WOLFGANG MURPHY
LEIGHTON ET moi prenons notre habituel café du jeudi matin. Ce café est devenu une vraie institution maintenant. Il nous permet de faire un point sur nos vies respectives et c'est plutôt plaisant.
Aujourd'hui, j'ai suggéré à ma sœur que nous allions au pub de notre père. Il reprend le travail aujourd'hui après des congés de deux semaines et demie alors nous nous devons d'être là pour le motiver. En vrai, il aime tellement son métier qu'il prétend être "en vacances tous les jours".
Ce matin, je me suis réveillé avec un bon pressentiment. Je me suis réveillé avec le sentiment que je m'endormirais avec le sourire ce soir.
J'attrape ma tasse de café avec ma main gauche. Maintenant que mon bras droit et ma main droite ne peuvent me garantir de l'équilibre, je suis contraint de tout faire avec ma main et mon bras gauche. C'était compliqué au début mais je m'y habitue sans trop de difficulté. Je dois accepter la réalité de toute façon. Les choses sont comme elles sont et le seront probablement toujours.
— Alors, les jeunes, ça baigne ? demande Johnny en quittant l'arrière du comptoir pour venir à notre rencontre.
Johnny est un des employés de notre père depuis de nombreuses années. Il a dû arriver quand j'avais une douzaine d'année.
Il me serre la main et fait la bise à Leighton. Johnny, qui est un peu plus jeune que notre père, nous demande régulièrement de l'aider à rester dans le coup en lui enseignant le langage tendance et les tenues incontournables. Ainsi, on pourrait dire que c'est grâce à nous s'il ne paraît pas ses cinquante ans.
Johnny, c'est le type de gars avec qui les heures passent comme des minutes. Bien qu'il accueille souvent avec des blagues un peu lourdes, il reste l'un des hommes les plus aimables et respectueux que j'ai eu l'occasion de rencontrer. Il se soucie sincèrement des autres, prenant régulièrement de leurs nouvelles et s'intéressant aux sujets qui leur sont chers.
Le matin, on retrouve toujours les mêmes têtes dans le pub: ceux qui prennent un café et lisent le journal avant le travail, ceux qui cherchent à partager un moment convivial avec d'autres habitués avant de s'enfermer dans leur bureau pour la journée, et les touristes curieux de découvrir l'ambiance d'un pub entre huit et dix heures.
Winston est en train de dormir. Hier soir, il est intervenu auprès d'un groupe de boxe amateur pour donner des conseils. D'après ce qu'il m'a dit, après le cours, ils sont tous allés dans un pub et sont rentrés aux alentours de deux heures. C'est sa façon d'intégrer tout le monde.
— Ecoute, ça va très bien pour moi, répond ma sœur.
— Toi aussi, beau gosse ? rajoute Johnny.
J'hoche la tête.
— Ton père m'a dit que t'avais été contactée par la maison d'édition, déclare Johnny à l'égard de Leighton.
Je me décale pour l'inciter à s'installer à côté de moi. Il me sourit et prend place sur la banquette.
— Oui ! Dans quelques mois, on pourrait bien retrouver mon livre sur les étagères des librairies.
— C'est vraiment incroyable, je réplique. Tu le mérites tellement.
— C'est clair ! Content de pouvoir dire qu'on est là depuis tes débuts.
Quelqu'un entre dans le pub. Johnny lève les yeux pour voir de qui il s'agit. Mon cœur loupe un battement et je sens mes oreilles chauffer.
Ma gorge s'assèche et mes mains deviennent moites. Je cligne des yeux pour m'assurer que je ne rêve pas. Elle est bien là, en train de marcher vers le comptoir.
— Je vais la servir, annonce Johnny en se levant.
— A tout à l'heure ! s'exclame ma sœur.
Je reste sans voix. Cléopâtre salue John. D'où je suis, j'entends le son de sa voix qui a subtilement changé. Elle arbore une tenue élégante. Elle a bien changé physiquement depuis le lycée, c'est certain.
Lorsqu'elle est entrée, j'ai remarqué son maquillage discret. Au lycée, elle ne se maquillait pas. Le maquillage lui va à merveille.
Lei tape doucement mon avant-bras pour récupérer mon attention.
— Tu viens d'avoir un coup de foudre pour elle ou quoi ?
J'hausse les épaules, ne détournant pas mon regard de sa silhouette. Je me lève doucement de la banquette, prêt à aller la voir. J'espère qu'elle me reconnaîtra.
— Depuis quand tu es si entreprenant ? m'interroge ma cadette avec surprise.
— Depuis que c'est Cléo devant ce comptoir, je réponds en lui adressant un regard.
Elle fronce les sourcils.
— Cléo ?
— Je te raconterai tout à l'heure. Mais là, c'est mon moment.
— Si tu le dis. Ne me laisse pas trop longtemps toute seule.
Je lui souris.
— Je reviens vite, ne t'en fais pas.
Elle sort son téléphone de sa poche. Pendant ce temps, je m'éloigne de notre table pour rejoindre Cléo. Elle m'attire comme un aimant.
En me voyant m'approcher de la récente arrivée, Johnny m'adresse un regard plein de sous-entendu. Je lui dit à travers le regard d'être discret.
J'arrive derrière elle. Je sens son odeur. C'est la même qu'au lycée. Un vent de nostalgie me prend.
— Cléopâtre ? je commence.
Elle se retourne vers moi. Elle reste me regarder quelques secondes, semblant rassembler les morceaux du puzzle dans sa tête.
— Wolfgang... articule-t-elle à voix basse. Je ne m'attendais pas à ce que tu te souviennes de moi.
Si elle savait qu'il y a trois jours, je l'avais oublié... Vaut mieux qu'elle ne l'apprenne jamais.
— Je ne m'attendais pas à te voir ici, je déclare. Tu es revenue ici depuis longtemps ?
— Oh, ça fait à peine une semaine que j'ai remis les pieds ici.
J'hoche la tête, un sourire aux lèvres. Elle a l'air vraiment contente de me voir.
— Je t'ai vu passer à la télé, continue-t-elle. Je voulais t'adresser toutes mes félicitations.
— Merci beaucoup !
— Tu dois beaucoup t'entraîner maintenant, suppose-t-elle.
Je secoue négativement la tête.
— J'ai eu des complications qui m'ont poussé à arrêter. Pour l'instant, la boxe n'est pas d'actualité. Mais j'ai toujours espoir de reprendre un jour.
— Je passais prendre un café rapidement alors je vais bientôt devoir m'en aller mais, ça te dirait qu'on se voit pour prendre un café un de ces jours ? me suggère-t-elle.
J'hoche volontiers la tête. Cléo est de bonne compagnie et ça ne me dérangerait pas de savoir ce qu'elle est devenue depuis que nous nous sommes vus pour la dernière fois. J'ai hâte qu'elle me raconte ses exploits à YALE. Peut-être que notre complicité de ce fameux cours de chimie refera surface et que cette fois, nous saurons la maintenir et ne la laisserons pas s'éteindre.
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𝐓𝐇𝐄 𝐌𝐔𝐑𝐏𝐇𝐘𝐒
عاطفيةLEIGHTON ET CHARLIE sont deux parfaits inconnus qui, par une application de rencontre dont tout le monde parle, découvrent qu'ils représentent le match parfait l'un pour l'autre. Leighton rêve d'une histoire romantique et Charlie rêve simplement...