Chapitre 4

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Gabin

J'attrape un nouveau paquet de toasts dans le placard et l'éventre sur la table pour qu'Hugo puisse continuer à les tartiner de ses œufs de poissons. C'est bien un truc de bourge ça. S'il n'y avait que moi, j'aurais versé trois sachets de gâteaux apéro dans des bols, et ça aurait été prêt. Mais non, pour recevoir ses amis qui viennent pour la première fois à l'appart — et accessoirement rencontrer les miens — Hugo veut préparer un peu le truc. Il s'est foutu de moi quand je lui ai dit qu'il mettait les petits plats dans les grands et m'a suggéré d'aller diner un jour chez ses parents. Il m'a dépeint une table dressée avec trois assiettes, quinze fourchettes différentes et autant de couteaux, sans trop exagérer m'a-t-il assuré. Je suis certain que même ses parents ne savent pas à quoi servent tous ces couverts. Lui a lâché l'affaire il y a longtemps.

J'envisage de lui faire des manchons de poulets, juste pour voir comment il se débrouille sans couvert, et peut être aussi pour l'admirer lécher ses doigts...

— Quand tu auras fini de rêvasser, tu pourras me trouver un autre plat.

J'ouvre un placard prêt à répondre à ses moindres désirs.

— Redis-moi pourquoi on fait tout ça.

— C'est juste des toasts, pas du caviar.

— Des toasts et des petits fours...

Je lui désigne les hors-d'œuvre qui sont en train de chauffer, avant de lui sortir un plat à pizza qui fera l'affaire pour étaler les pains ronds. Il n'y a plus un seul espace de libre sur le plan de travail. Je passe derrière Hugo et me penche contre lui pour faire de la place devant lui, le frôlant à outrance.

Depuis qu'il est là, je m'enivre de son odeur, surtout quand il sort de la douche. Plusieurs fois, je me suis surpris à me caresser en sentant l'effluve de son gel douche flotter dans la salle de bain. Et là, c'est une réelle extase de sentir cette odeur directement mêlée à celle de sa peau. Il me regarde en haussant un sourcil et je souris en coin en prenant mon temps.

— Y a des règles entre colocataires dont la première est : chacun son espace personnel, et là, tu envahis le mien, déclare-t-il, avec un léger sourire aux lèvres, sans que je ne me pousse pas pour autant.

— La prochaine fois, tu y réfléchiras à deux fois avant de m'utiliser comme exclave pour servir tes copains.

Il se racle la gorge, en se rendant compte que je n'ai pas l'intention de bouger. Il recule d'un pas et je perds sa chaleur. Il dispose les derniers toasts dans le plat, avant d'aller le poser sur la table du salon, s'éloignant définitivement de moi. Je le mâte pendant qu'il s'affaire.

Ça fait trois semaines qu'on vit sous le même toit et je ne rate pas une occasion pour le reluquer. Je le soupçonne de s'en être rendu compte, vu ses nombreux sourires gênés qu'il n'arrive pas à réprimer. Certaines fois, il accroche mon regard et hausse un sourcil, l'air de me demander ce que je cherche. Je sais que je ne suis pas discret et il ne semble pas choqué, mais je me dis qu'il est encore trop tôt pour que je lui saute dessus. J'ai besoin d'un vrai signe avant de foutre en l'air notre colocation.

Il va ouvrir la porte quand la sonnette retentit. Il semble nerveux. Je sais bien que nos univers sont à l'opposé, mais de notre côté on est très accueillant. Peut-être un peu trop, c'est sûrement ça qui l'effraie.

Il donne une poignée de main à Antoine et embrasse une fille, Sandra, la copine de son pote. Il m'a briffé un peu sur ses amis à venir. Antoine, avec sa copine, Gildas, le frère de celle-ci et Nathan son pote d'internat avec qui il a fait ses études et qui est embauché dans la même boite que lui.

Séduction sous contrat MxMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant