Chapitre 37 partie 2 : Lohan

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Autour de moi, les gens s'activaient pour chercher nos blessés et les emmener dans le sous-sol afin de les soigner.

Je n'avais pas vu Aliona et le stress commençait à monter. Et s'il lui était arrivé quelque chose malgré son don inné pour le combat ? Si elle gisait inerte, quelque part sur le bateau, imbibée de son propre sang. La panique me submergea telle une vague. Je me tournai dans tous les sens à sa recherche, jusqu'à ce qu'un flot d'ondulations noires apparaissent dans mon champ de vision.

Je lâchai la respiration que je retenais. Elle était vivante.

— Jetez tous les autres par-dessus bord ! ordonna Branack d'un ton fort en serrant sa femme contre lui. On verra si les poissons veulent d'eux.

Aliona se dirigeait vers un des corps. Je m'approchai d'elle en courant. Tant pis si l'urgence de la savoir saine et sauve se voyait à chacun de mes pas.

— Aliona !

Comme toujours, elle sursauta en ne m'entendant pas arriver. Son visage était pâle, ses yeux brillaient et elle semblait épuisée. Aucune trace de blessure n'était apparente sur son visage, ses bras ou tout le reste de son corps que je voyais.

— Lohan. Nom des dieux ! Vous êtes blessé !

Complètement paniquée, elle se rapprocha de moi pour m'observer sous toutes les coutures. Ses mains saisirent mon visage, le tournant pour vérifier que tout allait bien. La lueur de peur qui habitait ses yeux ne m'échappa pas et un frisson me parcourut lorsque je réalisai qu'elle s'inquiétait pour moi.

— Ce n'est pas mon sang, lui appris-je d'une voix éteinte. Enfin pas totalement le mien.

J'avais la nausée. Chaque mot me coûtait. J'avais honte d'avoir ôté la vie de ces gens, de les avoir tués en ayant eu le choix.

— Lohan, vous n'aviez pas le choix.

Ses doigts délicats relevèrent mon menton pour me forcer à ancrer mon regard dans ses yeux violets. Aliona semblait avoir lu dans mes pensées. Elle me cernait mieux que la plupart des gens. Elle me comprenait et je savais que tous ces morts l'avaient aussi chamboulée.

Pour la rassurer, je lui adressai un faible sourire. Elle vacilla légèrement et je me précipitai vers elle.

— Aliona, vous vous sentez bien ?

Elle paraissait vraiment à bout de force. Sans crier gare, ses jambes lâchèrent et elle tomba sur le sol en grimaçant lorsque ses genoux touchèrent le bois dur du bateau.

— Vous avez été touchée ?

Une peur inédite prenait possession de moi. Putain de merde ! J'avais dû rater quelque chose !

— La main.

En effet, une longue entaille que je n'avais pas vu barrait toutes la paume de sa main droite et du sang coulait sur son poignet. Ce n'était pas assez grave pour que ce soit ce qui la mette dans cet état.

— Que s'est-il passé ? m'enquis-je.

— Mes pouvoirs, balbutia-t-elle d'une voix brisée. Je ne voulais pas... les utiliser, je m'y refusais. C'était comme si... comme si on me tuait de l'intérieur.

Je pensais savoir à quoi elle faisait allusion. Dans ce genre de situation, nos pouvoirs étaient censés nous maintenir en vie, ils ne demandaient qu'à prendre le contrôle de nous-mêmes et à tout ravager sur leur passage. Si Aliona avait résisté, elle s'était battue contre elle-même en plus de nos adversaires. On ne pouvait pas lutter contre soi-même, cela nous vidait de nos forces vitales.

Les malheurs d'Endora ~ TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant