Chapitre 31

66 6 0
                                    

Hugo

Je regarde les lampadaires défiler. Antoine attend des explications. Il est inquiet et ne sait toujours pas ce qu'il s'est passé entre le moment où je l'ai laissé, plus que ravi de notre journée et du tournant de ma relation avec Gabin et maintenant, où je reste muet, réfrénant cette boule coincée dans ma gorge qui menace à tout moment d'exploser.

J'étire les secondes depuis qu'il a posé sa question. Je ne sais pas par quoi commencer. Voyant que je ne réponds pas, il m'oriente.

— T'as perdu le contrôle de ta moto ?

— On m'y a aidé, je crache sans détourner le regard de la vitre.

Je sens son regard sur moi.

— Comment ça ? Tu t'es fait rentrer dedans ? Par une voiture ? Il est où l'autre ?

— Il n'a rien. Il s'est cassé.

— Sérieusement ? T'as appelé la police ?

Je secoue la tête.

— Pourquoi ? demande-t-il, choqué.

— Ça ne servirait à rien. À part m'attirer plus d'emmerdes, réponds-je, laconiquement.

Je sens qu'Antoine perd patience, mais il se contient en tapant nerveusement ses doigts sur le volant.

— Bon maintenant va falloir arrêter d'être énigmatique et tout me raconter, sinon je t'emmène direct au commissariat, sans te demander ton avis.

— Comment ? Tu vas me traîner par la peau du cou.

— Je plaisante pas Hugo ! Tu peux pas me demander de venir te chercher en me disant juste que t'as eu un accident et que t'as besoin de te faire dorloter. Écoute, je m'inquiète pour toi, y a à peine deux heures t'étais gaie comme un pinson à l'idée de retrouver ton mec et là je te retrouve amoché et au bord de la rupture avec Gabin.

L'entendre parler de rupture me donne envie de m'arracher le cœur. Je glisse profondément dans cette douleur, sans réellement comprendre ce qu'il s'est passé et pourtant cette certitude me vrille le cerveau : Gabin et moi, c'est terminé. Je laisse échapper un sanglot étouffé devant cette réalité. Je savais que j'allais morfler, mais je ne pensais pas autant.

Antoine finit par se garer sur le bord de la route, en voyant mon état alors que je reste muet. Il se tourne vers moi et pose une main réconfortante sur mon épaule et je peine à me retenir. Là, tout de suite, j'ai juste envie de me foutre en boule dans mon lit et de pleurer jusqu'à me vider de toute cette douleur. Mais je me retiens. Je serre les dents.

— Qu'est-ce qui se passe Hugo ? Tu peux tout me dire, tu le sais, non ? Pas de jugement, juste un ami sur qui tu peux compter.

Je lève les yeux et essuie rageusement une larme qui s'est faufilée malgré moi. Je prends une grande inspiration et je lui raconte tout, dans les grandes lignes, quelques petites aussi. L'addiction au jeu de Gabin, l'aide que je lui ai offerte et mon idée stupide de me porter garant. Je lui explique que j'ai cru pouvoir lui faire confiance, que je savais qu'il rechuterait, mais que je pensais qu'il se confierait, qu'il me demanderait de l'aide, mais au lieu de ça, il m'a menti. Il s'est inventé une autre vie qu'il m'a débitée avec aisance. Et je fais le lien avec mon accident. Ce gars qui est venu m'intimider à mon tour en se foutant royalement que je sorte vivant de cet accident.

— Il faut aller voir les flics. T'es certain que c'était ce gars-là ? Tu ne peux pas les laisser continuer.

Au moins, en lui déballant tout, ma colère a refait surface. Je n'ai plus envie de m'effondrer, mais de frapper. Je n'ai jamais été un impulsif et je ne me reconnais pas dans cette envie de détruire quelque chose ou quelqu'un.

Séduction sous contrat MxMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant