Chapitre 44 pdv Lucie

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— Je veux partir, asséna Lucie avec conviction.

— Non, refusèrent les jumeaux en même temps.

Ils ne la regardaient même pas, se contentant de lire un magasine sur leur lit.

— Vous êtes ridicule.

— Si tu le dis.

— Mais enfin ! protesta-t-elle en désespoir de cause. Cela fait des semaines qu'on se prépare, on a déjà dû reporter, on ne va pas annuler !

— On peut, fit Fred.

— C'est même ce qu'on est en train de faire.

— Je ne fais même plus de cauchemar ! bouda-t-elle en s'asseyant au bout d'un lit.

— Seulement parce que tu as trouvé une parade.

— Une parade inacceptable, conclut Fred.

Lucie poussa un long soupir en passant sa main sur les bijoux qu'elle avait demandé à Charles. L'autre Lucie les avait souvent utilisés alors qu'elle-même n'en avait jamais eu l'utilité. Des bracelets de contrôle.

Le matériau nécessaire pour les fabriquer, des os de dragons, agissait de manière à neutraliser partiellement ses pouvoirs. Par la même occasion, il bloquait également ses rêves et lui permettait de passer des nuits correctes.

C'était une solution qu'elle trouvait particulièrement agréable mais ce n'était pas du goût des jumeaux.

— Moi, je ne vois aucune différence... grommela-t-elle tout bas.

— On avait remarqué, déclara George en tournant une page.

— C'est pour ça qu'on proteste, enchaina Fred en faisant la même chose.

Ça pour protester... ils lui faisaient presque la guerre et ils avaient avec eux la meilleure des armes. L'indifférence.

Ils ne lui parlaient que lorsqu'elle leur posait une question ou lorsque c'était absolument indispensable. Ça pourrait paraître inutile mais pour Lucie c'était une terrible punition, presque aussi horrible que ses cauchemars.

— Ça m'aide vraiment...

— Et ça t'enfonce par la même occasion.

— Tu n'es plus la même avec..., expliqua Fred pour la énième fois. Tu ne réfléchis pas de la même façon, tu parles différemment et ton intuition... elle est...

— Assez naze... acheva George.

Lucie eut l'impression d'avoir déjà entendu ça quelque part sans savoir où, peut-être dans les journaux mais les bracelets altéraient aussi sa mémoire.

— On peut quand même partir, même sans mes pouvoirs...

De toute façon, elle arrivait quand même à contourner le bracelet pour ouvrir une porte c'était la seule chose dont elle aurait vraiment besoin là-bas.

— Sans tes pouvoirs ? relevèrent-ils avec sarcasme

— On ne serait pas fichu de faire trois mètres, railla Fred.

— Alors je pars sans vous, déclara-t-elle vexée.

Tu ne serais pas fichu de faire trois mètres.

— Je suis déjà partie sans vous, pérora-t-elle piquée au vif.

— Et tu étais malheureuse comme les pierres, se moqua-t-il.

Le Pouvoir Solitaire, Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant