Chapitre 9

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Gabin

Hugo pose son casque sur le meuble de l'entrée et retire sa veste. Sa journée de travail terminée, il me salue, alors que je suis installé devant mon pc en train de jouer au poker. Je gagne. Je ne me prive pas de fanfaronner auprès de lui.

— Tu devrais peut-être arrêter avant que le vent ne tourne, me dit-il en se plaçant derrière le canapé pour jeter un coup d'œil par-dessus mon épaule quelques secondes, le temps de me gratifier d'un sifflement impressionné avant d'aller dans la partie cuisine.

— C'est mon jour de chance. J'ai été convoqué par mon patron et il m'a proposé un nouveau poste avec un peu plus de responsabilités : gestion de la clientèle, et j'aurai mon propre bureau.

Je quitte la table de jeu, en empochant mes gains, sans prendre la peine de saluer mes adversaires. On n'est pas là pour se faire des copains. Je me tourne vers Hugo qui appuie ses fesses contre le plan de travail, un verre d'eau à la main.

— C'est super ! Mais t'as envie de ça ? Te retrouver derrière un bureau ? Il me semblait que tu aimais bouger et rencontrer toujours de nouvelles personnes, ajoute-t-il d'un air sous-entendu, rieur.

Il a raison. Je n'ai pas sauté de joie à la proposition, mais l'augmentation de salaire vaut bien le sacrifice des quelques rencontres sur mon lieu de travail. D'autant que ce n'est pas un bon terrain de chasse. La plupart du temps, je me retrouve chez des femmes âgées. Par contre, rester enfermé, ce n'est pas mon truc.

— J'ai pas dit que j'allais faire ma carrière là-bas.

Je l'observe alors qu'il déglutit l'eau fraichement tirée. J'ai envie de suivre son trajet de l'extérieur. Descendre de ses lèvres, jusqu'à sa gorge, passant sur sa pomme d'Adam pour glisser sur son torse. J'avance en ancrant mon regard au sien. Il est suspicieux, mais ne fait pas un mouvement. Je m'arrête face à lui et pose mes doigts sur son verre. Il l'abandonne, un sourcil arqué, et je le pose derrière lui, profitant de m'approcher encore.

— Qu'est-ce que tu fais ?

Sa voix n'a pas l'assurance habituelle et un sourire en coin s'étire sur mes lèvres. J'adore jouer à ce jeu avec lui.

— Je tente une approche.

Je vois passer un éclair de défi dans son regard. Il est plus grand que moi, pas de grand-chose, mais suffisamment pour que j'aie besoin d'avancer jusqu'à toucher ses jambes. Il ne se démonte pas, n'esquisse pas le moindre mouvement alors que ses yeux verts sont plantés dans les miens. Je pose mes mains de part et d'autre de lui sur le plan de travail, l'empêchant de s'esquiver même s'il ne fait aucun mouvement dans ce sens. J'inspire son odeur, j'ai envie de le bouffer tout entier, mais je prends mon temps, pour ne pas l'effrayer. Son torse se gonfle sous la tension qu'il contient. Je fais durer le moment. Son souffle se perd sur mes lèvres. Je me penche un peu plus vers lui, alors que mon cœur sauta dans ma poitrine. Son regard tombe sur mes lèvres. Je les effleure presque, puis il tourne la tête juste au dernier moment. Je ne me démonte pas et j'embrasse sa mâchoire, couverte d'une barbe de trois jours. Son simple geste m'arrache un sourire. Je parsème d'autres baisers en descendant dans son cou. Sa respiration est difficile. Je glisse ma langue sur sa peau salée, mes papilles explosent. Je ferme les yeux, savoure son goût. Je me maitrise pour ne pas le brusquer puisqu'il ne me repousse pas. Sa main se pose finalement contre mon torse, d'abord légère, puis imposant un barrage entre nous, jusqu'à me pousser pour rompre le contact. Il n'y met aucune fermeté, mais je le laisse faire. Je recule d'un pas. Il a les yeux fermés, il les rouvre en fixant un point sur mon haut. J'aimerais croire qu'il me détaille, mais je sais qu'il cherche à éviter mon regard.

— Mets-y un peu plus de conviction la prochaine fois, déclarai-je alors qu'il laisse retomber son bras contre lui.

Il se décale pour m'échapper complètement. J'attends sa répartie cinglante, mais elle ne vient pas. Il s'éloigne simplement, perdu. Je ne l'accule pas. Je préfère lui laisser le temps de comprendre ce qu'il vient de se passer. Il m'a cédé du terrain. Il m'a laissé voir qu'il hésitait.

Séduction sous contrat MxMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant