Alors que j'avançais suivant les empreintes de pas d'Elena dans la neige et sans même regarder devant moi, mon crâne heurta quelque chose de dur. Je m'arrêtai net et relevai ma tête pour découvrir que j'avais cogné le sac à dos d'Elena.
— Pourquoi... t'arrêtes-tu... ? réussis-je à murmurer faiblement, mes lèvres tremblotantes de froid.
***
Seuls les murmures du vent glacial me répondirent et je compris alors en voyant l'expression figée d'Elena dans le vide qu'elle faisait de la télépathie. Mais... avec qui pouvait-elle bien communiquer ? Je me résolus à attendre et quelques instants plus tard, Elena déclara d'une voix faible :
— Il y a de la vie... par là...
Elle désigna de sa main emmitouflée un endroit enneigé parmi tant d'autres avant de se diriger vers lui, d'un pas encore plus résolu. J'entrepris de la suivre, me demandant d'où elle pouvait bien tirer toute cette énergie. Je doutais vraiment que la moindre source de vie pût subsister dans de telles montagnes horribles. Depuis que nous avions commencé l'ascension, nous n'avions pas croisé le moindre végétal et ce n'était visiblement pas en progressant vers le sommet encore plus glacial que nous en trouverions davantage. Aucune plante ne pouvait survivre dans de telles conditions. Alors delà à ce que quelqu'un pût habiter dans ces montagnes... Elena avait sûrement rêvé ou imaginé cette forme de vie... Sans doute avait-elle été victime d'un mirage mental, si cela existait.
Mais je me trompais. Car, après avoir contourné un gros tas de neige, nous arrivâmes à l'entrée d'une grotte illuminée... illuminée par un feu... le feu... la chaleur ! Je sentis mon corps être envahi d'une joie et d'une énergie nouvelle, face à cette lueur d'espoir. J'entrai la première dans la grotte, tandis qu'Elena me suivait. J'eus alors la surprise de découvrir un vieil homme vêtu d'une longue cape en fourrure, assis auprès du feu. En me voyant entrer dans sa grotte, il releva la tête, me laissant apercevoir son visage enfoui sous une masse d'hirsutes cheveux blancs, et il émit un faible grognement guttural. Je m'arrêtai, ne voulant pas provoquer un conflit, et Elena apparut derrière moi. L'ermite se racla alors sans aucune grâce la gorge avant de déclarer, à ma plus grande surprise :
— Entrez... voyageuses...
La voix de l'inconnu était grave, presque emplie de sagesse. Il me sembla un instant l'avoir déjà entendue auparavant, mais je ne pus y réfléchir davantage car ma sœur prenait déjà la parole :
— Bonjour Monsieur. Nous vous remercions chaleureusement pour votre hospitalité si bienvenue. Je m'appelle Elena, et voici ma sœur Sinistra. Hum... Pouvons-nous vous demander qui vous êtes ?
L'homme resta silencieux un long moment, comme s'il cherchait ses mots. Il finit par répondre, bégayant légèrement :
— On... on m'appelait... le Sage...
— Le Sage ? répétai-je avec étonnement, tout en m'asseyant en face de lui, auprès du feu.
— Oui...
Je retirai difficilement mes gants enneigés pour libérer mes mains frigorifiées. Cette chaleur était si douce. Je relevai les yeux vers notre interlocuteur qui semblait hésiter, comme s'il cherchait ses mots. Puis il poursuivit, toujours en bégayant :
— Je... j'étudiais tant de choses... Notamment les plantes et... leurs vertus... avant... avant que...
— Que quoi ? demanda Elena d'un ton compatissant, en s'installant à son tour à côté du feu.
— Que... je décide d'explorer ces montagnes... poursuivit à ma plus grande surprise le Sage. Je suis parti... seul... avec un simple bateau... Il y a eu une tempête... et je me suis échoué ici, au pied des montagnes... mon bateau... était brisé... J'étais... coincé ici... sans personne... seul... Ces montagnes... elles sont devenues... mon nouveau foyer...
— Il y a combien d'années ? s'enquit Elena, une lueur bienveillante luisant dans ses prunelles noisette.
— Dix... dix ans...
Le regard du Sage se voila et je ne pus m'empêcher de ressentir pour lui de la pitié. Dix ans d'isolement, même moi je ne l'aurais jamais souhaité.
— Comment êtes-vous parvenus à survivre dans un tel climat, Monsieur ? demanda Elena, avec une indiscrétion que je trouvais presque déplacée.
Surtout que ce genre d'informations ne nous intéressait pas le moins du monde. Je me demandais bien où voulait en venir ma sœur.
— Au cours de ma montée jusqu'ici... j'ai trouvé des vieilles ruines... Des anciennes civilisations semblaient être passées par là. Il y avait de la nourriture congelée... Beaucoup... De viande, des végétaux... J'ai récupéré toutes ces provisions... et je me rationne. J'ai appris à survivre avec peu... La lumière qui frappe les sommets de la montagne le jour... elle m'aide à me recharger...
Ma compassion pour lui s'était accrue au fur et à mesure de son récit. Quelle vie difficile il avait eue ! Je n'aurais jamais imaginé qu'un être pût survivre en ces conditions.
— Il n'y a plus de gibier ou de plantes à présent ? poursuivit Elena.
— Du gibier non... Des plantes, je n'en ai pas vues non plus... Visiblement, il y a eu un important changement de climat ici...
Son regard se posa dans le vide et il soupira :
— Rien à étudier...
— Rien du tout ? relevai-je, sentant la déception m'envahir.
Avions-nous vraiment fait tout ce périple pour rien ? Aucune plante...
— Non, rien... répéta vaguement le Sage, avant de demander : Vous cherchiez quelque chose ?
Il avait relevé son regard vers moi et je décidai d'aborder le sujet plus directement :
— Oui, nous sommes venues ici à la recherche d'une plante qui serait capable de soigner une maladie héréditaire et mortelle. Il paraît qu'une plante des montagnes est capable de la neutraliser.
— Oh...
Les yeux plissés du Sage se chargèrent d'une forme de pitié et je me sentis presque soulagée d'un poids. Il semblait impacté par notre cause et ne nous rabâchait pas qu'il n'existait pas de solution. J'avais au contraire l'impression qu'il cherchait dans sa mémoire des informations pour nous aider. Mon intuition ne me trompait pas car il finit par déclarer :
— J'ai peut-être une idée pour vous aider....
Mon cœur s'emballa face à ces paroles et je jetai un bref coup d'œil à Elena qui écoutait soudainement avec plus d'attention.
— Quand j'étais petit... j'avais un rêve... J'en rêve toujours aujourd'hui d'ailleurs... Je voulais tout connaître... Être voyant.
— Voyant ? murmura Elena, qui abordait à présent un air particulièrement sceptique.
— Oui... voyant... une boule de voyance... Il en existe une... elle était sur Hister... dans les mains d'un dieu... Je pourrais peut-être vous aider si vous récupérez la boule de cristal...
— La boule de cristal ?!
***
Hihi, voici la fin de ce chapitre !! J'espère que cela vous plaît l'introduction du personnage du Sage ! Que pensez-vous de lui ? Pensez-vous qu'il pourra vraiment aider nos héroïnes à trouver une piste pour la potion ?
Merci encore pour votre engagement dans la lecture de ce tome 2 ! ❤️
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Hister-Moons - Tome 2 - Une lueur d'espoir
FantasyDepuis la chute du Conseil des Quatre et la création des Hister-Mooons, l'univers n'a jamais semblé aussi paisible. La malédiction pesant sur Kyle et Kurt subsiste néanmoins, obscurcissant cette harmonie. Tandis que les deux frères et Angela se rési...