Chapitre 25 : Lohan

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— Comment vous sentez-vous ? demandai-je quand Aliona fut bien réveillée.

— Bien.

C'était évidemment un mensonge, mais j'avais saisi le message : elle ne voulait pas en parler.

— Expliquez-moi quel est votre pouvoir. Je veux comprendre.

Une expression déterminée s'afficha sur son visage de marbre. Elle avait remis une barrière entre nous pour se protéger, refoulant toutes ses émotions au plus profond d'elle-même. Cela faisait plusieurs mois que je vivais avec elle tous les jours, je commençais à bien la connaître.

Aliona avait revêtu sa carapace pour que je la laisse en paix et je la comprenais. Néanmoins, je savais que son air résolu était feint, que c'était ce qui lui permettait de rester debout. Au fond, elle ne demandait qu'à s'effondrer.

Pourtant, si je l'incitais à me parler, elle allait encore plus se braquer et ce n'était pas ce que je voulais, loin de là. Malgré le pincement au cœur que je ressentais à l'idée qu'elle ne se confie pas à moi, j'acceptai de changer de sujet comme elle le voulait.

— Ce type de pouvoir est héréditaire. Mes ombres se comportent comme des armes. Je fais souffrir avec elles, c'est tout ce que je peux faire. Manipuler les choses grâce à elles pour qu'elles se transforment en instrument de mort ou pour tromper les autres, les contrôler et les manipuler pour leur faire du mal.

— Pourquoi cette couleur blanche ?

— Je n'en sais rien.

— Quoi vous les a transmises ?

— Ma mère.

Je n'ajoutai rien de plus. Les souvenirs étaient bien trop douloureux. Ils m'avaient trop détruits. Instinctivement, je pensai aux vilaines cicatrices dont mon dos était couvert. Je ne savais pas si Aliona les avait déjà vues. En tout cas, elle ne m'en avait jamais parlé. Tout comme je n'avais jamais évoqué sa cicatrice sur son cou.

— Et pour moi ? continua-t-elle.

— Je ne sais pas vraiment. Seul l'entraînement permettra de connaître l'étendue de votre pouvoir. Il semble être contrôlé par vos émotions les plus fortes. Ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est comment vous avez hérité de ce pouvoir. Normalement, c'est héréditaire et je ne crois pas que vos parents en aient.

Elle hésita.

— Je pense savoir d'où ils viennent, mais je ne suis pas sûre.

Sa voix était plus vide que d'habitude, comme si chaque mot qu'elle prononçait lui coûtait. Elle se forçait pour donner le change, pour faire comme si tout allait déjà mieux. Elle essayait de se mentir à elle-même en espérant que cela l'apaiserait et que son cerveau allait croire qu'elle ne souffrait plus. J'avais déjà testé cette technique de nombreuses fois, je savais reconnaître quand quelqu'un l'utilisait. Elle ne marchait jamais.

— Dites toujours.

— Lors de ma naissance, ma mère et moi étions en train de mourir. Mon père a fait appel à toutes les fées endoraces pour nous sauver.

— Les sept fées créées par les Dieux ?

D'après ce que je savais, il y en avait huit en tout. Maléfique était la dernière, façonnée de toute pièce par Xysuna, déesse du chaos.

— Oui. Elles ont réuni leurs pouvoirs et ça a marché. Mais quand nous avons ouvert les yeux, une des leurs avait disparu : Amaryllis. Son pouvoir se manifestait par une brume noire avec des étoiles. On disait que c'était elle qui était à l'origine des émotions les plus fortes que ressentaient les gens. Elle était imprévisible, terriblement puissante et ses émotions dominaient ses ténèbres. Mais personne n'a jamais su décrire son pouvoir. D'après ce qu'on m'avait dit, elle arrivait à manipuler les gens pour qu'ils ressentent un certain sentiment. Elle pouvait lire dans leurs cœurs. Pensez-vous qu'elle ait pu me transmettre une partie de son pouvoir en disparaissant ?

Les malheurs d'Endora ~ TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant