Le Pouvoir Solitaire, Tome 3

Chapitre 32 pdv Eloïse

 1998

Allongée sur le lit d'Eloïse, Ginny poussa un long soupir rageur.

— Je ne veux pas qu'il parte, se lamenta-t-elle pour la énième fois.

— Il faut bien qu'on quitte Poudlard à un moment donné ! rétorqua Eloïse en continuant de ranger sa chambre.

— Oui mais ensemble ! s'écria-t-elle boudeuse. Pourquoi est-ce qu'il a fallu qu'ils aient un an de plus que nous ?

Elle s'arrêta une minute, réfléchissant à ce qu'elle venait de dire.

— Attends, non, se corrige-t-elle, je n'aurai pas préféré être la sœur jumelle de Ron, Fred et George sont déjà suffisamment agaçant avec leur manie de finir la phrase de l'autre.

Son raisonnement fit sourire Eloïse, d'autant qu'elle y avait déjà pensé. Cela ne l'aurait pas dérangé d'être la sœur jumelle de Harry. Depuis toute petite, elle aurait tellement aimé être née le même jour que lui. Elle n'aurait pas eu à attendre une année toute seule pour entrer à Poudlard à son tour et elle n'aurait pas eu à quitter Poudlard un an après lui, ou plutôt après Drago.

— Il ne reste plus qu'une solution, poursuivit Ginny, il faut qu'ils ratent leur ASPIC et qu'ils redoublent.

Cette fois-ci Eloïse éclata franchement de rire.

— Je doute que ma mère soit d'accord avec ça, s'amusa-t-elle, ni les parents de Drago du reste.

A leur mention, le douloureux souvenir de ses dernières vacances chez Drago lui revint en mémoire. Les Malfoy n'appréciaient pas particulièrement la relation de leur fils. Alors, jusque-là, même s'ils avaient bien compris que Drago ne se rendait chez les Potter pas que pour se trouver avec son meilleur ami, ils pensaient qu'Eloïse n'était qu'une petite amie parmi d'autre, dans le style de Pansy.

Les dernières vacances avaient détrompé leur théorie.

Monsieur et madame Malfoy devaient partir une petite semaine cette été. Profitant de cette occasion d'avoir le manoir pour lui seul, Drago avait invité Eloïse. Seulement, ils étaient rentrés plus tôt que prévus et c'était sa mère, plus que son père, qui avait su interpréter le regard de Drago envers sa petite amie, et le caractère non éphémère de leurs sentiments.

Ses parents avaient alors pris Drago à part pour lui expliquer qu'ils ne toléreraient pas une telle tâche dans l'arbre généalogique familial. Naturellement, tous leurs mots blessants étaient arrivés aux oreilles d'Eloïse qui attendait dans la pièce d'à côté. Drago l'avait bien défendue, tellement que le ton était monté dans les deux parties.

Puis, alors qu'elle ne s'y était pas attendue, un bruit de gifle avait surgie. Personne n'avait rien dit ou bien pas assez fort pour qu'elle puisse l'entendre. Ensuite, Drago était revenu dans la chambre l'air éteint. Il s'était excusé, assez de fois pour qu'elle finisse par lui dire que ce n'était pas nécessaire.

Drago avait raccompagné Eloïse chez elle en passant par la cheminée et il lui avait expliqué certains de leurs mots blessants. Qu'il soit ami avec un sang-mêlé passait tout juste aux yeux de ses parents mais qu'il décide d'avoir une relation sérieuse avec l'un d'entre eux était inacceptable.

— Mais c'est surtout de Lucie qu'ils ont peur, avait-il expliqué, de sa condition de Sol.

— Ça n'a rien à voir avec le sang, avait-elle contredit d'une petite voix, c'est tombé sur Lucie mais ça n'avait rien à voir avec notre famille, ça aurait tout aussi bien pu t'arriver à toi.

— Oui, je sais, enfin moi je le sais. C'est aléatoire. Je sais aussi que Lucie n'est pas une aberration, ce qui n'empêche pas mes parents de le penser. C'est un peu la même histoire qu'avec ma tante Andromeda. Ma mère ne veut pas reproduire cette erreur deux fois et elle voit le danger que tu représentes.

— Moi, un danger ? s'était-elle amusée.

— Oui, avait-il confirmé en riant, tu es une dangereuse prédatrice et tu vas lui voler son fils unique.

— C'est parce que son fils unique est à moi et rien qu'à moi, avait-elle susurré aguicheuse avant de venir l'embrasser.

Depuis, elle n'était pas retournée au manoir, Harry non plus. Heureusement, elle avait encore Poudlard pour le voir à loisir. Une chose qui prendrait malheureusement fin dans quelques mois. Elle se surprit à pousser le même soupir que Ginny.

— Toi, au moins, tu pourras le voir cet été, déclara-t-elle peinée. Le stage que ses parents ont choisi lui prendra absolument tout son temps.

C'est d'ailleurs pour cette raison qu'ils l'avaient choisi. Drago pensait qu'aller dans leur sens les aiderait à accepter l'évidence qu'il n'allait pas renoncer à elle juste pour leur faire plaisir.

— On a qu'à se faire une petite virée entre fille pour nous changer les idées ! On a toutes les deux 17 ans, on va pouvoir utiliser nos pouvoirs en dehors de Poudlard !

— On n'a pas assez d'argent pour ça, contredit Eloïse en comptant mentalement son compte épargne.

— Je ne te parle pas d'un voyage 4 étoiles au Bahamas, railla Ginny en levant les yeux au ciel. On pourrait aller chez Charlie en Roumanie, il a une chambre d'amie. Je suis sure qu'on pourra trouver un petit boulot là-bas, même dans un restaurant moldu ! Madame Burbage a dit qu'il y en avait plein partout. Au pire, on fera les basses besognes des dragonologistes.

— Tu veux vraiment passer tes vacances à ramasser de la bouse de Dragon ?

— C'est le pire des scénarios, Elo, s'amusa Ginny. Mais on trouvera bien quelque chose à faire ! Laisse-moi tout organiser ! s'enthousiasma-t-elle.

— Toute seule ? même pas en rêve, rétorqua Eloïse en sortant un rouleau de parchemin. Tiens, écris à Charlie et j'écrirai à ma mère !

Ginny lui offrit un sourire plus que rayonnant et s'empara vivement d'une plume.

— Je savais que j'allais réussir à te convaincre, pétilla-t-elle. En plus, ça voudra dire que je pourrais m'entrainer au Quidditch avec Charlie, il est bien meilleur que Fred et George réunis... fit-elle sur le ton du secret.

Eloïse ne put retenir un sourire. Dans sa tête, elle faisait déjà la liste de ce qu'elles auraient besoin si elles allaient jusqu'au bout de leur périple. Ce ne serait rien de bien compliqué, juste quelques semaines. Un peu comme si elles allaient à Poudlard, les cours en moins.

— Hors de question que je me fasse encore laminer par les Poufsouffle l'année prochaine. Dalan ne se priverait pas de s'en délecter jusqu'à ma mort ! fulmina-t-elle.

Ginny n'arrivait toujours pas à se remettre d'avoir perdu le match du week-end dernier face aux Poufsouffle. Sa position de capitaine de l'équipe ne l'en affectait que davantage, elle se sentait responsable. Dalan, le capitaine de Poufsouffle, arborait un sourire de vainqueur dès l'instant où il croisait Ginny dans les couloirs. Il prenait un malin plaisir à la voir s'enrager.

— L'année prochaine ce sera encore pire, lui apprit Eloïse. Abriel et Ciaran ne pouvait pas encore participer cette année mais dès que les derniers septièmes années seront parties, les gars formeront une équipe complète de Quidditch et tu n'as pas envie de te battre contre sept meilleurs amis qui se connaissent par cœur et qui n'ont pas besoin de se parler pour communiquer !

Eloïse les avait déjà vu s'entrainer à sept et elle en était resté bouche-bée. Non seulement ils étaient doués mais, en plus, ils faisaient preuve d'un comportement exemplaire.

— Justement ! s'exclama Ginny vivement, la victoire n'en sera que plus grande !