurais jamais pensé dire ça en le voyant pour la première fois. Je n'aurais imaginé me lancer dans une telle aventure.

Je suis sûr qu'au fond, Adrian est super fier de moi.

Publié le 23/07/24