Chapitre 9

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L'air était toujours aussi froid que dans la ville. La seule différence notable était le bruit du vent hivernal sifflant dans les feuilles des hauts arbres de la forêt. Il y en avait de tous les côtés, formes imposantes et centenaires. C'était l'hiver, mais aucun arbre ne semblait avoir été affecté par la dure saison car ils avaient tous gardé leur feuillage vert éclatant de vie.

— C'est une forêt éternelle. Les végétaux échappent aux saisons et restent comme ça toute leur vie, m'apprit Lohan en me rejoignant. L'inconvénient, c'est que les températures varient en fonction de l'année, compléta-t-il en se frottant les bras énergiquement.

Le sol n'était plus en pavé ou en béton, mais en terre. Un large sentier serpentait entre les arbres pour mener probablement vers les autres villes de Nakas.

— Nous devons aller jusqu'au Canal des Murmures et nous éloigner des routes principales, annonça Lohan.

Je ne pus qu'être d'accord avec lui.

— On va trouver un endroit discret où l'on pourra passer une nuit tranquille.

La route allait vers notre gauche et nous nous dirigeâmes droit devant nous pour nous en écarter. Il régnait dans la forêt une atmosphère mystique, presque divine. Pourtant, le bois était aussi apaisant que terrifiant. Mes sentiments face à cet endroit étaient mitigés et contradictoires. Un coup je l'appréciais, savourant le calme qu'il me procurait et, le coup d'après, je le haïssais car mon cœur s'emballait dès qu'il entendait le moindre bruit.

Comme nous étions en plein hiver, le soleil déclinait rapidement, teintant le ciel de couleurs vives. Le rose se mélangea au violet pour finir par du jaune qui vira au rouge. Je n'avais jamais admiré un coucher de soleil dans une forêt et je devais reconnaître que le spectacle valait le coup d'œil. Plusieurs fois, j'ouvris la bouche d'admiration devant tant de beauté.

— Je pense qu'ici fera l'affaire.

Lohan venait de dénicher une cavité rocheuse qui allait nous abriter pour la nuit. Je sortis mon duvet que je posai à même le sol granuleux. Lohan m'imita.

Nous avions marché pendant pas loin de quatre heures et aucun de nous n'avait décroché le moindre mot pendant la route et encore moins pendant nos pauses. L'eau diminuait bien plus vite que ce que j'avais cru possible et nous allions devoir trouver rapidement une solution.

D'après Lohan, nous étions encore à au moins une semaine de marche – peut-être même deux semaines en fonction de comment on avançait - pour atteindre le Canal des Murmures

Pendant qu'il s'installait, je sortis notre repas du soir. Au dîner, une portion de protéines pour deux ainsi qu'une de légumes. Pour les biscuits, nous en prîmes chacun un paquet.

Lohan trouvait ça potable et il affirmait qu'il avait déjà mangé pire que ça dans sa vie. Pour mes papilles, c'était un calvaire gustatif sans goût et sans odeur.

— Pas à votre goût, princesse ?

— Ne m'appelez pas comme ça.

— C'est pourtant ce que vous êtes, non ?

Le son de son rire profond résonna dans l'air et le silence nous enveloppa, troublé uniquement par les bruits des oiseaux qui chantaient. Petit à petit, la luminosité faiblit et le ciel se para d'un beau bleu foncé tacheté d'étoiles lumineuses.

Être dans la grotte nous protégeait des vents violents et de la fraîcheur nocturne et j'accueillis ça avec un immense soulagement. Je n'avais jamais dormi dehors en plein hiver et je devais reconnaître que je redoutais le froid.

Les malheurs d'Endora ~ TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant