Les malheurs d'Endora ~ Terminée

Chapitre 32 partie 2

La matinée passa lentement. Je fis une petite sieste, histoire de me reposer, car nous nous étions levés très tôt. Je me débarbouillai le visage et je restai allongée dans mon lit à me demander laquelle de mes hypothèses sur Lohan était la bonne. Finalement, j'avais opté pour la seconde qui me paraissait être la plus plausible.

Peut-être qu'il avait fini par avoir peur des espaces fermés à cause de ce que sa mère lui avait fait subir. Ça expliquerait tout.

Malheureusement, une part de moi-même ne cessait de me chuchoter que c'était peut-être de ma faute, que j'avais fait quelque chose de mal. Peut-être qu'il m'en voulait, que quelque chose lui avait déplût. Je ne l'admettrais jamais devant qui que ce soit pourtant, ça faisait mal et mon cœur se serra à cette idée.

Une cloche annonça les douze coups de midi. A contre-cœur – car je devais bien reconnaître que rester avachie dans mon lit sans rien faire était un véritable plaisir -, je me levai pour aller retrouver la lumière du jour.

Bien en dessous de moi, j'entendais le glissement de l'eau sur la coque en bois. Le vent fouettait mon visage et faisait voler mes cheveux détachés. Mon estomac effectua un double salto à la pensée de ce qui se trouvait sous mes pieds et des créatures maléfiques qui nageaient sous moi.

Des gouttes d'eau du Canal des Murmures atterrirent sur ma joue et cela me dégoûta. Qui savaient quelles bêtes effroyables avaient touché cette même eau qui venait d'arriver sur mon visage.

Il y avait énormément de monde sur le pont et je me sentais toute petite. Je ne savais pas quoi faire et je n'osais pas demander à quelqu'un. Tous semblaient attentifs à leurs tâches et personne ne me remarqua.

— C'est étrange, n'est-ce pas ?

Je me retournai vers la voix grave qui venait de me parler pour me retrouver nez à nez avec Branack en tenue de capitaine flamboyant. Il portait un chapeau rouge et or avec une veste de la même teinte qui semblait avoir été faite par les mains les plus délicates de la région. Une épée incurvée pendait à sa ceinture noire.

— Quoi donc ? demandai-je en arrêtant de l'observer.

— Cette sensation d'inconnue lorsque l'on navigue. Cette angoisse et cette excitation à la fois. Vous la ressentez ?

Personnellement, c'était surtout la peur que je sentais grandir au fond de moi. Ne sachant pas si le capitaine de la Princesse des Mers aimait être contrarié, je fis comme si de rien n'était.

— Qu'est-ce que je peux faire ?

— Verena vous a donc expliqué, souligna-t-il en riant.

Son timbre de voix était granuleux. Un petit accent venait l'adoucir.

— Oui, elle a été très claire.

— Ne lui en tenez pas rigueur, elle tient ce bateau d'une main de maître et c'est grâce à elle que nous arrivons à fonctionner. Venez avec moi, continua Branack. Je vais vous occuper.

Le navire tanguait et je tentai de faire abstraction de mon ventre qui en faisait des siennes. C'était compliqué quand notre estomac ne cessait de virevolter, aller de haut en bas...

Je ne pus pas m'empêcher de me demander où était Lohan et ce qu'il pouvait bien faire.

Je calai mon pas sur celui de Branack en essayant de m'auto-convaincre que j'étais sur la terre ferme et non sur de l'eau. Le capitaine du navire m'emmena vers l'avant du bateau. Une sorte de mezzanine avait été construite. Un homme tenait le gouvernail, son attention concentrée au maximum sur le Canal des Murmures qui s'étendait à perte de vue devant nous.