Chapitre 5

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Elia avait raison, je devrais passer par Hampstead ne serait-ce que pour que Loya puisse se reposer. C'était la seule ville sur mon itinéraire.

Au départ, le palais était entouré d'un petit village qui avait été détruit par Maléfique car les fées n'avaient pas réussi à l'abriter sous un bouclier de sommeil comme les autres villes.

Hampstead se trouvait à plusieurs heures de galop le long de la Damona – rivière qui traversait Endora pour se jeter dans l'Abysse Tranquille, la mer à l'ouest du royaume.

Là-bas, j'avais récupéré un peu de provisions, je m'étais baladée pour laisser Loya se reposer et, comme la nuit tombait rapidement, j'avais décidé de rester dormir dans une auberge obsolète du centre-ville.

Le chemin vers Nakas dura quatre jours. Je commençai à rationner les provisions, car je n'avais pas le temps de me rallonger pour passer dans une autre ville.

Les nuits à la belle étoile avaient été mitigées. Je n'avais pas vraiment fermé l'œil. Chaque bruit réveillait mes instincts les plus primaires. La lumière était trop vive et je m'éveillais en même temps que le soleil, à l'aube.

À la fin du quatrième jour, un mur s'éleva à une hauteur vertigineuse dans le ciel. J'avais étudié la géographie de Nakas – assez approximative, car on ne savait pas si des gens étaient réellement allés en territoire ennemi et avaient été assez vivants pour en faire des cartes – avec Void et je savais que la seule ville à posséder de tels remparts était Neodrach.

Neodrach était à la frontière entre Nakas et Endora. D'après les rumeurs, ce mur protégeait ses habitants des monstres de la Forêt de la Mort. Ici, personne ne se souciait de savoir si vous étiez nakasien ou endorace. Neodrach était réputée pour être une ville violente où de nombreux conflits éclataient. Cette cité n'obéissait à aucune loi, juste celle du plus fort pour désigner son chef et le reste suivait son cours sans rien demander aux royaumes voisins.

Les portes de la ville étaient ouvertes et des gardes armés de pied en cap se tenaient sur tout le long de la muraille en pierre.

Une brise forte et glaçante s'insinua entre mes vêtements lorsque j'entrai dans l'enceinte de la cité, m'obligeant à sortir mon manteau noir à capuche. Ici, la ville n'était pas soumise au pouvoir des fées. C'était l'hiver mais, contrairement à Endora où il faisait dix degrés voire un peu moins, la température descendait en dessous de cinq degrés.

C'était la première fois que je sentais la morsure de l'hiver sur moi et je trouvai ça doux et piquant à la fois. L'air paraissait aussi tranchant qu'une lame, mais il donnait aussi l'impression de nous envelopper dans sa fraîcheur vivifiante.

Marchant aux côtés de Loya, j'observai les alentours. La ville était colorée et pleine de vie. De nombreux restaurants éclairaient les petites rues animées et des guirlandes de lumière avaient été mises un peu partout, créant une ambiance chaleureuse et attirante.

Ne voulant pas être reconnue par un potentiel nakasien, je rabattis ma capuche et me mis à la recherche d'un endroit où je pourrais me poser pour manger un bon plat chaud.

Alors que j'arpentai les rues, une musique se fit entendre avec la voix d'une femme au premier plan. Je n'avais jamais rien écouté de pareil. Chez moi, chanter par-dessus une musique instrumentale était un outrage à la reine Aurore. A Endora, on ne chantait que pour soi-même ou pour les animaux, pas pour se produire lors d'une soirée et encore moins devant des gens.

Intriguée, j'attachai Loya à un poteau au côté de deux autres chevaux et je poussai la porte.

A l'intérieur, il ne faisait ni chaud ni froid et l'air était chargé de senteurs d'alcools divers et variés. Une grande estrade faisait office de piste de danse et au fond se trouvait un guitariste, une pianiste et un violoniste. Devant eux se dressait fièrement une chanteuse en robe moulante verte avec un maquillage fluorescent pour qu'on la remarque de loin.

Les malheurs d'Endora ~ TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant