Bonne lecture,***
CHAPITRE TRENTE-SEPT
ARI
C'est d'un geste mécanique qu'Archibald plante sa fourchette sur le pavé de poisson. Ses yeux, vides et sans émotions, semblent creuser un gouffre au fond de son assiette. Pas une seule fois, il n'a tourné le regard vers moi. Son visage est figé, froid, presque glacial. Sa présence n'a jamais été aussi distance que maintenant.
L'ambiance autour de la table est sinistre, un silence funèbre pèse sur nous. Le tintement de nos couverts et de nos verres sont les seuls témoins du malaise palpable.
Je baisse les yeux vers ma main gauche et fais tourner ma bague sur mon annulaire. C'est devenu une sorte d'apaisement face à mon anxiété.
Plusieurs jours sont passés depuis je connais l'identité de ma mère. Et mon véritable prénom, celui que mon père n'a jamais révélé : Vera. Ce nom résonne en moi avec une étrange familiarité, quelque part au fond, je me suis plus entière, j'ai le sentiment d'être enfin moi-même. Je réalise que je n'ai jamais vraiment su qui j'étais. Et si j'étais destinée à ne plus être Ari, à devenir quelqu'un d'autre ?
Mon mari reste silencieux, absent de la tempête qui gronde en moi. Il n'a même pas conscience du vide qui s'est creusé entre nous. Peut-être qu'il préfère l'ignorer ?
— Je dois me rendre à Londres pour quelques jours. Annonce-t-il, d'une voix détachée, brisant le silence comme on briserait la surface d'un lac gelé. Mon avion décolle dans quelques heures. Je sais que tu travailles les deux jours suivants, alors je t'ai préparé tes repas à l'avance, comme ça, tu n'auras pas à y penser.
Je redresse légèrement la tête, l'observant comme s'il était un étranger, il est presque devenu cette silhouette floue dans un décor familier. Je pourrais lui en vouloir, lui demander pourquoi il ne m'a prévenu qu'au dernier moment. Mais au fond, est-ce que ça changerait quelque chose ? Depuis quelques jours, nous sommes devenus deux êtres qui cohabitent sans réellement se voir, sans se parler autrement qu'à travers des gestes quotidiens et des phrases apprises par cœur. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé de son côté mais aucun de nous ne semble vouloir confronter cette réalité qui détériore notre relation à peine construite.
Je serre un peu plus fort ma bague, une vague d'émotions me submerge. La pression de l'anneau contre ma peau devient presque douloureuse, comme pour me rappeler que quelque chose ne va plus.
Il se lève, prêt à partir, je le regarde avec ce faible espoir de retrouver le Archibald que j'ai connu il y a quelques semaines. Le claquement de la porte d'entrée vibre jusque dans mes os.
***
Le soleil matinal est brûlant aujourd'hui, ses rayons chauffent mes bras nus. Je n'ai pas pris la peine de me changer en quittant l'hôpital. Le temps est de plus en plus chaud en ce mois d'avril. Sur le trajet du retour, je m'arrête à mi-chemin pour acheter quelques viennoiseries. J'ai une envie de croissant au chocolat depuis que le conjoint d'une de mes patientes lui a apporté ça au petit-déjeuner, juste après son accouchement.
Le tintement de la cloche, lorsque je pousse la porte, fait tourner quelques têtes dans ma direction. Une vague de frisson glace mon échine tandis que je m'avance vers le comptoir, où quelques personnes patientent pour passer commande. L'odeur du café et viennoiseries chaudes emplit l'air, mais mon esprit est ailleurs. Je glisse ma main dans ma poche et allume mon portable. Mon cœur bat un peu plus fort lorsque je vérifie mes messages. Archibald n'a répondu à aucun d'eux.
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𝐅𝐀𝐋𝐋𝐄𝐍 𝐁𝐑𝐈𝐃𝐄
Roman d'amourNouveau résumé en cours.. ~ Ariel Aguilera vient d'une famille très aisée, tous connus pour être de grands avocats. Et comme dans chaque famille, il y a des traditions dont elle ne peut se déroger. Dans sa famille, ils ne jurent que par les mariages...