Chapitre 2

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Gabin

Ethan était parti au lever du jour, me laissant une impression de gâchis. Ni l'un ni l'autre n'était prêt à faire des concessions. Il était temps de s'oublier, de passer à autre chose même si ce n'était facile pour aucun des deux. Surtout que nous fréquentons le même bar de nuit. J'étais certain de le voir régulièrement.

Malgré son départ, j'ai l'impression qu'il est toujours là. J'ai tenté de me débarrasser de son odeur sous le jet d'eau brulant de la douche, mais elle continue de m'entourer. Deux ans de vie commune ne s'effacent pas si facilement, les lieux sont imprégnés de sa présence, de nos souvenirs. Je végète dans l'appartement, l'âme en peine. Je me perds dans le jeu sur mon portable, mais au moins je ne vois pas le temps passer. J'aligne les défaites à coups de bluff, jusqu'à ce qu'on frappe à la porte. Un coup d'œil à ma montre me confirme que c'est mon nouveau coloc, qui est à l'heure, cette fois-ci. Je me lève d'un bon dans un regain d'énergie et ouvre la porte.

— Salut coloc ! lance-t-il avec un large sourire qui me ferait presque oublier pourquoi je me morfondais.

Je le laisse entrer en détaillant son style chic qui dénote avec celui de la veille. Un pantalon chino qui met en valeur ses cuisses et une chemise près du corps me font littéralement baver d'envie, pas pour les fringues, mais pour celui qui les porte. Il dépose son premier carton dans l'entrée avant de me désigner celui qui l'accompagne.

— Je te présente Antoine, le responsable de mon retard d'hier.

— À toi d'apprendre à gérer ton temps, rétorque celui-ci en posant un carton sur le précédent.

Le dénommé Antoine se tourne vers moi et hausse un sourcil dubitatif en avisant mon jogging et mon t-shirt, un peu passé. Je l'ai déjà dans le collimateur. On est dimanche, j'ai bien le droit de chiller chez moi.

Je serre la main qu'il me tend, sans un mot. Il s'arrête ensuite devant la photo des deux hommes qui s'embrassent. C'est vrai que c'est la seule chose accrochée, sur les murs blancs de l'appart, du coup elle attire le regard. Il se tourne vers Hugo d'un air désabusé. Et à cet instant, je me demande si je n'ai pas fait une connerie en acceptant si vite cette colocation. Parce que clairement les amis que nous fréquentons en disent long sur notre personnalité. Hugo suit son regard.

— Sympa, hein ?

Il n'y a aucun sarcasme dans sa voix, au grand dam de son copain.

— Tu sais que tu peux venir chez nous, le temps que tu trouves un appart qui te convient.

— J'ai déjà trouvé !

— T'as pris le premier que t'as visité.

— Et il est parfait. Bien situé, lumineux, dans le centre, pas trop loin de mon travail et cerise sur le gâteau, il est vendu avec un coloc qui a l'air tout aussi accueillant.

Je m'abstiens sur la façon dont j'aimerais l'accueillir, plus en profondeur. Ce n'est pas le moment.

Antoine serre les dents. J'en rajoute une couche parce que je ne suis pas du genre à me démonter.

— Accueillant et gay, jusqu'à la moelle, si tu avais un doute.

Je lui lance mon plus beau sourire, qui reste factice, alors que Hugo ajoute :

— Je te promets de ne pas me pencher devant lui et lui, si ça arrive, promet de ne pas tomber sur moi par inadvertance.

Hugo me regarde avec un air malicieux qui m'arrache un vrai sourire malgré la situation. Je lève les mains en signe de réprobation, joueur.

— Houla, moi je promets rien, un accident est si vite arrivé.

Il pouffe, mais son ami ne se déride pas.

Séduction sous contrat MxMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant