Les malheurs d'Endora ~ Terminée

Chapitre 39

Lohan venait de partir pour aller je ne savais où. J'aurais aimé qu'il vienne danser avec moi, mais je n'avais pas osé lui demander, de peur d'être rejetée. Au final, j'étais restée là, à danser sous le clair de lune.

Les étoiles brillaient au-dessus de moi. La lune m'enveloppait de sa lueur claire et douce qui dégageait pourtant tant de force. Ce soir, le ciel semblait me sourire et je n'allais pas m'en plaindre.

La journée avait été rude. Cette parenthèse était plus que méritée pour nous tous.

Ici, sous les étoiles, savourant les accords qui s'enchaînaient avec les yeux fermés, je me sentais libre. N'était-ce pas le plus important après tout ?

La musique se stoppa et je partis m'asseoir sur un des coussins libres. Un mouvement attira mon attention sur ma gauche. Je crus un instant que c'était Lohan, mais non. Je fus presque déçue en constatant que c'était Verena.

— Vous dansez divinement bien.

— Merci, Verena.

— C'est votre mère qui vous as appris ?

— Un peu.

Le silence se fit dans ma tête. En réalité, c'était un professeur terriblement sévère qui m'avait appris à danser sur ordre de ma mère. J'étais toujours dans le déni le plus total par rapport à ce qu'elle m'avait dit, digérant amèrement ses paroles qui faisaient toujours aussi mal. Si une attaque avait eu lieu à Endora, Branack et Verena l'auraient appris, non ?

— Je sais ce que vous ressentez, Aliona.

J'en doutais car moi-même je l'ignorai. Je n'eus cependant pas la force de la contredire.

— Les familles compliquées, ça me connaît.

À ce stade, je n'étais même plus sûre que l'on puisse parler de compliquer et encore moins de famille.

— Vous ne vous êtes pas fait kidnappée de chez vous par Branack, devinai-je en ne sachant pas si je pouvais aborder le sujet.

J'y avais réfléchi quelque instant et ce que m'avait raconté Lohan n'était pas cohérent avec ce que m'avait dit Verena lors d'une de nos discussions.

— Non, en effet. Il ne l'admettra jamais, mais je crois qu'il voulait le faire au départ. Je l'ai juste devancé en m'enfuyant du palais d'Auribonne et en tombant sur son bateau. Je savais que c'était le seul moyen pour moi de me délivrer du joug de ma famille, alors j'ai convaincu Branack de m'emmener avec lui contre de l'argent. Il a accepté et nous sommes immédiatement partis d'Auribonne à bord de son petit bateau.

— Qu'a donc fait votre famille pour que vous décidiez de vous enfuir ?

— Ils voulaient me marier avec un homme ignoble de trente ans de plus que moi. On disait qu'il avait tué sa précédente femme. Il était juste riche et c'était tout ce qui intéressait ma famille.

L'horrible goût de la trahison me brûla la gorge. Ma mère avait fait la même chose, réduisant à néant toute l'estime que j'avais gardée pour elle.

— J'étais considérée comme une rebelle, vous savez, reprit Verena en souriant tristement. Contrairement à mes sœurs, je n'aimais pas les bals, l'étiquette et l'hypocrisie de la Cour. Sauf que le destin a fait que j'étais l'aînée d'une famille de trois filles et que c'était à moi d'honorer le nom de la famille royale d'Auribonne.

Je connaissais sa famille, ils étaient venus au palais quelques fois. Je connaissais aussi son histoire, bien qu'à Endora la version était tout autre. En apparence, ils étaient tous parfaits, mais c'était l'image que tout le monde souhaitait donner dans mon royaume.Un pays de faux-semblants et rien de plus.