Chapitre 32

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Gabin

Je suis réveillé en sursaut par la sonnette de l'appart. Je me suis endormi dans le lit de Hugo au petit matin, mon téléphone entre les mains, attendant désespérément qu'Hugo veuille bien me répondre. Mais aucune de mes excuses n'aura suffi. Je me précipite sur la porte même si je me doute que ce n'est pas lui. Il a ses propres clés.

Je tombe sur Antoine. Il me salue en se grattant derrière la tête, embarrassé. J'aurai imaginé qu'il aurait été le premier, après Hugo, à me parler n'importe comment, mais son ton est prévenant.

— Je suis venu chercher quelques affaires et son portable. Il en a besoin pour travailler.

Je m'écarte pour le laisser passer.

— Comment il va ?

— Physiquement ou moralement ? demande-t-il, tout en récupérant la pochette d'ordinateur au pied du bureau d'Hugo.

Je me rends compte que sa phrase n'est pas dénouée de sens. Il s'est pour nous deux. Hugo leur a vraiment dit... J'ai merdé en beauté avec lui. Antoine referme l'écran de l'ordinateur sur le clavier avant de le débrancher.

— Les deux...

Il se tourne vers moi pour me répondre et me jauge du regard. Sans doute se demande-t-il si je mérite de savoir.

— Honnêtement ? Je n'en sais rien. Je pense qu'il va vite se remettre de son accident, physiquement en tout cas. Ses blessures sont superficielles. Pour le reste, je ne sais pas quoi te dire. Je ne l'ai jamais vu comme ça. Il est... dévasté.

Ces mots me blessent, mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Je suis le seul responsable de l'état d'Hugo et du mien.

— Je n'ai jamais voulu ça, plaidé-je doucement, comme si je n'avais pas le droit de m'excuser ou même de me plaindre.

— Je sais. Il n'y a qu'à voir ta tête pour savoir que tu n'as pas dormi de la nuit non plus.

J'entends sa sollicitude dans sa voix et ça me touche. Venant de lui, je m'attendais plutôt à m'en prendre plein la gueule.

— S'il y a quelque chose qu'il faut que tu saches sur Hugo, c'est que pour lui dans une relation, ce qui est primordial c'est la confiance.

Un sourire nostalgique se dessine sur son visage.

— Si tu avais vu son bonheur quand il nous a enfin dit qu'il sortait avec toi. Je crois bien que je ne l'avais jamais vu aussi heureux. Il avait hâte de te retrouver hier soir... Tu avais juste à lui dire que tu n'avais pas arrêté. Il aurait compris. Tu ne te rends pas compte de ce que tu as brisé.

— Bien sûr que si je m'en rends compte. Mais de toute façon dans tous les cas, il ne serait pas resté. Je suis pas capable d'arrêter.

— Tu te goures complètement sur lui. Il aurait été là pour toi. Il t'aurait aidé et il ne t'aurait pas jugé pendant tes rechutes. Il était prêt à ça pour toi. Mais ce n'était possible qu'avec sa confiance...

Il se retourne vers l'ordinateur, le prend et le fourre dans la sacoche. Il va dans la chambre et j'entends les portes du placard claquer, me faisant douloureusement sursauter. Quelques minutes plus tard, il réapparaît devant moi.

— Tu veux que je lui laisse un message ?

— Pour lui répéter ce que je lui ai dit dans les cent cinquante messages que je lui ai envoyés auxquels il n'a pas répondu ?

Il met le sac sur son dos et la lanière de la sacoche sur son épaule.

— Si tu veux le récupérer, il va falloir te battre un peu plus que ça. Parce que ce n'est pas avec une attitude défaitiste que tu vas arriver à grand-chose.

Je le regarde en fronçant les sourcils. Je ne pensais pas qu'il serait du genre à me pousser vers Hugo, à m'encourager et même à me laisser un peu d'espoir.

— Ça ne t'a pas dérangé qu'il te dise qu'on était ensemble.

— Pourquoi ça m'aurait dérangé ? Il avait l'air heureux. C'est tout ce que je souhaite à mes amis. Et honnêtement, hormis la partie accident à cause de tes conneries. Je ne trouve pas que ce soit si grave ce que tu as fait. Tout ce que je vois, c'est qu'il n'y en a pas un qui a l'air heureux de la situation. C'est juste un beau gâchis.

Il passe à côté de moi et se retourne avant d'ouvrir.

— Ah oui, et si tu pouvais arrêter de jouer quelque temps, ça pourrait être bien. Ses parents lui ont gelé ses comptes et il a dû vendre sa moto pour payer tes dettes. Il n'a plus aucune liquidité pour le moment.

— Quoi ? m'insurgé-je. Comment c'est possible ? Ils n'ont pas le droit de faire ça.

— L'avantage d'être ami avec le directeur de la banque, répond-il en haussant les épaules.

— Je le rembourserai, jusqu'au dernier centime.

— Crois-moi, ça ne devrait pas être ça ta priorité.

— Qu'est-ce que je peux faire pour qu'il me pardonne.

— Ne le laisse pas te quitter. Ne le laisse pas croire qu'il n'est pas important pour toi. Prouve-lui qu'il peut te faire à nouveau confiance. Bats-toi, jusqu'à ce qu'il comprenne.

Il referme la porte derrière lui avec ses mots teintés d'espoir. Parce que si même Antoine, son ami qui le connaît depuis toujours, pense que j'ai un moyen de me faire pardonner, alors j'ai envie d'y croire aussi.

Séduction sous contrat MxMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant