Chapitre 40 pdv Lucie

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Sa conversation avec les jumeaux lui donna envie de reprendre sa lecture des journaux là où elle l'avait interrompu. Cette fois-ci, elle se promit qu'elle ne s'arrêtera pas avant d'avoir lu la dernière ligne. Elle s'en fit la promesse.

C'est dans cette optique qu'elle s'enferma dans la bibliothèque, en sachant pertinemment qu'elle ne serait jamais à l'heure pour son premier cours de la journée. Comme il s'agissait de celui de son parrain, il ne devrait pas y avoir trop de problèmes et elle irait s'excuser plus tard.

Elle dissimula son arrivée à Charles pour ne pas qu'il puisse la surprendre une nouvelle fois et s'installa devant son étagère.

Elle lut de manière automatique, en oubliant les passages où l'autre pensait à Fred, où elle pleurait son absence. Elle se concentra sur le fait que son Fred à elle était toujours là et qu'il ne voulait pas d'elle. C'était beaucoup plus triste comme histoire.

L'autre Lucie était une médicomage exceptionnelle, soignant des maladies incurables, formant des jeunes sorciers sur plusieurs générations, écrivant des livres sur ses avancés et ses découvertes dans le domaine de la médecine magique.

Ensuite, elle arriva à un tournant de l'histoire où l'autre Lucie pressentait sa fin arriver. Pour autant, il restait encore plusieurs tomes. Son intuition n'était peut-être pas des plus exacts mais elle ne s'était pourtant jamais trompée. Même pour Noah. Au final, il avait fini par arriver. Si elle disait qu'elle allait mourir, c'est que c'était le cas.

Alors pourquoi tous ces tomes ?

Dans la suite des pages, elle découvrit, avec épouvante, qu'elle avait effectivement raison, l'autre ne s'était pas trompée. Elle était bel et bien morte et elle avait réalisé un exploit dans le même temps. Changer le court du temps.

Immédiatement, le déclic se fit dans son esprit, voilà pourquoi elle avait tous ses souvenirs. Dans les pages qui suivaient, Lucie reconnut ce qu'elle-même avait vécu dans son enfance. Des conversations qu'elle avait presque oubliées mais qui lui revenait clairement maintement.

Elle n'avait même plus besoin de lire la suite, puisqu'elle la connaissait. Pour s'en assurer elle prit le dernier livre et l'ouvrit à la dernière page. Le sortilège du carnet était en train d'écrire comme en écho à ses propres pensées.

« Je savais ce que j'allais trouver puisque j'avais déjà compris. C'était ma vie. Mon écriture. Mon histoire. J'avais réellement vécu tout ça. Perdre mes parents, perdre Fred. Je l'avais vécu et décidé de tout changer. De tous les ramener et j'avais réussi. »

Le journal continua d'écrire mais Lucie le referma d'un geste ferme avant de le remettre à sa place. Le sortilège que l'autre Lucie avait mis sur ces journaux était efficace, terriblement efficace. Enfin... pouvait-elle toujours parler d'une autre personne ? Finalement, il n'y avait qu'une seule et même Lucie. Une seule et même Sol.

— Lucie ? appela la voix de Charles.

Il ne parlait pas fort mais cela suffit à la faire sursauter, elle qui était plongée dans ses pensées. Il était dans la même rangé qu'elle sans la regarder précisément. Au moins cela voulait dire que son sortilège d'invisibilité fonctionnait.

— Tout le monde te cherche partout. Les jumeaux ont dit que tu pouvais être ici.

Donc il ne pouvait pas savoir si elle était réellement présente.

Il se rapprocha de sa rangée de livres et remit en place le dernier qu'elle avait déposé et mal disposé. Charles avait été son mentor dans cette autre vie. Elle avait été beaucoup plus proche de lui qu'elle ne l'était aujourd'hui. Sa mort l'avait dévasté.

— Je sais que tu es là, Lucie, murmura-t-il. Je sais que tu lis les journaux.

— Et vous allez encore m'effacer la mémoire ? s'entendit-elle répondre.

Il sursauta légèrement et ses lèvres s'étirèrent dans un petit sourire amusé. Le même que l'autre Charle offrait à l'autre Lucie.

— Nous savons tous les deux que ça ne marche pas...

— Ça ne vous a pas empêché d'essayer...

— On voulait te préserver un maximum.

Lucie choisit ce moment pour redevenir visible à ses yeux.

— Parce qu'elle... que j'ai fait quelque chose de dangereux ? questionna-t-elle.

C'était difficile pour elle de les considérer comme deux personnes identiques. Elle aurait préféré dire que ces deux versions avaient fusionnés pour n'en former qu'une seule.

— Peut-être pas autant que tu ne le penses, nuança-t-il hésitant.

— Si, contesta-t-elle catégorique, comment savoir si ce qui s'est passé ne va pas se reproduire ? Comment savoir si ça ne va pas conduire à une vie mille fois pire que ce qu'ils ont vécu ? Est-ce qu'ils vont mourir ? Ceux qui sont morts ? Les prophéties sont censées être impossible à briser donc si j'ai prédit la mort de plusieurs personnes, est-ce qu'elles vont mourir ?

— Eh bien tes parents ne sont pas morts ce soir-là.

— Et les autres ? Je... elle n'a pas fait ça pour rien !

Fred. C'était l'objectif. Tout le reste n'était qu'un bonus. Lucie avait consacré sa vie à aider les autres et sa dernière action n'avait été que pour elle seule. Si au final, ça ne fonctionnait pas à quoi bon ? S'il finissait par mourir quand même ?

— Je dois aller le voir ! indiqua-t-elle en se levant vivement.

— Où vas-tu ?

Elle ne prit pas le temps de répondre et courut vers la porte. Sans surprise, elle atterrit dans la salle commune là où elle avait localisé Fred et elle entendit la pire phrase de toute sa vie.

— Je n'aime pas Lucie ! lâcha le concerné à la cantonade.

— Ok, concéda Gwenda les lèvres pincées. Je te crois.

Tout le monde avait l'air penché à leur lèvre et la discussion semblait être particulièrement animée. Heureusement, la salle commune n'était peuplée que des élèves de leur années, chose rare à cette époque de l'année.

Autre bonne nouvelle, aucun d'eux n'avait pris conscience de sa présence. Elle pouvait encore faire comme si elle n'avait rien entendu, mieux, faire comme si elle n'était jamais venue ici.

Elle choisit la deuxième option en se mettant aussitôt invisible. Elle attendit quelques secondes pour être sûr que personne ne l'ait vu.

— De toute façon ce jeu est débile ! déclara Fred en se renfrognant.

Ils continuèrent la conversation comme si elle ne les avait pas interrompus et Lucie poussa un soupir soulagé. Elle avait dû offrir un visage profondément dépité et aurait été incapable d'assumer devant eux après ça.

A la place, elle se dirigea vers son dortoir en les contournant.

Une phrase que l'autre Lucie avait dit lui revint en mémoire. Les pouvoirs Solitaires n'avaient pas les mêmes règles que les autres sorciers. Elle avait raison, ils n'avaient pas les mêmes règles. En revanche, ils avaient un prix à payer. Et elle se doutait duquel...




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Je me suis réinscrite au challenge d'écriture Nanowrimo ! (il s'agit d'écrire 50000 mots en un mois, donc ça a commencé le 1er avril) Pour l'instant je m'y tiens assez bien, ce qui fait que j'ai beaucoup écrit sur la fanfiction ces derniers jours (actuellement j'ai 8 chapitres d'avance ! )

Je m'excuse pour les incohérences qui se glissent dans le récit au fur et a mesure, moi même je me pers à des moments... mais comme je suis plus régulière dans l'écriture ça devrait s'améliorer dans les prochains chapitres ! 

Le Pouvoir Solitaire, Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant