Chapitre 9 - Partie 3 - Un double apprentissage

11 3 14
                                    

Je blêmis soudainement en comprenant la portée de cette question. Maurice avait-il eu raison en disant que Maman m'avait envoyé faire ces séances de télépathie avec Morior pour espionner Terrumbra ? Non... c'était impossible ! Jamais Maman ne m'utiliserait ainsi et me ferait courir de tels risques. Mais... alors pourquoi m'avait-elle envoyé sur Terrumbra alors qu'elle était intimement convaincue que la planète représentait une menace pour Flamea ?

***

— Enfin... se résigna Maman devant mon absence de réponse. Oublie ce que j'ai dit. Va-t'en, maintenant.

Elle se détourna et je crus voir passer dans ces yeux une lueur de déception. Je choisis cependant de ne pas m'attarder et je quittai la salle du trône pour rejoindre ma chambre. Je m'affalai sur mon lit et soupirai. Pourquoi Maman ne voulait-elle pas me croire ? Et pourquoi Malefik voulait-il devenir mon ami ? C'était vraiment le monde à l'envers. Et, je n'avais personne capable de m'aider réellement... Sauf si... Mylena. J'esquissai un sourire. Ma petite sœur insouciante, qui ignorait tout du monde extérieur, pourrait m'aider à m'apaiser, à défaut de pouvoir comprendre mes problèmes.

Je quittai alors ma chambre par la cour, de façon à ne pas passer par la salle du trône et à ne pas croiser Maman. J'empruntai l'Argentus et atterris sur la planète éblouissante... trop éblouissante. Mais toujours mille fois plus accueillante que Terrumbra. J'entrai dans le palais et saluai Papa brièvement et peut-être trop froidement car il m'interrompit, se levant de son trône pour se diriger vers moi :

— Que se passe-t-il, Ardalis ?

— Rien, je veux juste voir ma petite sœur.

— Très bien... marmonna Papa, sceptique.

Je ne voulais pas encore une fois narrer mon entrevue avec Morior et je fus reconnaissant envers Papa de me laisser passer sans insister davantage. Je finis par arriver dans la chambre de ma sœur. Elle était en train de jouer avec sa nourrice Emilia et en me voyant arriver, cette dernière nous laissa seuls, non sans avoir collé sur la joue de la petite fille un énorme bisou sonore. Mylena se précipita alors vers moi en s'écriant :

— Adi !

Je souris, malgré le surnom déformé, et je la pris doucement dans mes bras. Puis, je lui murmurai :

— Si seulement tu pouvais parler correctement...

Elle posa sa main dans mon cou et son contact me glaça le sang. Sa main était particulièrement froide... trop froide. À moins que ce ne fût moi qui fusse habitué au chaud. Sans me préoccuper davantage de ce détail, je reposai Mylena sur le sol et déclara :

— À quoi joues-tu ?

Elle courut jusqu'à une tour de cubes blancs et bleus. Puis, d'un geste brusque, elle renversa la pile, en éclatant d'un rire cristallin. Sa joie de vivre atteignit directement mon cœur et tous mes soucis s'évaporèrent comme par magie. Devant le sourire ravissant de ma petite sœur, j'entrepris de reconstruire la tour, et elle la brisa à nouveau, tout en riant aux éclats. Je murmurai :

— Ne voudrais-tu pas m'aider à la reconstruire, plutôt que de la détruire ?

Mylena secoua la tête de gauche à droite, un sourire malicieux ancré sur son visage rebondi et si adorable. Nous jouâmes longtemps à reconstruire et détruire la tour ; cette activité répétitive me calmait et je me réjouissais de la bonne humeur et la joie insouciante de Mylena. J'espérais ne jamais me disputer avec ma sœur, comme pour Papa et Maurice ainsi que pleins d'autres. Non, rien, pas même mon devoir envers Flamea, ne m'empêcherait d'aimer et protéger ma sœur à jamais.

Hister-Moons - Tome 2 - Une lueur d'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant