𝐅𝐀𝐋𝐋𝐄𝐍 𝐁𝐑𝐈𝐃𝐄

• 𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐕𝐈𝐍𝐆𝐓-𝐂𝐈𝐍𝐐 | 𝒃𝒐𝒓𝒏 𝒕𝒐 𝒅𝒊𝒆 •

Heyyy !!

C'est l'un des chapitres que j'ai le plus aimé écrire, en espérant que vous l'apprécierez aussi <33

Bonne lecture,

💍

CHAPITRE VINGT-CINQ
born to die

ARI

Il est deux heures du matin quand je prends ma première pause après quatorze heures de garde d'affilée. Je suis exténuée, j'ai besoin d'un grand verre de café pour tenir les dernières heures qu'il me reste. Je me rends à la machine automatique, des lumières clignotantes reflètent sur les vitres de l'entrée. Elles sont bleues et rouges, glaciales et ardentes. Elle représentent le danger et l'urgence.

Je grimace.

J'aperçois la police qui sécurise le périmètre près de l'entrée. Ma curiosité prend le dessus et je quitte l'hôpital pour avancer dans la fraîcheur de la nuit. Il y a des collègues du service des urgences présents, ils ramassent leur matériel pendant qu'une autre équipe transportent un sac blanc sur un brancard.

Il y a eu un décès.

Et l'énorme flaque de sang sur le béton explique que ça n'a rien à voir avec un simple arrêt respiratoire. Des frissons parcourent mon corps. Une personne s'est suicidée.

Je lève automatiquement la tête vers le toit du bâtiment par lequel la personne a sauté. C'est assez haut pour se demander si elle a eu le temps de réfléchir à son acte en tombant dans le vide, avant de sentir l'impact lui briser la boîte crânienne et le reste de son corps. A-t-elle regretté ? Je ne le saurai jamais.

Des rubans rouges nous encerclent et des policiers nous ordonnent de libérer l'espace pour laisser aux agents d'entretiens de nettoyer la scène protégée. À ma droite, j'entends des gémissements et la femme vomit à la vue d'un bout de cervelet. Je ne serais pas étonnée de retrouver d'autres morceaux du corps éparpillés un peu partout. Il a dû exploser à cette distance.

J'ai lu un livre il n'y a pas longtemps, un obstétricien qui a perdu son frère, expliquait un chiffre intéressant auquel je ne me suis jamais attardée. Il disait qu'à chaque fois qu'il mettait au monde une vie, une autre s'éteignait. Il y a quelques minutes, j'ai fait naître une vie et il s'est révélé qu'une autre a mis fin à la sienne au même moment.

Ma soirée est semblable à celle de cet homme : il a perdu son frère de la même manière que celle qui vient de se jeter par dessus le toit.

J'avais pleuré pour ce personnage comme j'ai pleuré pour ma défunte mère mais ce soir je n'ai plus de larmes pour pleurer cette âme qui a dû tellement souffrir pour y mettre fin d'elle-même.

Je retourne à l'intérieur et me dirige vers la cage d'escalier. Il me reste encore quelques minutes avant de reprendre ma garde. J'ai le temps de faire un tour sur le toit du bâtiment d'à côté. L'air est plus glacial ici et la vue fait peur malgré les quelques lumières qui illuminent le coin. L'endroit est plus sordide, plus mortel après ce qu'il vient de se passer.

D'autres agents de polices sont sur le toit d'où la personne a sauté, je les observe faire semblant de chercher quelque chose. Je vois bien qu'ils n'ont pas envie d'être là, après tout pourquoi ? La personne s'est donné la mort, il n'y a rien à chercher, pas vrai ?
C'était son choix d'en finir, il n'y a pas de coupable pour eux. Alors ils quittent le toit et descendent pour rejoindre leurs collègues qui se réchauffent avec une boisson chaude tout en rigolant discrètement. Ils n'en ont vraiment rien à faire qu'une personne vient de perdre la vie.