Chapitre 3 pdv Eloïse

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— Tu loges à Poudlard ? s'enquit-il nerveusement.

— Normalement, non, mais je ne suis plus la bienvenue chez moi, alors...

Drago lâcha un rire qui n'avait rien de drôle. Il perdait patience mais il n'était pas le seul.

— Tu pourrais te mettre à ma place ? La situation est délicate, je n'ai aucune idée de ce qui s'est passé dans cette vie, de ce que j'ai pu faire et tous ceux à qui je demande, Astoria ou Lucie, me disent de venir te voir toi !

— Qu'est-ce que tu veux savoir ? lance-t-elle sans aucun remord, vas-y demande, mais qu'est-ce que ça va t'apporter de savoir la première fois où l'on s'est embrassé ? Comment on s'est rencontré ? ça va t'aider, si tu le sais ? Tu vas retrouver la mémoire miraculeusement ? Tu vas retomber amoureux ?

Elle était énervée contre lui. Drago lui avait promis d'être toujours là pour elle désormais, de ne plus lui faire de mal.

— On s'est rencontré sur le chemin de traverse, avant ton entrée à Poudlard. Tu as commencé à écrire à Harry et tu es souvent venu à la maison. C'est ton meilleur ami. Quand je suis rentrée à Poudlard, je restais tout le temps avec vous deux. On s'est embrassé à Poudlard, devant le dortoir des Serpentard, en quatrième année, cinquième pour toi. J'avais fait semblant de sortir avec quelqu'un pour te rendre jaloux, termina-t-elle sèchement. Alors, ça y est, chérie ? tu es amoureux ?

Il ne répondit pas.

— Zut, alors, fit-elle avec sarcasme. Tu veux que je me mette à ta place ? Mets-toi à la mienne. Tu es la, devant moi, mais tu as disparu pour toujours. Tu n'es plus mon mari, tu n'es plus mon confident. Je te perds, encore une fois.

— Tu m'as déjà perdu ? releva-t-il peiné.

— Tu...

Elle se tut, sans parvenir à poursuivre. Des larmes perlaient au coin de ses yeux, de frustration et de tristesse.

— C'est trop dur, Drago, finit-elle par dire. Cette-fois-ci, je ne sais pas si je vais y arriver.

— Mais tu n'as même pas essayé... rétorqua-t-il attristé. C'est la première fois que tu m'adresses la parole, tu m'évites, tu ne vis plus chez toi et tu es en colère contre moi alors que je ne suis pas responsable de la situation...

— Parce que si Lucie vous aviez laissé le choix, vous auriez accepté ? Vous aurez pris le risque de perdre tout ce que vous aviez ?

— Je... commença-t-il avant de se stopper.

La réponse était évidente, elle le savait. Aucun d'eux n'aurait pas pris le risque de tout perdre. Cette vie là aurait pu mal tourner pour chacun d'eux. Seule Lucie savait avec certitude qu'elle avait bien choisi. Mais Drago n'aurait jamais sacrifié Scorpius.

— Je ne te connais pas... reprit-il difficilement. Je ne sais pas ce que je suis prêt à faire pour toi. Mais on en est là et le Drago qu'il y a sur ces photos à l'air d'avoir la plus merveilleuse des femmes. Je veux la connaitre également. Reviens vivre chez toi, reviens vivre avec moi.

Cette fois-ci c'était à Eloïse de ne rien dire. Voir Drago dans cet état était une torture extrême. Elle aimerait se jeter dans ses bras et oublier toute cette histoire. C'était son regard, c'était sa voix, sa peine et sa douleur. Elle ferma les yeux mais c'était encore pire. Elle se rappelait du sourire qu'il avait quand il aimait la taquiner.

Elle pourrait dire oui, la tout de suite. Pour Drago.

— Je dormirai dans la chambre d'amis, insiste-t-il. Et il y a suffisamment de pièce pour qu'on ne se croise pas si c'est vraiment ce que tu veux. Vois ça comme une collocation.

Eloïse conserva son mutisme alors il l'interpréta comme un encouragement.

— Lucie a dit que si tu refusais, elle te trainerait ici par la peau des fesses s'il le fallait, déclara-t-il en penchant la tête sur le côté.

Eloïse ne put que sourire, amusée. Il sortit de sa chemise un mouchoir en tissu qu'il lui tendit. Elle s'en empara pour camoufler ses larmes.

— Tu complotes avec elle ? comprit-elle.

— C'est ma meilleure amie, expliqua-t-il en souriant doucement, elle se souvient de tout... et je me suis confiée à elle à de nombreuses reprises...

Lucie le lui avait dit, qu'ils étaient proches dans cette autre vie.

— Après mon grand frère, tu me voles ma grande sœur maintenant ? taquina-t-elle.

— Je te laisse Potter, si tu veux, s'amusa-t-il. J'ai dû mal à croire qu'on ait pu devenir amis tous les deux.

Il avait l'air horrifié, comme si cette idée le dégoutait et cela la fit rire.

— Vous êtes comme des jumeaux, indiqua-t-elle posément.

— Pas du type de Fred et George, je t'en prie ! suplia-t-il. Je suis content qu'il soit en vie, rien à voir, mais là les deux ensembles c'est carrément une tentative d'attentat. Ils ont tous les deux des enfants et ils réussissent quand même à se comporter comme des gosses.

— C'est ce qui fait leur charme, s'amusa-t-elle. J'ai dû mal à imaginer un monde sans Fred et je suis triste de ce que Lucie a ressentie seule pendant tout ce temps.

— Au début c'était difficile, puis elle a fait comme si elle avait réussi à vivre avec.

Eloïse sourit, avec nostalgie. Elle ressemblait à sa sœur finalement.

— Et Astoria ? finit-elle par demander d'une petite voix.

Dans ce monde-ci, Astoria était vivante et surtout remariée à un sorcier qui la rendait heureuse. Normalement. L'une des peurs d'Eloïse était que ce Drago veuille récupérer la femme qu'il avait aimé et chéri.

— Je n'arrive pas à croire qu'elle soit vivante, s'extasia-t-il stupéfait, et Scorpius est radieux ! Je ne l'avais plus vu comme ça depuis longtemps ! C'est... incroyable.

— Oui, incroyable... fit-elle en dissimulant sa peine.

Astoria était un sujet sensible mais il ne pouvait pas le savoir. Aujourd'hui, elles arrivaient à être ensemble dans la même pièce et discuter comme des amies. Mais cette période de sa vie avait été difficile et son Drago n'aurait jamais parlé comme ça de son ex-femme.

Eloïse était évidemment ravie pour ce Scorpius qui retrouvait sa mère pour la première fois depuis des années. Mais ça faisait quand même mal.


Le Pouvoir Solitaire, Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant