• 𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐓𝐑𝐄𝐍𝐓𝐄-𝐂𝐈𝐍𝐐 | 𝑴𝒆𝒔𝒔𝒂𝒈𝒆 𝒇𝒓𝒐𝒎 𝒉𝒆𝒓 •

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Bonne lecture,











CHAPITRE TRENTE-CINQ




ARI

Les mots restent bloqués au bout de mes lèvres, je lutte pour comprendre ce qu'ils impliquent réellement. Mon héritage. Cette révélation flotte dans l'air, me laissant un certain goût amer. Je reste figée, les yeux rivés sur mon père, incapable de formuler la moindre question.

Il me regarde avec une sérénité qui me déstabilise, comme si tout cela était évident, comme s'il attendait à ce que je saisisse directement. Et pourtant, je ne comprends rien. Je cherche désespérément des réponses dans les yeux noirs de mon père, mais ils sont presque insondables.

— Mon..Mon héritage ?

— Ari...Natalia n'est pas ta mère biologique.

Le sol semble se dérober sous mes pieds. Mon souffle se fait court, coupé par cette vérité que je connais déjà. Elle me frappe malgré elle, elle est brutale et implacable. Je l'avais découverte depuis longtemps, cette vérité. Mais l'entendre, c'est autre chose. Ça la rend réelle, inévitable.

Mon père est là, immobile, attendant une réaction de ma part. Il s'attend à ce que je parle, que je réagisse, mais tout ce qu'il reçoit, c'est mon mutisme. Un fossé entre nous se creuse par des années de silence, de non-dits. Je veux hurler. J'en ai vraiment envie. Je la sens monter en moi, brûlante et viscérale. Je veux lui demander pourquoi il n'a jamais rien dit pendant toutes ces années. Puis, je veux savoir pourquoi il a décidé de tout révéler maintenant. Mais aucun son ne sort. Mon corps entier se fige, paralysé par la peur, cette peur qui me ronge depuis toujours.

La peur de finir seule.

Seule face à un passé qui n'est plus le mien, à une réalité qui ne m'appartient plus.

Cette pensée me traverse comme une lame froide. J'ai l'impression que la gravité a changé, mes jambes sont molles et mon corps est lourd. Je m'avance vers les escaliers et m'assois sur la troisième marche, le regard perdu. Le froid de la pierre s'infiltre à travers mes vêtements de travail.

— Est-ce que tu comptes te débarrasser de moi ? C'est pour ça...que tu me le dis maintenant ?

Ma voix est tremblante, vulnérable. Je sais qu'il l'entend, ce frémissement qui trahit des années de mensonges. Celle qu'il a brisé le jour de mes huit ans en avouant à sa femme son infidélité.

— Est-ce que...murmure-t-il.

Je plonge mon regard dans le sien, cherchant un éclat de culpabilité, une lueur de remords.

— Oui je sais....Je suis au courant que la mère d'Ondreaz et d'Anna-Louisa n'est pas la mienne. Je sais que tu as forcé leur mère à jouer un rôle qu'elle n'avait jamais demandé, à considérer la fille d'une autre comme la sienne. Et je sais que tu as trompé ta femme.

Son visage pâlit, il se décompose à mesure que je parle. Mes mots le frappent comme une gifle qu'il n'aurait jamais anticipée.

— Je sais tout ça...Le jour où j'ai voulu vous rejoindre dans votre chambre, parce que j'avais besoin d'un câlin d'une mère qui n'était finalement pas la mienne ! C'est ce jour-là, celui où j'ai compris pourquoi elle me tenait à distance par moments ! Au début, je pensais bêtement que c'était parce que je ne lui ressemblais pas, comme mes frères et sœurs. J'étais ton sosie, mais en réalité...En vérité, c'est qu'à chaque fois qu'elle regardait mon visage, elle voyait...elle voyait le reflet d'une autre femme..

𝐅𝐀𝐋𝐋𝐄𝐍 𝐁𝐑𝐈𝐃𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant