Je retrouvai Elia dans ma chambre. Elle courrait de tous les côtés et elle souffla de mécontentement lorsqu'elle m'aperçut. En même temps, je devais faire peur à voir avec mes joues probablement rouges comme une pivoine et mon pantalon troué. Mon dernier combat avec Carmin Void m'avait épuisée.
— Je savais que vous ne résisteriez pas, râla-t-elle. J'aurais dû dire à Maître Void de ne pas vous fatiguer avant votre départ !
— Elia...
Elle ne répondit pas et continua à courir dans toute la chambre pour me donner un nouveau pantalon que j'enfilai rapidement. Elle était essoufflée et, pire que tout, elle parlait toute seule ce qui ne lui arrivait que lorsqu'elle paniquait.
— Elia...
Toujours aucune réponse.
— Elia, criai-je d'un ton dur pour qu'elle cesse de gigoter.
Cela eut l'effet escompté et elle me fixa avec des yeux larmoyants comme si elle s'apprêtait à fondre en larmes.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
Ma voix avait baissé d'un ton pour l'inciter à se confier si elle le souhaitait. Pourquoi était-elle dans cet état-là ? Était-ce à cause de fait que je m'étais énervée il y a quelques minutes ?
— Vous allez vous faire tuer, Votre Altesse !
Elia pleurait à chaudes larmes. Son corps entier était secoué par les sanglots et entendre ses hoquets résonner dans mes oreilles me fit mal. C'était la première fois que je la voyais dans cet état et je savais déjà que je ne voulais plus assister à ça de toute ma vie. Avait-elle vraiment peur pour moi ?
— Elia, respirez.
Cela ne marcha pas et je me contentai de regarder la scène, impuissante. Je voulais la rassurer, la prendre dans mes bras, la laisser pleurer sur mon épaule, mais j'ignorai comment elle allait réagir. De plus, j'étais à peu près certaine que je ne supporterais pas d'être repoussée par la seule personne qui se souciait de moi – avec Void.
Finalement, n'y tenant plus, je pris ses mains entre les miennes.
— Tout ira bien, assurai-je pour qu'elle se calme.
Elle ne m'écoutait toujours pas. Elle semblait s'être évadée dans un autre monde. Je ne croyais pas moi-même à ce que je venais de lui dire, mais Elia avait besoin d'être rassurée, pas que je la mette encore plus au fond du trou.
Après cinq minutes à pleurer contre mon épaule, elle redevint enfin maîtresse d'elle-même. J'étais vraiment la pire consolatrice de l'histoire de tout Endora.
— Je vous ai tout mis dans un sac magique sans fond, expliqua-t-elle après avoir repris sa respiration et m'avoir offert un sourire. Il y avait plusieurs tenues de nuit et des tenues de combat. J'ai aussi ajouté la bourse de votre mère, un sac de couchage ainsi que des vêtements plus chauds s'il fait froid et d'autres s'il pleut ou s'il neige. J'ai pris la liberté de vous rajouter une paire de bottes au cas où celles-ci seraient cassées. Et bien sûr, il y a quelques provisions, mais vous devriez passer à Hampstead pour faire le point, cela serait plus sûr.
Elia avait littéralement pensé à toutes les éventualités. Si j'avais dû faire mon sac de voyage moi-même, je n'aurais pas pensé à mettre les trois quarts des choses qu'elle venait d'énumérer.
L'avantage des ganbuns – le sac magique qu'Elia m'avait rapporté de ses quartiers « peu fréquentables pour une princesse » -, c'était qu'on pouvait mettre tout ce qu'on voulait dedans, mais surtout que le poids était infime. En effet, grâce à nos chimistes les plus renommés qui avaient collaboré sur le projet, le sac était léger comme une plume et, peu importe ce que l'on mettait dedans, le poids restait toujours le même – environ dix kilos maximum. Plus le poids était léger et plus le prix était cher. Le mien devait peser environ cinq kilos et c'était déjà cinq de trop à mon avis, mais je n'allais pas m'en plaindre.
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Les malheurs d'Endora ~ Terminée
ParanormalEt si l'histoire de la Belle au bois dormant n'était pas vraiment terminée... Aliona, la fille de la Belle au bois dormant n'un qu'un seul et unique but : tuer le fils de Maléfique pour se venger et enfin devenir reine. Mais, quand elle croise la...