Le Pouvoir Solitaire, Tome 3

Chapitre 62 pdv Lucie

Lucie n'aimait rien de moins que son incapacité à connaître le futur de sa sœur. Être dans l'ignorance lui était bien plus difficile que n'importe quoi, elle se sentait comme aveuglée.

De fait, elle venait de découvrir, par nul autre que sa mère et par un pur hasard, qu'Eloïse allait bel et bien avoir son premier rendez-vous avec Cédric. Depuis quand avait-elle des sentiments pour lui ? Cela restait un mystère. Certes, ils passaient leur temps ensemble depuis l'année dernière mais Eloïse était encore jeune.

— Nous avons commencé à sortir ensemble durant notre troisième année, rétorqua Fred qui essayait de lui faire entendre raison. Comme eux.

— Cela n'a strictement rien à voir, Eloïse est encore un bébé et Cédric a notre âge...

— C'est quelqu'un de bien, tenta George. Il aide tout le monde à l'école et ta sœur n'est pas un bébé !

— Si c'était Ginny qui sortait avec quelqu'un aujourd'hui ? rétorqua Lucie en sortant l'élément imparable. Qu'est-ce que tu ferais ?

— Je te demanderai de te rendre invisible et de la suivre, concéda-t-il simplement.

— Ah ! tu vois ? pérora-t-elle. Donc, on continue !

— Tu aurais dû mentir, grommela Fred en marchant de mauvaise grâce.

En effet, cela faisait une bonne demi-heure qu'ils suivaient Eloïse et Cédric à travers les rues de Pré-au-Lard. Ils faisaient froid et ils ne s'étaient pas assez couverts pour l'expédition. Seulement, Lucie refusait de manquer une seule miette de leur rendez-vous.

— Cédric est un vrai gentleman ! reconnut Fred en le voyant tenir la porte pour laisser passer Eloïse.

Ils entrèrent à leur suite aux trois balais où ils le virent tirer une chaise pour qu'elle puisse s'asseoir. Les trois se mirent dans un coin assez proche pour pouvoir les entendre mais assez éloigné pour ne gêner personne. Se rendre invisible aux yeux des autres était un exercice qu'elle maitrisait bien mais ne pas rentrer en collision avec quelqu'un était plus utile.

Elle devait admettre qu'il assurait vraiment. De ce qu'elle avait pu observer, Cédric était poli et gracieux. Quand ils marchaient dans les allées, il faisait toujours en sorte de se retrouver du côté du monde pour qu'Eloïse ne soit pas bousculée.

Cédric savait également se montrer entreprenant sans pour autant trop insister. Il avait essayé de la prendre par la main mais devant la gêne d'Eloïse il avait renoncé et ne tentait plus l'expérience depuis. De plus, de ce qu'elle avait pu entendre, ils ne manquaient pas de conversation. Eloïse semblait admirative de ses moindres mots et ils n'arrêtaient pas de se sourire mutuellement.

— Il fait mieux que toi ! lança Lucie à son petit copain.

— Comment ça, mieux que moi ? s'offusqua-t-il outré.

— Leur rendez-vous est hyper romantique ! déclara-t-elle en croisant les bras, boudeuse.

— Ça, c'est romantique ? s'étonna George.

— Depuis quand tu aimes ce qui est romantique ? reprit-il toujours aussi étonné.

— Mais regardez comme il la protège ! s'attendrit-elle.

— Tu n'as jamais eu besoin d'être protégée, rétorqua-t-il sérieusement.

— C'est vrai, approuva George énergiquement, tu te débrouilles très bien toute seule !

— Et tu as toujours ouvert toi-même les portes pour te déplacer, je ne peux même pas le faire pour toi !

— C'est vrai ! fit de nouveau George en guise de soutien sans faille. '