𝐓𝐇𝐄 𝐌𝐔𝐑𝐏𝐇𝐘𝐒

28 . interview

WINSTON MURPHY

J'ENTRE DANS la pièce dans laquelle je vais faire une interview. Ma première grande interview depuis ma victoire au championnat.

Dans la pièce, il y a un grand fond vert, et un tabouret devant, au centre. Il y a quatre caméras et beaucoup de personnes qui vérifient que tout soit parfait. J'ai l'impression d'être un prince ces derniers jours. On me traite comme si c'était la chose la plus exceptionnelle qui soit arrivée depuis des décennies — alors qu'il y a eu le mariages de Kate et William entre-temps.

— Bonjour ! s'exclame la femme qui va m'interviewer.

Elle me tend sa main, que je sers. Elle me fait signe de m'assoir sur le tabouret.

J'ai fait le déplacement de Rio à Washington. J'ai très hâte de retrouver mon petit appartement confortable à Dublin demain. J'ai besoin de vrai repos.

  Je suis venu seul à Washington. Mes parents sont rentrés à Dublin avec Wolfgang, Leighton et Charlie. Nous sommes restés trois jours de plus à Rio afin que mon frère reste sous surveillance quelques jours encore.

  Je loge dans un hôtel juste pour cette nuit. J'ai dit à ma famille que ce n'était pas nécessaire de venir dans la mesure où je n'aurais pas de temps à leur accorder.

  J'ai eu des nouvelles d'Erin. Elle est bien rentrée à Atlanta. Elle reprend le travail aujourd'hui. J'aurai sûrement de ses nouvelles pendant sa pause.

  Wolfgang va mieux, du moins c'est ce qu'il prétend. Mais je ne veux pas le brusquer, j'attendrai qu'il soit prêt à me parler de tout ça. Je pense qu'il lui faudra un petit temps pour se remettre de tout ce qui s'est passé. Il n'aime pas être au centre de l'attention, je sais qu'il a regretté de nous avoir tous réunis ici alors que nous avions notre vie.

  — Vous êtes prêt ? me demande l'intervieweuse.

  — Prêt.

  — C'est parti alors !

  Je vois les caméraman se mettre parfaitement en place et démarrer leur outil de travail.

  — Winston Murphy, bienvenu sur le plateau de Sports Time. Aujourd'hui, nous parlerons évidemment de votre parcours dans le championnat international des espoirs de la boxe, mais aussi de votre parcours en général.

  J'hoche la tête.

  — Tout d'abord, félicitations.

J'hoche la tête en signe de remerciement. Ces derniers jours, j'ai reçu beaucoup de félicitations. J'ai pris quelques jours à réaliser que c'était moi le gagnant du championnat. Puis, quand le moment de réalisation est enfin arrivé, j'ai organisé une fête avec mes amis et ceux de Wolfgang. Je dois avouer que ça faisait longtemps que je n'avais pas vu un sourire si sincère sur les lèvres de Wolfie. Il est toujours heureux quand nous sommes entourés de nos amis et de notre famille. Le fait de revenir à Dublin l'a beaucoup aidé à retrouver le sourire. Je pense que Rio de Janeiro est un endroit où il ne remettra plus jamais les pieds. Et moi non plus, je pense.

— Quelles ont été vos motivations ?

— J'ai toujours aimé ce sport. Ma plus grande motivation, c'était de gagner et de me faire connaître dans le monde. Mais c'était aussi de rendre fière ma famille. Je pense que j'ai accompli ma mission.