𝐓𝐇𝐄 𝐌𝐔𝐑𝐏𝐇𝐘𝐒

20 . coupure d'électricité

WINSTON MURPHY

JE SORS de la chambre après que mes parents et ma sœur m'aient désigné pour aller chercher les cafés au rez-de-chaussée. En effet, une tempête se prépare et ma famille a déclaré qu'il était temps d'aller chercher les boissons avant que la machine s'éteigne.

  Il est dix-sept heures. Le vent commence à se lever mais le pire reste encore à venir. Nous avons déjà reçu quelques alertes sur nos téléphones pour nous indiquer de rester à l'intérieur, en sécurité.

  Maman et papa sont arrivés il y a vingt minutes. Ils constatent durement l'état de Wolfgang. Leighton les soutient et, pour être honnête, ça me fait du bien de sortir. L'ambiance commençait à devenir trop pesante pour moi, j'avais besoin de prendre l'air. Alors quand j'ai été désigné, je n'ai pas rechigné.

  Arrivé dans le couloir et une fois la porte fermée, je m'autorise à respirer un bon coup. Je tente de reprendre mes esprits. Cette situation me semble soudainement insurmontable.

  Je marche dans le couloir jusqu'à l'ascenseur le plus proche. Nous sommes au quatrième étage de l'hôpital. De là où nous sommes, il n'y a pas intérêt à avoir le vertige.

  J'appuie sur le bouton de l'ascenseur avant de fourrer mes mains dans mes poches. Je dois arborer un air blasé, mais je n'arrive pas à faire mieux.

  De plus, entendre tous les médias parler de cette tempête m'apporte de l'inquiétude. Elle est décrite comme violente et beaucoup de dégâts sont attendus. Pas très rassurant.

  Les portes de l'ascenseur s'ouvrent. Heureusement, il n'y a personne. Je n'ai pas à faire bonne figure devant quelqu'un. J'entre à l'intérieur et me place dans un coin. Mon regard se perd rapidement tandis que je lâche un long soupir. Les portes ne tardent pas à se refermer.

L'ascenseur s'arrête deux étages plus bas. Les portes s'ouvrent sur Erin Lewis, la kiné que je tente d'éviter depuis le début de l'aventure.

Elle entre et m'adresse un petit sourire. Je lui rends son sourire. Je n'ai pas envie de me faire violence pour ne pas le faire. Elle ne le mérite pas.

— C'est étrange que la première fois que vous me sourissiez soit dans ce contexte, commente-t-elle, les mains dans les poches de sa veste en jean.

Elle s'appuie sur la paroi de l'ascenseur, en face de moi. Je la regarde, comme si elle était un ange, comme si sa présence ici n'avait rien d'un hasard. Cette fille n'est pas comme les autres, j'en suis sûr. Elle dégage quelque chose de différent.

Les portes se referment.

— Il y a une première fois à tout, je réplique sans grande conviction.

Soudain, les lumières se mettent à clignoter.

— Non, y'a pas intérêt à ce que ce soit lié à cette foutu tempête, je déclare sur un ton irrité.

Puis l'ascenseur s'arrête complètement. J'ai l'impression que je vais faire une syncope. Il fait tout noir.

Je sors mon téléphone et allume la lampe de poche. Erin s'assoit par terre, la respiration saccadée.

— Tout va bien ? je demande en m'approchant d'elle.

— A votre avis ? réplique-t-elle sèchement en reculant.