31 . grande décision

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LEIGHTON MURPHY

— TU A écris l'épilogue ? répète Wolfgang après que je lui ai annoncé la fin du roman que j'ai pris pas moins d'un an à rédiger.

J'acquiesce avec le sourire aux lèvres.

— Raconte ! s'exclame mon frère.

Je suis chez Wolfgang. Nous ne sommes que tous les deux. Winston est à son entraînement de boxe. Depuis son accident, Wolf n'a pas assisté à un entraînement de boxe. Ça lui fait trop de mal. Alors je lui tiens compagnie pour qu'il pense à autre chose.

Nous sommes affalés sur le canapé, tournés l'un vers l'autre. Je suis là depuis une heure. Je suis arrivée en début d'après-midi. Je ne sais pas ce que nous ferons de notre après-midi, nous nous y prenons toujours au dernier moment.

— Nigel et Sophie ne finissent pas de suite ensemble. Ils font leurs petites vies et vers la cinquantaine, leurs chemins se recroisent et ils réalisent que leur amour l'un pour l'autre n'a jamais disparu.

— Ils se sont mariés entre-temps ?

J'hoche la tête.

— Sophie et son mari ont fini par se séparer, leur valant des centaines de regard mauvais de la part de la Cour britannique. La femme de Nigel est décédée quelques mois après la séparation de Sophie et son mari, à cause d'une maladie en vogue à cette époque.

— Nigel n'était pas triste ?

Je pourrais parler des heures et des heures de Nigel et Sophie. Ça me fait plaisir que Wolf me pose toutes ces questions.

— Il était dévasté. Sophie l'a réconforté. Même s'il n'avait jamais cessé de l'aimer, il s'était attaché à sa femme et malgré tout, sa mort l'a beaucoup affecté.

— La femme de Nigel méritait mieux que son mari qui aimait quelqu'un d'autre.

— Oui, même s'ils étaient heureux ensemble. Les choses se seraient passées d'une façon bien différente pour elle.

Wolf acquiesce.

— L'histoire de Nigel me rend triste, affirme-t-il.

— Ses parents voulaient sincèrement le voir marier. Il a voulu leur faire plaisir.

— Si cette rivalité n'avait pas existé, tout aurait été plus simple.

— Et leur histoire aurait été trop simple. Le livre aurait été plat.

— Tu as totalement raison.

Je lui souris. Je pense que maintenant, leur histoire n'a plus de secret pour lui. Il a lu tous les premiers chapitres, il était arrivé à la moitié. Je lui avais défendu de lire la suite. Je voulais qu'il ait la surprise de la fin. Ça a semblé marcher. Mon premier lecteur a été surpris. J'espère qu'il s'agit du premier parmi tant d'autres. J'ai hâte de voir la réaction de Winston.

— Tu devrais appeler une maison d'édition. Cette histoire mérite de se retrouver dans les librairies.

— C'est vrai ?

— Et si les gens critiquent, c'est leur problème. Ton histoire a un énorme potentiel. J'ai hâte de lire les derniers chapitres. Attrape ton téléphone et appelle.

J'attrape mon téléphone qui se trouve sur la table basse. Mes mains sont moites. Cet appel pourrait bien faire décoller mon rêve de devenir écrivaine. Je veux le faire mais je suis terrifiée en même temps. Et si aucune maison d'édition n'acceptait mon livre, je serais à jamais dégoûtée. Je sais que mon rapport à l'écriture changerait profondément et que j'aurais le sentiment de n'avoir aucun talent.

Que la chance soit avec moi.

Wolf et moi cherchons les numéros de plusieurs maison d'éditions sur internet. Nous les notons au fur et à mesure sur un post-it. Nous verrons bien qui acceptera de lire mon manuscrit de romance.

— Appelle le premier. Il est bien côté.

— Tape le numéro, s'il-te-plaît, je vais essayer de trouver quoi dire quand ils décrocheront. Je dois me présenter ?

— Oui. Tu te présentes et tu présentes ton livre sans entrer dans les détails. Après, tu verras ce qu'ils te disent.

— OK.

Je lui passe mon téléphone. Il tape rapidement le numéro avant de me rendre mon appareil. Deux sonneries passent. J'ai l'impression de ne plus savoir respirer. J'espère ne pas trop bégayer.

Une voix me répond à l'autre bout du fil. Je regarde mon frère, qui me fait signe de me présenter.

La première maison d'édition refuse ma demande étant donné qu'ils ont déjà trop de livres à traiter. La seconde maison d'édition m'indique d'envoyer mon manuscrit par mail. Et la troisième me dit que nous devons nous rencontrer afin que nous puissions discuter en vrai de mon ouvrage.

Une fois ces trois appels passés, Wolf et moi improvisons une danse de la joie. Il est aussi joyeux que moi.

— Quand a lieu le rendez-vous ? demande mon frère avec un grand sourire.

— Dans un mois ! Ils sont débordés mais la secrétaire m'a dit que l'histoire de Sophie et Nigel semblait très intéressante.

— Tu as un mois pour relire toute ton œuvre, Lei.

— Ce sera fait !

— J'ai le temps de t'aider.

J'hoche la tête, un grand sourire aux lèvres. Son aide m'est précieuse.

— Merci d'être là, je chuchote en le prenant dans mes bras.

— Merci à toi d'être là, p'tite sœur.

— T'auras qu'à venir chez moi dans les prochains jours, je lui propose.

— Après-demain ? Je pense que demain je verrai quelques potes.

— C'est parfait. Tu es toujours le bienvenu.

Winston a un entraînement de boxe un jour sur deux. Maintenant qu'il a gagné le championnat, il devra voyager plus souvent. Wolf lui a dit qu'il l'accompagnerait souvent, et que ce serait sa manière de ne pas perdre le lien avec la boxe.

Son prochain voyage aura lieu dans une semaine, Wolf partira avec lui pour Budapest. Très loin d'ici. Trop loin d'ici.

Dans une semaine, je me retrouverai sans Winston et Wolfgang, sans Charlie, et sans Tessa et George qui seront en Égypte. Finalement, j'aurais peut-être dû partir avec eux.

Au moins, j'aurai tout mon temps pour écrire sans être dérangée.

𝐓𝐇𝐄 𝐌𝐔𝐑𝐏𝐇𝐘𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant