Chapitre 32 partie 3

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Je pris congé de Branack et partit rejoindre Verena en évitant soigneusement de croiser Lohan et sa nouvelle « amie ».

Le bateau était tellement immense que le trajet d'une extrémité à l'autre me parut interminable.

— Je viens vous aider, annonçai-je à Verena qui était de dos.

— Venez.

Je m'assis à côté d'elle. Devant nous était posé un énorme coffre en bois rempli d'or, d'argent et de bijoux. Je n'avais jamais vu autant de richesses réunies dans un si petit coffret et pourtant, je m'y connaissais.

— Pourquoi prenez-vous la peine de trier votre butin ?

— Une partie est reversée à des personnes nakasiennes dans le besoin.

— Vraiment ?

Elle rigola comme si ma question était la plus débile qu'elle ait jamais entendue.

— Nous vandalisons les bateaux d'Ange et des riches nakasiens. Nous sommes de pirates. Pas des meurtriers sanguinaires et sans pitié. Tout ce que nous faisons, c'est pour le bien de Nakas. Vous devriez savoir de quoi je parle.

Pour moi, pirate et tueur n'allaient jamais l'un sans l'autre. Je n'avais jamais pensé qu'il pouvait exister une réalité tout autre derrière ce terme si négatif. Au final, ils étaient juste des personnes qui luttaient contre l'ennemi commun de cette terre pour tenter d'améliorer le quotidien de personnes en souffrance.

Je ne répondis pas à sa dernière phrase, ignorant si j'étais bien placée pour le faire ou non.

— C'est un joli geste. Qu'est-ce que je dois faire ?

— Vérifier la validité de l'or. Mettez les pièces dans des bourses. Il faut qu'il y ai cinq-cents soraks dans chacune d'elles.

— D'accord. Mais quand allez-vous les donner ?

— À notre prochaine escale.

Elle leva les yeux au ciel et recommença à compter. Je fis de même en me concentrant pour ne pas me tromper. J'étais tellement attentive aux moindres de mes gestes que cela fit rire Verena. Il fallait dire pour ma défense que je n'avais jamais compté de l'argent auparavant. Au palais, nous avions plusieurs comptables qui s'occupaient de gérer nos finances.

Dans le silence, nous continuâmes cette activité pendant des heures. Cela me faisait du bien. Je ne pensais à rien d'autre qu'à noter sur le papier que m'avait donné Verena toutes les choses présentes dans le coffre et à faire des bourses qui allaient être redistribuées ensuite.

Pour la première fois de ma vie, j'avais l'impression d'être utile et de servir une véritable cause.

— Merci beaucoup de m'avoir aidée, Aliona.

— C'est terminé ? questionnai-je en relevant ma tête de mes relevés de comptes.

— Oui, d'autres personnes s'en chargeront.

— Où puis-je encore être utile ? enchaînai-je immédiatement.

J'avais aimé qu'aucune pensée parasite ne vienne troubler mon calme. J'avais aimé ne rien ressentir et entendre le silence dans mes entrailles – silence qui était rarement là depuis que mon pouvoir s'était manifesté pour la première fois. Je ne voulais pas que ça s'arrête maintenant.

— L'heure du dîner approche, tout le monde doit avoir fini ses tâches maintenant. On se retrouve dans une vingtaine de minutes pour manger.

J'étais déçue et je n'eus pas besoin d'utiliser beaucoup de talent pour le cacher. Prenant congé de Verena, je retournai dans ma chambre en essayant de me rassurer comme je le pouvais à chacun de mes pas.

Les malheurs d'Endora ~ TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant