𝐓𝐇𝐄 𝐌𝐔𝐑𝐏𝐇𝐘𝐒

27 . surprise

LEIGHTON MURPHY

JE SUIS seule dans la chambre avec Wolfgang. Je regarde son ventre se gonfler et se dégonfler, en priant pour que ce geste ne s'arrête pas.

  Sa main droite emprisonnée dans mes mains, je lui raconte ce qu'il rate. Je sais qu'il ne m'entend pas, mais j'ai besoin de lui parler.

  — Wolf, je ne t'ai jamais parlé de Charlie. Je pense que c'est le moment de le faire. Tu ne m'entends pas et, c'est peut-être mieux ainsi. Seulement, j'ai envie que tu saches qu'il existe. Au moins, je ne pourrais pas dire que je ne t'en ai pas parlé.

  Je serre un peu plus fort sa main dans les miennes. J'aimerai que, comme dans les films, ses doigts bougent et qu'il se réveille. Cependant, ce n'est pas ce qui est en train d'arriver.

  — J'ai rencontré Charlie il y a trois mois. C'est un type génial, je suis sûre que tu l'adoreras. Il est avec Winston dans le couloir. Je les ai viré de la chambre pour n'être qu'avec toi. J'imagine que Winston te l'a déjà dit, mais il a remporté le championnat. Je suis tellement fière de vous deux, si tu savais. J'espère que tu le sais.

Ma voix se brise. La sensation de parler à un mur est terrible. Je veux retrouver mon frère. Je veux retrouver son sourire et ses mimiques.

— Charlie m'aide à devenir une meilleure version de moi. Il me rend heureuse, je continue, essayant de retenir mes larmes. Quand tu te réveilleras, je te le présenterai. Winston le trouve très sympa. Au fond, je sais qu'il lui faudra du temps pour accepter que j'aime un garçon mais, c'est un bon début.

Je pose mon front sur celui de Wolfgang avant de fondre en larmes. Voir toutes ces machines et entendre tous ces petits bip en permanence, c'est déprimant.

— Tu me manques, je chuchote. Tu me manques tellement.

Je relève doucement ma tête et regarde les paupières closes de mon frère.

— Réveille-toi. J'ai besoin de toi. Comment pourrais-je vivre sans toi ? Le quotidien est tellement dur depuis que tu es dans le coma. Plus personne ne sourit. Wolfgang, je ne te le dis jamais mais je veux que tu saches que je t'aime. Tu es le meilleur des frères dont on puisse rêver. Tu es et tu seras toujours mon modèle. J'ai un profond respect pour toi. Tu ne te laisses jamais abattre. J'aimerai être comme toi plus tard.

Toujours sa main dans les miennes, je me repositionne correctement dans mon fauteuil, m'éloignant de mon frère. J'ai l'impression d'être près et si loin de lui à la fois. Il est devant moi et pourtant, j'ai l'impression qu'il ne l'ait pas. C'est très déconcertant.

Plusieurs tocs se font entendre sur la porte. Je me redresse. Un infirmier entre.

— Bonjour, commence-t-il, l'air enjoué.

Je me lève du fauteuil et repose la main de mon frère. Je croise mes bras.

— J'ai une très bonne nouvelle ! Nous allons sortir votre petit-ami de son coma artificiel.

— C'est mon frère, je rectifie avant de laisser un grand sourire planer sur mes lèvres.

Je regarde Wolf. Plus que quelques heures avant que je revois enfin son sourire. Enfin.