Chapitre 35

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Gabin

Je remonte les marches de la station de métro, en pressant le pas, pour retrouver l'appartement. On ne sait jamais qu'Hugo soit rentré. Malgré la situation, je continue d'espérer. Alors, depuis une semaine, je rentre sans faire de détour, juste au cas où. Je ne cherche plus de prétexte pour aller jouer. Je n'en ai plus besoin. Mais je continue de jouer, sur mon ordinateur, parce que j'ose à peine sortir de peur de le manquer s'il revenait. Jouer me permet de penser à autre chose, d'arrêter de me morfondre sur ma connerie. Je sais que je ne devrais pas, mais je fais en sorte de ne pas jouer de grosses sommes.

Tout en avançant dans la rue sous un soleil de plomb, je vérifie pour la cent cinquantième fois aujourd'hui que Hugo n'a pas répondu à mon dernier message, mais depuis une semaine, c'est silence radio. Je me sens comme une merde depuis qu'il m'a surpris à l'appart avec Ethan. J'ai tout foiré, encore une fois. Je ne me pardonnerai pas moi-même. Je ne suis qu'un connard. J'ai laissé Ethan m'embrasser, me toucher, me déshabiller et même me branler. Je l'ai arrêté en plein milieu, mais c'était trop tard. Je suis allé trop loin. Je le sais. Je n'ai aucune excuse. Je me sentais mal, il s'est trouvé là et j'ai été faible. Je me suis laissé entraîner en me disant que de toute façon, Hugo ne voulait pas de moi, puis le doute s'est installé, et s'il revenait. Et j'ai pris conscience que je ne voulais pas d'Ethan, que Hugo ne me pardonnerait jamais si je couchais avec lui, mais c'était déjà trop tard.

Je pousse la porte de l'appart après avoir rangé mon portable dans la poche arrière de mon jean et pose les clés dans la coupelle de l'entrée. Celle qu'Ethan avait achetée pour servir à cet effet quand il avait emménagé, pour ne pas abîmer le meuble qui avait déjà quelques marques. Qu'est-ce qu'elle fout encore là ? Pourquoi il n'est pas parti avec et pourquoi je ne l'ai pas tout simplement virée comme j'aurais dû le faire avec lui. Notre relation est juste malsaine. Je vide le contenu de la coupelle sur le meuble et vais directement dans la cuisine pour la mettre dans la poubelle. Une bonne chose de faire. Il est tant que je me débarrasse de tout ce qui a trait à cette relation.

Je retourne accrocher ma veste à la patère de l'entrée. Quelque chose a changé. Je regarde autour de moi. La pièce de vie semble dépouillée, pourtant tout est là. Je mets quelque temps avant de me rendre compte de ce qu'il s'est passé : Hugo est parti. Le livre qu'il était en train de lire il y a encore quinze jours n'est plus sur la table basse. Son pot à crayon sur son bureau a disparu. Sa paire de baskets n'est plus impeccablement rangée à côté du meuble d'entrée. Son écharpe qui était accrochée dans l'entrée depuis le début du printemps dernier a disparu. Autant de petits détails qui sont comme des aiguilles qui viennent se planter directement dans mon cœur à chaque constatation. Je manque d'air. Je pousse la porte de sa chambre. Le lit est délesté de ses draps, la porte du placard est ouverte, laissant entrevoir les étagères vides. Il a tout emporté. C'est fini. Je tente de trouver de l'air, mais mon souffle se bloque dans ma gorge.

Je m'allonge sur le lit, dépouillé de draps. J'attrape l'oreiller et le serre contre mon visage. Il est dépourvu de son odeur. Je n'ai même plus ça. Il est parti avec tout, ses affaires, notre relation et mon cœur. Je presse plus fort l'oreiller contre mon visage, étouffe un cri de désespoir et espère m'étouffer en même temps pour oublier. Je voudrais arrêter de ressentir que tout s'arrête. Et je laisse mon âme se déverser dans ce lit qui a abrité nos ébats et nos moments de tendresse, notre amour qui vient de claquer la porte me laissant dénué de tout. Je suis seul et pour la première fois, je comprends ce que ce mot signifie.

Je reste un moment en boule dans ce lit vide. Le soleil contraste avec mon état d'esprit. Et je me mets à rager contre le temps qui n'a même pas la décence de m'offrir un peu de pluie pour accompagner mes larmes.

Séduction sous contrat MxMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant