Chapitre 1

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Gabin

Le bruit assourdissant d'une moto m'oblige à me lever pour fermer la fenêtre du Duplex. J'ai passé une annonce en début de semaine pour sous-louer une chambre, qui était encore occupée la semaine dernière par mon ex. Même si ça me tue de devoir lui trouver un remplaçant aussi vite, je n'ai pas le choix, j'ai besoin de tune. C'est pour ça que Corentin et moi avons enchainé les visites toute la journée.

Depuis que la dernière candidate est partie, on repasse les fiches les unes après les autres. Personne ne me satisfait. Même si j'ai un besoin urgent de trouver quelqu'un pour payer une partie du loyer, je ne veux pas prendre le premier venu. Après tout, on devra cohabiter, partager la pièce de vie, la cuisine et la salle de bain. Il faut qu'il y ait une certaine alchimie entre nous, même s'il est compliqué de savoir en un quart d'heure si on fait le bon choix ou pas.

J'attrape un des formulaires sur la table et le tends à mon ami qui est venu m'aider à choisir mon nouveau ou ma nouvelle colocataire.

— Celle-là me parait bien.

Il me prend la feuille des mains et pince des lèvres.

— T'es sûr ? Elle n'avait pas l'air d'être une gay luronne.

Je souris devant ce jeu de mots douteux, mais qui l'est pourtant beaucoup moins que l'inscription sur son t-shirt qu'il a revêtu pour l'occasion. Il voulait s'assurer de faire fuir les homophobes. Personne n'est parti en courant, mais certains étaient plus que gênés pendant la visite, évitant de s'approcher trop près de lui. Ceux-là ont été éliminés d'office. Il ne me reste plus que six candidats envisageables.

— Elle a l'air un peu coincée, mais elle a l'avantage d'être une fille. Ça m'évitera les mêmes déboires qu'avec mon précédent coloc.

Il repose le papier, semblant peu convaincu. Il ne cherche pas à relancer le sujet de cette séparation. On a déjà fait le tour, il n'y a plus rien à dire.

— Il t'en reste un à voir, ça sera peut-être le bon. Sinon, je sens que tu vas te faire chier avec ceux-là.

Il attrape la liasse des candidatures et les agite devant mon nez, en les froissant. Je lui arrache des mains pour les lisser sur la table.

— Pas le choix, je ne peux pas me permettre d'attendre.

J'étale les feuilles sur la table pour avoir une vue d'ensemble.

— De toute façon, il a une demi-heure de retard, on peut conclure qu'il ne viendra pas, ajouté-je.

Au même instant, comme pour me faire mentir, la sonnette du Duplex retentit et je marmonne entre mes dents.

— Il se pointe en retard, je vois déjà le genre de mec qui se fout de tout et ne respecte rien. J'ai besoin de quelqu'un de fiable pour payer le loyer.

— Tu sais que si tu arrêtais de déconner tu n'aurais pas besoin de sous-louer ton appart.

Je jette un regard agacé à Corentin qui critique encore ma façon de vivre. Je reporte mon irritation sur celui qui attend maintenant derrière la porte. Je prends le temps de rassembler toutes les feuilles des candidats avant de me lever, sans répondre à mon ami. Je franchis les quelques mètres qui mènent à la porte, suivi de près par Corentin. J'ouvre et me retrouve devant un grand type, aux cheveux en bataille, tenant un casque dans sa main, et son téléphone dans l'autre. Il prend le temps de vérifier l'écran avant de le ranger dans sa poche arrière et relève la tête. Son regard vert se plante dans le mien et j'oublie son manque de ponctualité. Ça peut arriver à tout le monde après tout.

— Je suis désolé pour le retard, une urgence, se justifie-t-il.

Je me décale pour le laisser entrer.

Séduction sous contrat MxMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant