Le Pouvoir Solitaire, Tome 3

Chapitre 26 pdv Lucie

Passer ses vacances à l'école, Lucie pouvait le faire et ça ne lui aurait pas dérangé si ça avait été vraiment à son école et surtout si ça avait été de vraies vacances. Évidemment, comme rien n'était jamais simple...

— Lucie ! rappela Charles en la faisant sursauter.

Elle s'était prise à regarder par la fenêtre sans l'écouter. Manque de chance, elle était la seule élève... donc rêvasser ne pouvait pas passer inaperçus. Décidemment, ces cours n'étaient pas une bonne idée. Pourquoi avait-elle accepté ?

— Rappelle-moi ce que je disais à l'instant, proposa-t-il l'air piégeur.

Elle ne pouvait pas, il le savait parfaitement. Malgré tout, elle pouvait tourner cela à son avantage. La leçon du jour portait sur les différentes capacités des sorciers possédant le troisième œil. Elle n'avait qu'à dire quelque chose en rapport, ça ne devait pas être bien compliqué.

Ils avaient commencé à parler des ustensiles divinatoires et, notamment, des boules de cristal. Puisque son père avait fini pas savoir sa petite mésaventure de l'année dernière dans la classe de Sybille... Elle n'avait rien fait de travers mais ses parents trouvaient cette pratique un peu trop dangereuse pour une sorcière de son âge.

— Un jour, commença-t-elle sous son regard désapprobateur, j'ai lu qu'une sorcière vivait recluse car elle prévoyait tellement d'évènements qu'elle a failli devenir folle. Elle a fait un potager.

Elle s'attendait à l'habituel discours sur l'importance des cours qui lui dispensait mais elle fit face à un visage décontenancé.

— Où as-tu lu ça ? demanda-t-il stupéfait.

— Euh... je ne sais plus, dans un journal ? proposa-t-elle incertaine.

Charles se leva brusquement sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit. Il disparut par la première porte. Du coin de l'œil, mais sans oser s'approcher, Lucie aperçut une rangée de livre. Il revint quelques secondes plus tard, l'un d'eux dans la main.

— Tu as lu ça ? demanda-t-il contrarié.

— Je ne pense pas... répondit-elle avec honnêteté.

Charles entreprit d'ouvrir une page au hasard et prit un temps avant de commencer à lire :

— 8 juin, 26°C, 8h02, arrosage des radis, je pourrais les cueillir demain.

— 8h30, reprit Lucie automatiquement, tour des tomates, trois ont été mangé dans la nuit, s'occuper des nuisibles.

— Tu l'as lu, reprit Charles avec conviction.

— Non, pas du tout, s'offusqua-t-elle aussi surprise que lui.

— Tu es allée dans la bibliothèque !

— Je ne savais même pas qu'il y en avait une ici ! contredit-elle vexée. C'est la première fois que je vois ce livre !

Charles dû déceler la vérité dans ses paroles car il s'adoucit un peu. Il marmonna dans son coin quelques paroles incompréhensibles en pensant à voix haute. Lucie crut discerner des mots comme « impossible » et son prénom, à plusieurs reprises et comme si elle n'était pas dans la pièce. Il finit par se souvenir de sa présence.

— Tu dois retourner à Poudlard, on arrête le cours pour aujourd'hui, décida-t-il catégorique.

Il lui ouvrit la porte sans lui demander son avis et la congédia sans ménagement. Lucie débarqua dans son propre dortoir, vide pendant les vacances de Noël, et la porte se referma derrière elle.